Libr-critique ne peut que saluer une entreprise qui, créée en octobre dernier, commence à prendre forme.
La Revue Internationale des Livres et des idées est née du même constat que Libr-critique : dans les domaines artistiques et intellectuels, le désinvestissement des médias – y compris spécialisés – et la quasi-inexistence de lieux véritablement libres et critiques. Autre point commun, la défense d’une critique autonome et rigoureuse qui, se gardant de la publicité comme de l’impulsivité, se fonde sur la notion de valeur, avec pour objectif dans l’évaluation d’une oeuvre celui de "jauger l’importance de sa contribution au champ" dont elle fait partie.
Lancée par les Éditions Amsterdam, avec Jérôme Vidal et Yann Laporte pour directeurs de publication, cette revue transnationale et transdisciplinaire fait "le pari de la curiosité et de l’intelligence critique", s’ouvrant à "la recherche, aux essais les plus innovants, à la littérature de création, aux travaux les plus "critiques" – qui viennent troubler les savoirs établis et mettre en question les imaginaires sociaux et politiques". Engagée, elle entend en outre "cerner le cadre épistémologique, la signification politique et les effets idéologiques possibles de l’ouvrage considéré" ; d’où ce genre de question : "Vient-il mettre en question la monopolisation des lieux de production des savoirs légitime ?"
Voulant "favoriser la démocratisation et la circulation des savoirs", ce bimestriel d’une soixantaine de pages denses (27,5 x 37,5 cm) – distribué en kiosque au prix de 5 € – se double d’une extension numérique : http://revuedeslivres.net et http://revuedeslivres.blogspot.com.
Indépendamment des textes programmatiques disponibles sur son site ("Vive la pensée vive !" et "Qu’est-ce qu’une recension ?"), que propose effectivement la RILI ? Sans prétendre à l’exhaustivité ni à un haut degré de spécificité – puisqu’elle s’adresse à un public, non pas vraiment large mais élargi -, mêlant actuel et inactuel, la RILI présente d’intéressantes réflexions critiques au fil de dossiers (par exemple, "Penser à gauche", dans le n° 3), d’articles, d’entretiens et de recensions : du dernier numéro (n° 4, mars-avril 2008), on retiendra ainsi Michael Hardt, "Le Capitalisme du désastre" ; Giorgio Agamben, "Le Gouvernement de l’insécurité" ; François Cusset, "La Gauche et Mai 68 : 10 + 20 + 10 ans après"… Par ailleurs, elle a le mérite de s’ouvrir à des écrivains qui comptent aujourd’hui : Franck Leibovici et Charles Pennequin pour le n° 3, Anne-James Chaton et Laurence Denimal pour le n° 4.
entier accord, revue remarquable, projet salutaire, merci