[création visuelle]

[création visuelle] « En finir » d’Aurélie Soulatges

mai 5, 2007
in Category: créations, UNE
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[Dans le n°8 d’Action Restreinte, Aurélie Soulatges publiait une série de photographies, décrivant une micro-narration. Très intrigué par cette série, j’ai réalisé, que la force de cette micro-narration sans mot, tenait certes à l’esthétique de cette poupée et de son geste, mais aussi à la la narration qui s’effectuait par le regardeur. En effet, loin d’être sans mots, une série ainsi montée appelle de la part de celui qui regarde un sens qui est construit par la conscience. De même la radicalité de ce qui a lieu n’a de cesse d’imposer une forme de mise en question, sur la signification et les raisons d’un tel geste de la part de la poupée. C’est en ce sens que nous avons proposé à Aurélie Soulatges de publier cette série. Cliquer sur les photographies pour les voir en grand format]

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rédaction

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7 comments

  1. De campos

    j’aime ce fil, ce fil de la narration perdu, qui fait de la poupée une sorte de marionnette, dont les fils sont tirés par qui ? Peut-être oui, par notre imagination (vous dites « la conscience »). Soulignons que la mort « coupe » le fil, qui n’est plus apparent sur les deux dernières photos.

  2. rédaction (author)

    Je suis heureux que cette série de photographie d’Aurélie Soulatges vous saisisse ainsi. Dans Action Restreinte n°4, en présentation d’une autre série [Chiffons androgynes en mouvement], sur la fusion des corps, elle écrit ceci : « La poupée fait, défait, refait incessamment son corps, avec lequel elle ne fait qu’un. Chaque geste de sa part se révèle une intervention et une prise de possession sur son corps et ses organes (…) Il est le théâtre de sa représentation ». En quelque sorte avec la poupée, nous entrons en correspondance avec ce que dit Spinoza dans Ethique livre II : « on ne sait pas ce que peut un corps », à savoir, on ne peut épuiser a priori, les puissances de son existence. La poupée, contrairement à la manière dont les hommes gèrent leur corps, agissent leur corps, est le lieu des possibles incessant, des « comme si » qui potentiellement incarnés ouvrent de nouveaux horizons ontologiques. C’est cela qui est troublant dans son travail, elle ne reproduit pas des possibles seulement réels, ce n’est pas une mimétique de l’existence, mais elle invente des horizons d’existence qui mettent en oeuvre notre propre ouvrture à notre corps : ses possibles repoussés ou refoulés. Comme vous le dîtes (@ De Campos) le fil est bien celui de notre imagination.

  3. philrahmy

    je vois aussi les poupées d’Aurélie Soulatges comme parvenant à conquérir un espace où « le possible incessant » est sans cesse débordé, battu en retour, comme momentanément bloqué, absolutisé, par le rayonnement singulier de chaque corps présenté

    et l’existence qu’elles inventent font, je trouve, un bien fou, à l’envers des genres et des modes binaires, nous obligeant à essayer de formuler ce pour quoi nous n’avons pas les mots

  4. philrahmy

    (et hop, après a good night de sommeil)

    Je me dis que le corps « spinozien » de ces poupées, dilaté par ses possibles, se tient à l’intersection de Lacan et d’Aristote, lorsqu’ils supposent que l’inconscient, pour le premier, ou que l’âme, pour le second, sont le résultat de la « somme des facultés du corps ».

    Question / Enthousiasme perso : s’agit-il ici encore de facultés corporelles, ou plutôt de fonctions (et la somme des fonctions corporelles n’équivaut pas tout à fait à la somme des organes – Deleuze-Artaud etc)?

    La figure du corps, en tant que somme de ses fonctions, appelle l’idée du tragique puisque l’effort que supposait l’exercice de facultés (via la volonté etc) se trouve privé de socle, de direction, de raison. Le langage, la représentation, devenus fonctions corporelles, voire sécrétions corporelles, comme le sont la salive, la sueur, le sperme, produisent encore un mouvement, celui de la décomposition, mouvement sans direction, tordu par l’effort de disparaître. Et là, ça brille un max…

    Ni nostalgie, ni déploration, parler sans refuge.

  5. rédaction (author)

    @ Philippe >> ej te suis parfaitemet, resituant cela bien évidemment en relation à Demeure le corps. Et en effet on pourrait se poser cette question des fonctiosn et de la décomposition comme rupture avec l’unité (la volonté ainsi citée par toi)
    Car cette poupée n’est plus en relation aux marionettistes, elle s’en est séparée, quand on regarde bien, les fils sont séparés de la volonté qui serait l’axe directeur de ses mouvements. Mouvements libres des parties, de se faire un corps, mais pas comme unité constitutive mais comme mutation en constitution de parties que l’on rajoute, que l’on creuse en soi, qui décompose ce qui était en créant un corps qui sera.
    cette question est importante : je crois qu’elle est même centrale, notamment au niveau du cerveau et e la pensée. En ce moment suite à la découverte des textes de Catherine Malabou (là j’attends de recevoir deux essais), j’approfondis des pistes que j’avais depuis longtemps mais que je n’avais pas encore explorées suffisamment.
    les possibles non du corps, mais de la pensée sous la forme de la question de la plasticité de la pensée, comme corrélation entre mouvement du cerveau / et forme de l’expression verbale.

    Suite à des questions que je me suis posées en liaison avec ce que j’écris, je crois que cette question des possibles en décomposition du mental sont urgentes à poser et notammet quant à ce que cela peut produire comme machine textuelle. Bon là je m’égare…

  6. thomas

    personnellement je trouve ces images inutiles, et inesthetiques…il ne faut rien avoir à faire pour mettre en scene une poupee de chiffon!

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