Avant que d’avoir le plaisir de retrouver A.C. Hello en compagnie d’Amandine André le 10 mai à la Maison de la poésie Paris (réserver – 20H / Remue.net et Libr-critique), voici un extrait de son dernier livre, Naissance de la gueule, qui nous remue… Écouter A.C. Hello, à vous faire perdre le souffle : ici.
Nous aurons l’occasion de nous interroger sur les poétiques de l’excès :
Il y a dix ans déjà, un colloque universitaire s’interrogeait sur l’excès en ces termes : « signe ou poncif de la modernité ? »
De quels excès deux poètes remarquables comme Amandine André et A.C. Hello, qui ne manquent pas de chien, sont-elles
capables ? Pour quels effets subversifs ? Le fait que ce soient des voix féminines est-il significatif ? Quels sont leurs rapports à la
modernité avant-gardiste ?
[…] sinis
Tre en pays d’occupant dont j’en
Tends les coups sourds et répé
Tés, je cherche un toit dans cette
Embuscade de mots bornés, qui
Qualifient de liberté ce que j’ap
Pelle des cendres et des os, qui
M’emmènent au pays des vertè
Bres inertes tuées par de vieux
Beaux coquets migraineux. Le
Cou tordu de ma cervelle étoilée
De rouge balaye le trottoir, étour
Di par un fils de pute coupable
Et prisonnier, obstinément brûlé,
Sachant tout juste parler, un crâ
Ne braillard au front très déve
Loppé, assassin de bouchers am
Bulants, rôdant les yeux cuits
Dans les camps, ouvrier de la
Chance perdue, infirmier du re
Tard, officier du désordre, prin
Temps de la résistance, général
De la faim, troupier de la colère
Muette. Qui me dit que tout est
À refaire, tout à rapprocher, tout
À reprendre l’histoire à faire froid
Debout et se mettre à sonner en
Se tapant du ventre. Je marche
Longtemps dans la nuit, com
Bien de temps encore faudra-t-
Il que je touche du doigt de la
Chair de poltron et qui suis-je
Pour parler de poltron moi qui
Crache mes poumons, qui suis-je
Pour parler de la pensée empoi
Sonnée du poltron corrompu, de
L’agressivité pondérée du pol
Tron choléra, du désarroi anxieux
Du poltron fasciné de flammes.
Je marche rue Saint-Denis les
Mains sur les hanches, laide à
Nanterre de la faute à Voltaire,
Ma petite grande âme remue de
Hors, tombée par terre pied
Dans le nez, bondissant, dispa
Raissant, reparaissant, chantant
Ses morts, mon nez court sa
Chance et renifle de son galop
De chien englouti la grande ré
Volte de ceux qui n’ont pas de
Pays, gêneurs du monde, le pro
Blème c’est d’être impossible.
Quant à moi je suis déjà presque
Rien déjà loin, plomb qui saute
Empêtré qui sombre, mauvaise
Bête qui regarde son ventre et
Crache des corps qui servent d’o
Rifices raidis aux érections de l’é
Cosystème darwinien, ce pantin
Impuissant préoccupé de sa po
Pularité. Je ne bouge plus, embar
Rassée de mes muscles grisâtres,
Dégueulant la mer d’étoiles
Bleues, immobile contre une pou
Belle tassée tressaillante dans
Une colonne rouge au rabais vo
Mie de la grande rafle, ma rengai
Ne ravalée se replie contre la
Rampe au milieu des rabbins ra
Battus houspillés par des RAUS!
Rabiques qui leur rabotent la
Quille, le râble mordus par les
Corniauds, SCHNELL! triés par un
Médecin rabougri, rembarrés par
La racaille rayée, POSPIESZ SI ! ra
Broués par les rallidés verdâtres
Râlant de LOS! Les enfants rachi
Tiques se raccrochent aux mères
Qui se cramponnent au froid qui
Leur coule le long du rachis, a
Vant le racket des vêtements et
Des dents, raclées longuement
Par les radins et les racoleurs du
Radieux parti radical radio-actif
Postillonnant des radicules de ra
Ge et balançant du radius des
Tirs en rafale sur des éclopés ré
Calcitrants avant de les radier
Lors du grand raffinage final.
Quant au rafiot polonais qui cra
Me, craque, crie, se crispe, prie
Devant les rictus crapauds, quant
Aux polonais pendus droits,
Dents serrées, par la rage camar
De des aspirants-fiel, quant au ra
Goût enfossé ragué par les tissus
Raides dans un rade de soleil car
Ton mort, quant à la raideur des
Compatriotes compassés qu’on
Porte sur les raidillons en direc
Tion du spectre sombre des cen
Dres piquantes, quant à la mo
Querie sanglante dans l’oeil érail
Lé devant la loi du monde et la
Détérioration de la faculté pen
Sante, son altération absolue tan
Dis que l’autre diminue. Les polo
Nais chantent avant d’être éradi
Qués par les SCHNELL! ranimés,
Rajeunis, se rajustant l’uniforme,
Ralentis par la circulation de l’al
Cool dans leur réacteur brisé. Bal
Buzards déréglés qui reçoivent
Mal la vie, qu’on retrouvera en A
Mérique Latine, parallèles à la
Mer qui brasille, tentant de ral
Longer leur ramassis de vie simi
Esque et grossière et de se rallu
Mer le ramage dans des souve
Nirs de mare rouge. Ramassé.
