Jean-François Bory, Abracadada, La Fête de la Lettre, 1997 ; rééd. mai 2016, Librarie L’Iris Noir (4, rue Trousseau 75011 Paris ; 01 47 00 41 34), 40 pages, 9 €. [On peut commander auprès de la Librairie : <Librairieirisnoir@free.fr>]
Vingtième siècle. De magie matinale la vie tire de sa hotte un, deux, dix et j’en passe mouvements d’avant-garde plutôt littéraires que picturaux que philosophiques (le dernier sage fou bientôt tiré de son apocryphe purgatoire nazi) que dodécaphonistes. En écho d’ego de la tradition française de la table rase vaillante du cogito ergo sum sum sum. 2016, anniversaire de DADA, ce juvénile centenaire. À cette occasion, la librairie parisienne L’Iris Noir reconduit opportunément la joyeuse hécatombe de lettres de grâce, par deux fois épuisée, perpétrée par Jean-François Bory, rhapsode et dynamiteur, dynamiseur lettriste. D’isthme en isthme d’un continent perdu, la poésie, émergent quelques plaques tectoniques connues – sinon, omission sourde capitale, le caporalisme usurpateur du grand lecteur, poète moyen, qui a phagocyté le dadaïsme. Paru initialement en 1997 pour le centenaire du Coup de dés, ce feu d’artifice au long cours prend un singulier relief par nos temps moroses. Les « ovationneurs du futur », « bellicistes innocents » tels que Marinetti sombrés désuets dans un âge ingrat du passé à présent que « MASSE MASSE MASSE […] » s’est compacté en un irrespirable bloc rectangulaire. « Sincérité + charlatanisme » ont fait long feu numérique. « Séropositivisme » sévit. Lunaire qui comme Gagarine regarde encore « la planète / comme si / de l’univers surgissait le quai du / monde ». De la vanité des inanismes émergent (comme toujours chez Bory) des bribes de joliesse juste, « charpies de nuages ».