On appréciera cet agencement répétitif de Corinne Lovera Vitali (audio + texte), dont nous avions déjà publié un Objet Poétique en Français Fautif (OPFF) – et dont on pourra découvrir le site.
je suis souple j’ai attendu longtemps avant d’entendre ce que le corps de moi savait avant de naître même j’ai entendu le corps me dire aujourd’hui seule seulement je suis souple
c’est étendu je suis souple c’est une difficulté très étendue j’ai la souplesse trop étendue n’autorise pas détente la nuit n’autorise pas d’éteindre la nuit n’autorise pas l’étreinte simple permet le pliage le ploiement le plantage le plombement après l’arc-boutement accorde le désert la steppe et le dépeuplement la perte de vue de trop de vue
et porte les coups les donne te fait le coup le contre-coup du lapin te donne rigidité de lapin mort de frayeur provoquée pauvre lapin parqué freiné choqué rigidifié en hoquets seule réplique épuisée met court à la trop souple souplesse étirant ligaments pour atteindre beauté qui ne s’atteint jamais
renoncer à atteindre beauté qui ne s’atteint jamais est folie lapin je continue lièvre je suis souple en continu je continuerai j’étire les cordes des ligaments je hisse je pousse je tire je tracte je tords je continue de tordre le cou mordre la poussière corde de fer je continue de tordre au sang le torchon de cerveau inessorable éternité
je ne me torche pas avec mon torchon c’est mon unique torchon je ne suis pas devenue folle j’ai fait je ne peux faire qu’avec mon torchon propre c’est moi lapin que je torche de vivre avec ce vieux torchon de sang tenu immaculé
je veux torcher les têtes raides je veux torcher les culs serrés du balai qu’enfants malchanceux ils ont pris dans le cul et dans la bouche d’un seul geste qui leur a d’un seul spasme définitivement obturés les deux pôles les a colonisés les a bouchés enculés colonnés de bambou à l’éternité
a tenu droits leurs possibles coulements leur désirable affaissement leur souhaitable ratatinement a tenu lieu de colonne bionique a fait ordre a fait autorité a tout enfilé du bois de bienséance au lieu d’aisance
je veux ôter le tronc de la bouche au cul de beauté la désenculer de la bouche du bois entravant sa descente occupant sa remontée le lieu parfait de sa circulation je veux cette expulsion je suis souple étendue et pliée devant l’impassible raideur qui obture beauté tient closes ses portes tient hors de vue ta muqueuse ton tube ton organe beauté éteint ton souffle tient position armée de l’axe anal cervical par l’imputrescible bambou d’un manche à balayer tout le temps si court que dure la vie cette raideur mesure de mes jours souple étendue hase empêchée à jamais de beauté