Philippe Boutibonnes, Ce qui…, Editions de l’Ollave, Rustrel, 2016, 106 p., 16 €, ISBN : 979-10-94279-04-5. [Commander] /bandeau : © Mathias Pérez/
Fidèle à son écriture tout en reprises, chevauchements, redites – comme si chaque formule était insatisfaisante par elle-même – Philippe Boutibonnes poursuit le sujet le plus paradoxal : le sens lorsqu’il devient objet d’une perte qui ne cesse de remettre en suspens la pensée. Sans l’atteindre pour une part mais allant au delà pour une autre. Preuve que le logos n’est jamais univoque.
Selon de multiples angles, l’auteur ménage une suite de courants au sein de la perte et les éclats du langage qui – dans son vouloir dire – ne cesse de rater sa cible. Mais ce ratage permet au discours de se poursuivre en explorant le monde et ses mouvements convulsifs que le texte épouse.
Sa "tombe noire" offre un seuil : mais les mots ne font pas ce qu’ils espèrent. Et Boutibonnes rappelle que la seule manière de toucher à l’extase du sens est non de s’enfermer dans la clôture du discours mais en ces errances programmées.
D’où ce jeu où les presque riens font finalement un tout dans la quadrature d’un cercle du texte : il fait signe mais il échappe toujours à la prise. L’aspect de chaque approximation devient le corpus lui-même. Il n’y a donc pas lieu d’opposer la forme à la matière, le contenant du contenu. Elles ne s’annulent pas plus.
Elles sont même l’essence d’un mouvement. Le texte semble se volatiliser, partir en poussière or et paradoxalement il tient. Le flux rompt la ruine possible. Ce qui… est tel qu’il apparaît, il est ce qu’il laisse paraître. Cela tient d’un prodige qui semble sans épaisseur mais reste en toute profondeur.