Rentrée politique… Et si d’urgence on cherchait une sortie à un système qui, faisant prévaloir à l’échelle mondiale l’entropie sur la philanthropie, débouche sur la négation du politique et la barbarie à visage inhumain ? Le temps est en effet venu de s’insurger contre la dernière des utopies progressistes, qui, pour relever de l’économisme, n’en est pas moins idéologique et pernicieuse que celles du siècle dernier – allant jusqu’à générer un péril planétaire. L’Histoire revue et corrigée par l’idéologie capitaliste n’évolue évidemment pas selon une courbe asymptotique qui nous conduirait systématiquement vers toujours-plus-de-progrès. Le repli cyclique de l’Histoire que nous sommes en train de vivre, tout simplement appelé "crise", voit le retour de fléaux connus : ostracismes, corruption, régression sociale, populisme, anti-intellectualisme, machiavélisme politico-économique…
Également impuissante à juguler les flux de capitaux, plus que les autres "démocraties" dominantes, la France a choisi de contrôler les flux migratoires. En cette veille de mobilisation lancée par la Ligue des Droits de l’Homme (132 manifestations dans tout le pays) – à l’appel de laquelle nous faisons écho après la brève "Rengaine Bleu-Blanc-Rouge" –, voici le premier volet du dossier consacré à l’état de la démocratie dans une France hantée par ses vieux démons. /FT/
Rengaine Bleu-Blanc-Rouge…
Au pays-des-droits-de-l’Homme et de la Liberté-Égalité-Fraternité, ce n’est pas seulement l’ascenseur social qui est en panne, mais aussi celui de l’Histoire : impuissante à se construire un avenir (c’est-à-dire, bien entendu, à participer à cette guerre mondiale économique d’où découlera automatiquement le meilleur des mondes), cette ex-grande puissance a décidé de faire machine arrière pour restaurer un "régime fort", avec son ministère de l’immigration et de l’identité nationale, sa déchéance-de-nationalité pour les Allogènes d’Origine Incontrôlée (AOI)… Bien entendu, on ne peut porter toute-la-misère-du-monde et il serait par trop simpliste d’imputer aux ex- ou aux néo-puissances coloniales la responsabilité du déséquilibre Nord/Sud…
En somme, là où la France enregistre son meilleur taux de croissance, c’est dans le secteur de l’exclusion et de la discrimination (sur les discriminations par l’origine, le sexe, la sexualité, l’âge ou le handicap, ainsi que sur le nombre réel d’exclus du travail : on se reportera au site d’Anne Quelennec). /FT/
Appel citoyen : "Face à la xénophobie et à la politique du pilori : liberté, égalité, fraternité"
[signer l’Appel citoyen en ligne]
Les plus hautes autorités de l’Etat ont fait le choix de jeter à la vindicte publique des catégories entières de population : Roms et Gens du voyage accusés comme les étrangers d’être des fauteurs de troubles, Français d’origine étrangère sur lesquels pèserait la menace d’être déchus de leur nationalité, parents d’enfants délinquants, etc. Voici que le président de la République accrédite aussi les vieux mensonges d’une immigration coûteuse et assimilée à la délinquance, et offre ainsi à la stigmatisation des millions de personnes en raison de leur origine ou de leur situation sociale.
Ce qui est à l’œuvre dans cette démarche ne s’inscrit pas dans le débat légitime, dans une démocratie, sur la manière d’assurer la sûreté républicaine. Le nécessaire respect de l’ordre public n’a pas à être utilisé pour créer des distinctions entre les habitants de ce pays et désigner des boucs émissaires, ni pour instituer des peines de prison automatiques, contraires aux principes fondamentaux du droit pénal, à l’indépendance de la justice et à l’individualisation des peines.
La Constitution de la France, République laïque, démocratique et sociale, assure "l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion".
Nul, pas plus les élus de la nation que quiconque, n’a le droit de fouler au pied la Constitution et les principes les plus fondamentaux de la République.
Notre conscience nous interdit de nous taire et de laisser faire ce qui conduit à mettre en péril la paix civile.
Nous appelons à une manifestation le samedi 4 septembre 2010, place de la République à Paris, à 14h00, et partout en France, afin de fêter le 140e anniversaire d’une République que nous voulons plus que jamais, libre, égale et fraternelle.