Humains épars, pliés sans patrie,
Glanés en divers endroits. Ramas
Sé. Ramas d’humains, miettes,
Fin du repas. Ramassé. Rassem
Blés, blottis, chiffons, mis en tas.
Ramassé par la police. Conden
Sés, en boule, ramassés à la pel
Le, cailloux. Ramassé. Prie par ter
Re. Se ramasse une branlée. Ra
Masse-poussière. Ramasse-pous
Sière écorché cogné séchant ta
Pissant le pavé, avant de se ratati
Ner dans la rame des wagons at
Telés. Ramassé sans raison, étran
Glé par les uniformes des rame
Nards irrascibles. Ramassé. Raf
Fut dans la rue. Les officiers rap
Pliquent. On ramène les fuyards.
On ranime à coups de gifles les
Femmes enceintes. Les chiens se
Rameutent, mordent les traîne-
Pattes, les ramingues et les ra
Mollis. Les enfants progressent
Sur les genoux sous les feux de
La rampe et rament dans la galè
Re rance de la rancoeur nationa
Le. Longue randonnée dans un
Matin sombre avant d’être dispo
Sés sur plusieurs rangs. Tout un
Peuple mis au rencart par la ran
Cune. Marchandises rangées
Sous l’autorité carcasse des rapa
Ces avides. Enfiler les vêtements
Rapés que tendent les rapiots
Tandis que les rascasses rapinent
Les émeraudes et le bacarat. Des
Coups de feu se rapprochent, ra
Pides. Le sang coule raide. On
Rapporte les corps. Un haut dé
Gradé fait son rapport. La vie se
Raréfie, la Race raque, rasibus en
Tre les éclats, sa rapûre mise au
Feu, le crâne rasé, rapetissé, l’es
Poir raccourci. Les rats rassasiés
Ricanent de bile noire puis se ras
Soient, rassérénés : dix corps ra
Tatinés à leurs pieds, ça les rassu
Re les rassis. Ça les ravigote. Y’en
A un qui respire encore. Raté. Ils
L’achèvent, ravis. Un ratichon au
Crâne tout juste ratiboisé court
Dans la ratière, se fait rattraper
Puis ratonner. Râles rauques. Son
Ventre rationné fait une rature
Sanglante dans les airs. Ravagé.
Tout le vide ravalé. Le ravin noué.
Consterné, immobile, à écouter
Le jour rayé noir sans rayons,
Qu’il tente de raviver. Ravagé.
Frappant les rochers dans la fo
Rêt de bouleaux, les chefs suici
Dés, les femmes enfants mitrail
Lés, dont on baratte le sang. Ra
Vagé. Toute la peau du corps as
Pirée par le trou du rentre. Rava
Gé. Chanson malade. Ravagé.
Chanson rabâchée de bâtard lan
Gue arrachée. Ravagé. Aggrava
Tion de la maladie. Ravagé. Héri
Tier collatéral de la grande raclu
Re. Ravagé. Aucune améliorati
On. Ravagé. Crachant les bidon
Nages des bradeurs de républi
Que, braguette ouverte à la bitu
Re, aspirateurs d’attrape-couil
Lon. Ravagé. Dents en vrac, rê
Vant de terres australes et de ca
Raïbes pour sortir du baraque
Ment. Ravagé. Gravitation boo
Merang dans les altostratus. Ra
Vagé. Barjo branque braisé. Rava
Gé. Bourrique brancard dans les
Brasseries célébrant cyanure le
Caviar dans la bouche corraline
De l’abolition des libertés. Rava
Gé. Carnage. Commisération des
Charençons. Crapaudière de fa
Milles Quant et de Philippe Péto
Che, confédération des ignorants
Frais, conjuration des grands ca
Rambouilleurs constipés qui cara
Colent dans les camisoles de la
Crasse extrémiste. Ravagé. Cara
Bine. Haine abrasive du baratin
Branlette des conquérants parasi
Tes. Ravagé. Fracas fragile estro
Pié. Ravagé. Australopithèque dé
Traqué aspirant à l’amnésie anté
Rograde. Ravagé. Bradycardie de
La démocratie angora. Ravagé.
Brachycéphale délirant aux bran
Chies bourrades. Ravagé. Coura
Ge courant cramoisi crampe rava
Gé cran. Ravagé. Rat vit, rat cou
Rage l’égalité. Ravagé. Ravagé
Rat vit rat vit rat vit en pleine figu
Re, courage ravagé, rat vit, rava
Gé ra vagé ra vagé ravagé ra va
Gé ravagé ra va gé ra vaque ra
Va gé ra rame rat gémit.