[Création] Laure Gauthier, Transpoems

[Création] Laure Gauthier, Transpoems

mai 30, 2019
in Category: créations, UNE
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[Création] Laure Gauthier, Transpoems

J’appelle transpoèmes ou transpoems des poèmes transgenres qui mutent et migrent. Passent d’une rive poétique à l’autre. Ce sont des segments que je prélève de mes textes publiés ou en cours d’écriture, que j’assemble et que j’enregistre à l’aide d’un zoom audio en différentes situations et différents lieux et qui sont ensuite intégrés à d’autres œuvres, installations et œuvres collectives (musicales, scéniques) mais qui peuvent aussi être écoutés pour eux-mêmes ou diffusés à la radio ou sur le web.

Parler de transpoetry ou de transpoèmes est bien sûr un clin d’œil en sympathie adressé aux travaux sur le genre. Les nouvelles avancées scientifiques et militantes sur le genre nous montrent la plasticité de celui-ci. Les transpoèmes entendent plaider pour la plasticité du genre poétique. Ni poésie sonore ni poésie écrite ni même poésie mixte mais une poésie dont le genre se modifie en fonction des contextes. Les transpoèmes sont des greffons. Des greffes situationnistes ? La greffe ne modifie pas que le greffon mais elle vient trans-former l’œuvre qui accueille. Une image poétique migrante est à l’œuvre. Une image qui diffuse sa culture, enrichit la terre d’accueil et se modifie elle-même.
Les textes ne sont pas répétés auparavant mais dits spontanément, en réaction à la situation. Le centre de gravité du texte se déplace alors. Creuse autrement le sens. En lisant le texte dans ces contextes imprévus, j’emmène le texte ailleurs, le fait migrer d’un espace-temps à un autre. Pérégrinations. Des poèmes multipatrides. Nécessairement.
Qui ouvrent des béances et des connivences nouvelles.

Un exemple de transpoem : « l’installation de couloir »

1. Une image greffon prélevée d’un texte

L’image du couloir est un espace-temps potentiel, arraché aux premières esquisses d’un livre qui reste à écrire, intitulé Les corps caverneux :

J’aimerais, dis-tu après un long silence, que tu interviennes dans mon installation de couloirs. Tu sais, le couloir en taille réelle que les visiteurs devront traverser un à un, passer pour se diriger vers une porte sombre avec des bribes de voix dures, et j’installe les murs. J’aimerais, dis-tu une seconde fois, que ta musique des cavernes intervienne dans mon couloir.

ton couloir avec les pas, le silence et le bruit de la porte a déjà sa musique, insistai-je

2. Des réalisations sonores situationnistes

J’ai enregistré ce texte dans une vingtaine de situations : il s’agit d’improvisations même si le texte est lu. Le dialogue avec le contexte est déterminant. On peut entendre ici quelques-uns des contextes (gare de Lyon, procession à Naples, soir de l’incendie de Notre-Dame avec une télévision dans une location à Villers-sur-Mer, un champ en Normandie près de Granville) mais d’autres enregistrements ont été effectués sur le vif avec une machine à inhaler, dans différentes pièces, dans un couloir, dans les rues de Naples, dans la forêt, au bord de plusieurs littoraux ou encore dans un groupe de touristes à Pompéi. La situation d’enregistrement est, la plupart du temps, imprévue et pousse ma voix dans des contrées inattendues à laquelle elle doit réagir. Le contexte attire mon attention. Le texte n’est pas su « par cœur », il est fragile, lu, et la syntaxe se déplace en fonction de la situation. L’écart se creuse entre le contexte sonore et la voix disant le transpoem. Un écart fructueux. Une incommodité à résoudre, une émergence qui expose.

. Piste 1 : Paris, gare de Lyon

. Piste 2 : fanfare et procession à Naples

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rédaction

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