[Chronique] Maurice Lemaître, Fin de tournage, par Guillaume Basquin

[Chronique] Maurice Lemaître, Fin de tournage, par Guillaume Basquin

novembre 27, 2017
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[Chronique] Maurice Lemaître, Fin de tournage, par Guillaume Basquin

Guillaume Lemaître, Fin de tournage, éditions Paris expérimental, été 2017, 104 pages/191 illustrations, 35 €, ISBN : 978-2-912539-51-9.

Voici un livre conceptuel. Mais un livre conceptuel qui serait aussi un délice pour l’œil. Souvent, les livres conceptuels manquent de sensualité pour la rétine ; rien de tel, ici. Mais regardez :

Mais pourquoi ce titre, Fin de tournage ? Entre 1985 et 1990, date à laquelle l’artiste termine ce film « suggéré », ou « inachevé », Maurice Lemaître non seulement envisage la fin du cinéma (déjà !), mais en plus considère la fin de sa propre œuvre cinématographique : « J’étais très déprimé… pas très bien… Et je pensais que ce serait mon dernier film. » Cet essai de film, initialement présenté sous le titre de Vies de M. B. (à partir de son vrai nom, Maurice Bismuth) et composé de diapositives principalement tirées de films de la Nouvelle Vague filmées au banc-titre, ne satisfait pas le ciné-artiste ; il décide alors de le reprendre totalement, en intervenant sur les diapositives sous différentes formes : « retouches, maculages, interventions graphiques et plastiques » ; puis il y ajoute, comme bande-son, un entretien humoristique (« — Est-ce que le son aura un rapport avec le film lui-même ? — Voyons Hélène… Vous me voyez faire un son synchronique ? ») et grave (« une invitation à une œuvre ouverte, qui serait alors cette véritable cathédrale de vision en liberté que je rêve encore de faire ») à la fois avec Hélène Richol. L’ambition du cinéaste est de faire une Œuvre Totale, pas à la manière un peu grandiloquente de Wagner, mais « dans laquelle toutes les dimensions pourraient s’exalter indépendamment les unes des autres », y compris ­— pari réussi! — dans ce  livre que vous tiendrez bientôt entre vos mains. Livre qui reprend de façon imprimé ses différents éléments (sa bande-son, et sa bande-image), mais disposés autrement : en variant la taille et la disposition des photogrammes sur le livre apparaît la possibilité de multiplier les images hypergraphiques. Expanded Cinema ! (Le cinéma sort de la salle.) « C’est l’œuvre en marche. » Lemaître précise : « Je suis engagé dans une œuvre écrite, imprimée, dessinée, peinte parfois, dans la poly-notation. » Comme ici :

 

Ou là :

 

Le rêve de Lemaître ? Inviter la salle et les spectateurs à participer au son du film. Que tout le monde participe ! « Soit sur la bande si l’on rajoute des bandes, soit dans la salle lors de la projection, ou même à part la projection du film… » « Tout le monde fait partie de Vies de M. B., le monde entier [en] fait partie. » Il ne vous reste plus, mon lecteur, qu’à surveiller la prochaine projection de Fin de tournage, maintenant que celle au Studio des Ursulines (haut lieu historique des expérimentations cinéphiliques extrêmes !), le mardi 21 novembre à 20h30, dans le cadre d’une « Scratch Projection », est déjà passée.

 

 

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rédaction

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