le flux des mots – adresse : 26, rue de Belleville – 75020 Paris – 01 47 97 87 04 – leflux.desmots@orange.fr
[site de la revue]
n°1 : Bertrand Limbour – n°2 : Jérôme Mauche – n°3 : Sophie Coiffier. ISSN : 1952-8280. 5 euros le numéro.
Les revues qui pensent leur format se faisant rare, il faut donc parler de la petite revue le flux des mots, « petit objet mais une grande page », dirigée par Bertrand Limbour.
Au recto de cette grande feuille de 63 cm sur 41 pliée à la verticale, à la trés belle impression offset sur papier bouffant velours, le travail d’un auteur invité, et au recto, de courts textes d’autres auteurs. Cette revue-affiche est une revue de poésie contemporaine, qui défend « l’alphabet », la langue, donc pas d’image, même si le travail poétique des auteurs publiés est plutôt trés visuel.
Le n°2 est consacré à Jérôme Mauche, son « Tortue Magazine » est un texte recouvert de ratures et gribouillis qui en gênent la visibilité et en coupent la lisibilité, texte raturé, biffé, plié par les plis du pliage, qui se cache et se découvre dans les entrelacs de lignes, pour interroger justement l’entremêlement des trajectoires individuelles et leur visibilité. Le texte est en effet une froide succession de petits trajets d’individus pris dans leurs occupations sociales, familiales, profesionnelles : « Au termes de ses heures l’employe quitte l’établissement, il explique a la fille qui le remplace les premiers manipulations a effectuer avant de prendre son poste et si possible avec un maximum de précautions, il arrive devant sa voiture dont la portiere arriere a ete fracturee, sur le parebrise un mot anonyme lui declare qu’on t’aime et un numero de telephone qui lui dit non, le soir son epouse lui propose d’aller chez des amis […] ». Ces petites histoires sont de fragments prélévés dans un plus grand ensemble selon la logique du copier/coller, et retranscrite tel quel, brut, avec un clavier américain d’où l’absence d’accent, explique Bertrand Limbour dans une petite pré- ou post-face au texte : « Et pourquoi ne pas regarde Tortue Magazine comme la représentation d’une violente mutation des usages de la langue et du langage générés parla multitudes des moyens de communication ? »Le n°3, offre sa page à Sophie Coiffier, plasticienne et écrivain, pour Plates-bandes, un poème visuel et presque sonore dans sa dimension onomatopéïque. « Plates-bandes c’est la coexistence de plusieurs univers dans un seul espace, la coexistence de plusieurs types de langage, de codes autour de nous, le paradoxe d’une certaine tendance à l’unifomisation des désirs à l’intérieur d’une société qui semble pouvoir réaliser Babal dans le même temps ». En ouvrant la page, des pronoms personnels nous sautent aux yeux, surgissent presque de façon orale, et semble parler à travers la graphie dynamique et mouvante du texte, pour raconter des fragments d’histoires. « Sophie Coiffier intéressée par le travail des acteurs nous invite à regarder ces pronoms personnels comme des coquilles vides, tels des acteurs qui se se doivent d’embrasser es personnages romanesques, leur donnant vie en les jouant ». Mulplicité des voix pour un petit théâtre poétique et une danse lettriste au recto, mais on trouve aussi au verso cette dimension ludique de l’éclatement de la langue avec les textes de Estelle Bénazet, Frédéric Blanc-Règne, Yves Bressandre, Maulice Calême, Claude Chuzel, Bertrand Limbour, Saïd Nourine et Ferdinand Tache.
Nous attendons donc avec impatience le n°4 de cette revue joyeuse et légère, qui sera consacré à Frédéric Dumond.