[Chronique] Sébastien Ecorce, Couleur (3/4)

[Chronique] Sébastien Ecorce, Couleur (3/4)

avril 17, 2012
in Category: chroniques, UNE
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On appréciera la troisième partie extraite d’un essai original à paraître sur la couleur. [Lire la deuxième]

Couleur – cette entité menaçante – imparfaitement localisée puisque continûment : transformation – œil du cyclone – précurseur sombre où peuvent s’engouffrer toutes les énergies –

Couleur comme l’éclair pourrait être un simple passage de la nature –

Couleur est à l’image de la masse du Glacier, avec des rythmes de fontes, d’écoulements, de dérives, de ruptures, de densités, d’intensités, d’étalements : en dessous, la fixation, la structure mobile et le flux ; et peut-être, la variation d’une vie plus lente – la réallocation du mélange –

Couleur : de savoir si un tel éclair peut durer –

Couleur se comporte parfois à la manière d’un effet libéré de ces causes – Le mélange se transforme, comme un décrochage (ou dé-phasage) à faire événement –

Couleur est cet ordre auto-immune qui s’arme pour le détruire –

Couleur s’appuie autant sur les signes que sur la mémoire. Ainsi, ce sera la mémoire qui est mise en signe  et le signe qui met en mémoire, par autant de points d’articulations et d’actualisations.

Couleur est cette meute qui produit du dérèglement dans la machine énonciative, la division des espaces, la datation de mémoires – la co-extension des surfaces –

Couleur est cette idée qui résiste et fait arriver – excroissance qui trame – tisse – membre – démembre : et fait aviver –

Couleur ne se situe pas au plan de l’Image morale de la pensée.  Mais dans son activité même, ou sa singularité la rapproche de l’Image de la pensée –

Couleur exporte presque indûment vers le réel l’impossible formule qui vise à le ramener à une formule –

Couleur est cet embranchement incalculable que l’histoire du vivant traverse par mutation –

Couleur peut se réaliser vers le bas – désédentarise l’onde stationnaire – qu’elle creuse par des gouffres, des aspirations, segments et déplacements –

Couleur – cet étrange rythme d’une machine à respirer – souffle remanié dans l’espace inaudible de l’oreille coupée –

Couleur est-ce rythme d’une surface sans profondeur, la fréquence d’une série qui a perdu sa cohérence –

La transparence permet l’interférence des intensités, le croisement, une accroche,  forme de tapis végétal, qui déborde et circonscrit, où chaque point vaut comme de petits spectres qui balaient la surface nouvelle comme l’infinité de lignes superficielles –

Couleur est cette modulation des points de singularités – ce raccord qu’elle tente sur les rideaux de la transparence –

Couleur est déplacement dans l’espace de libération des surfaces,  amplification explosive d’un monde inorganisé, matière, texture, extension folle ou forme d’inattention devenue cérébrale-

Couleur est-ce ciel noir que tu traînes, ce potentiel électrique – cette courbe de contusion qui ne se détache que de l’irradiation – cette confusion mêlée qui ne peut correspondre à cette sensation première –

Couleur est cette altération de sensations – qui ne se limite pas aux principes de la cumulation, ou de la chaîne logique de l’opérateur – Ce croisement, entrelacement ou enchevêtrement  – Elle ne se laisse ni additionner, ni soustraire, ni multiplier, mais saute d’univers en univers sans reconnaître dans ces derniers de bords communs –

[© Loutre B, Un cheval]

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rédaction

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