Corrado Ricci, L’Art des enfants, traduit par Ninna Sparta et Giovanni Lista (auteur de la préface), Editions Ligeia, Paris, 2016, 124 pages, 14 €, ISBN : 978-2-9542822-2-0.
Publié en 1886, le livre de Ricci connut un succès international. Il eut une grande importance historique pour une approche de l’art dégagée de la culture, de l’histoire de l’art et des modèles hérités de la Renaissance. Les avant-gardes allaient s’en emparer afin de faire le ménage et retrouver des images plus primitives et sourdes.
Ricci demeure en France peu cité. A cela une raison majeure : il est intégré au futurisme. En France, le mouvement fut plus ou moins occulté des paysages littéraires et artistiques au profit du Surréalisme qui fut pourtant son débiteur. L’avant-garde française doit beaucoup à sa grande sœur italienne, mais cet héritage demeura caché pour des raisons plus politiques qu’esthétiques.
L’auteur souligne l’importance du dessin dans le développement des enfants et revendique cet art comme entier puisque dégagé de toute pression normative. Une vérité en jaillit et cet art, plus que les arts primitifs, reste celui que l’on peut définir comme premier.
Les innovations futuristes allaient s’en nourrir comme le firent les avant-gardes allemandes : dès 1911 à Munich, le groupe « Der Blaue Reiter » de Kandinsky expose des dessins d’enfants à côté de ceux de Picasso. Et pour Marinetti, ces dessins mettent à mal « la lenteur ; le souvenir, l’analyse, le repos et l’habitude ». L’énergie humaine y jaillit sans barrages et loin des pistes embrouillées. En émergent d’autres surgies de l’inconscient. Toutes les avant-gardes comprirent donc l’importance, l’originalité et la liberté créatrice mises en exergue par Ricci. A sa manière il fut sans le vouloir un provocateur qui alluma des fumigations et de nécessaires feux de Bengale.
Oui dessin majeur du mineur pour devenir adulte bonheur . JPGP sait reconnaître ce développement et le situer autant sur le plan humain que dans le paysage culturel .