À l’occasion de la sortie de Mutantisme : patch 1.2, voici une nouvelle "prenssée", extraite d’une série inédite de syntextes qui interroge nos représentations dans de singuliers télescopages de flux mentaux. ["prenssée #c"]
– Je suis OK pour tripler ma vitesse de lecture.
ENTRACTE
reprise du film dans
00:03
On est forcé d’agir à l’intérieur d’une personne. | La tête est libre de droits. | je suis piraté donc je suis | compressez les codes militaires extraterrestres | Le corps, comme une pieuvre, absorbe tout ce qu’il rencontre. | chaque seconde goutte en souffle | je bois dans les pas des cafards | je m’étonne en moi-même le courage que j’ai | D’après des études anatomiques, un corps debout est capable de plus de violence. |
Je pense beaucoup.
Toute la journée.
Du matin au soir.
“Tu penses beaucoup, tu penses trop” on m’a dit parfois.
Je produis 30000 pensées par jour. J’exsude plutôt, c’est une sécrétion, c’est comme de la transpiration, de la vie qui pousse.
Avec le temps je développe des moyens temporaires de ne pas penser : s’abrutir, se saouler, faire du sport, baiser si l’on peut, se plonger dans la musique (mais ça en suscite aussi), regarder des séries à la chaîne pour arrêter toute activité mentale personnelle.
Je suis quelqu’un de très présent. Je suis quelqu’un d’extrêmement présent.
Ma qualité principale est la présence.
Je ne suis pas absent.
J’ai envie de parler à personne alors je t’appelle.
Dur constat avec le temps : personne n’est à la recherche de ce que je recherche.
La vie parmi les humains est un long racket.
Tout le monde rêve d’être mort.
C’est une réalité qui existe, mais de justesse.
Ce que je considère comme de l’espoir, tu le considères comme du désespoir.
Quand je te vois, je ne comprends pas que tu es beau. C’est en regardant les photos que je m’en rends compte.
Je ne comprends pas ce que me disent mes yeux. Je suis obligé de prendre des photos pour comprendre ce qui m’entoure.
Je ne sais pas ce que je vois avec mes yeux. Je suis obligé de prendre des photos pour comprendre ce que je vois.
Je ne comprends pas ce que je vois. c’est pour quoi je prends tout le temps des photos : elles sont un périscope, des caméras remplaçant mes yeux, et ce sont les seules informations visuelles sur ce qui m’entoure, que je comprends.
Chaque jour sera un nouveau jour, jusqu’à épuisement. | son visage énorme, aux yeux globuleux, suant, alcoolisé, m’assène fiévreusement, en très gros plan, répétant plusieurs fois yeux dans les yeux : "LES MARSEILLAISES, SI TU LES BAISES PAS, ELLES T’ENCULENT !" | j’aime aussi faut dire, faut pas croire faut dire faut faire quoi elle a dit?!!! | j’ai failli, j’ai pu faillir mais j’ai pas fait | j’écricacajouis, chère Suzy | C’est simple : soit ça marche, soit ça marche pas (ça serait plus simple si c’était plus simple) | faites le signe « cœur avec les mains », puis les guillemets avec les doigts | J’aime la lumière. Mais le problème c’est qu’avec la lumière, y a des gens aussi. |
Aujourd’hui c’est la Journée de la Nuit | On va voir les arbres
jouer dans le parc.
créer langage qui rend :: l’impossibilité de toute communication :: encore plus palpable | : pour une poésie sonore intérieure | Mélanie
aime la nuit. | C’est une fille pleine de vide. | Elle est inquiète car sa vie est trop grande. | Elle est triste même quand elle rit. Elle est triste de ne pas être assez triste. | "Ne t’inquiète pas, c’est pas chargé" furent ses dernières paroles.
"je dois…
parler…
aux extraterrestres…"
des pigeons jouent au ping pong | La ville est une mère. La pièce est un vagin, une matrice. Les murs sont du placenta. La foule est une matière, un décor, une notion intégrée. | L’intérieur de mes chaussures est tapissé d’insectes vivants et morts. Je les écrase lentement tandis qu’ils m’infusent leur venin et crochets. | L’objet que vous avez aimé ne peut plus être aimé. | Le numéro que vous avez composé n’est plus en service, et il n’y a pas de nouveau numéro. | Laissez-moi faire de vous un lecteur rapide. | En cas d’urgence, cassez tout.