Le choix de l’écriture, Antonin Artaud, Marcel Jouhandeau, Jean Genet et Pierre Klossowski, de Alain Merlet et Hervé Castanet, éditions Himères/Rumeur des Ages, 138 p., ISBN : 2-84327-095-2, 25 €.
4ème de couverture :
La mise en série de ces quatre écrivains : Artaud, Jouhandeau, Genet, Klosswski, peut surprendre le spécialiste de la littérature et des lettres en général. N’est-ce pas l’alliance de la carpe et du lapin, une sorte de bric-à-brac où le lecteur ne retrouve plus ses marques ? Oui, rapportée à ses enjeux internes à la litttérature — à ses courants, à son histoire, à ses réseaux —, cette série est mal ficelée. Elle est pour nous pertinente à un autre titre. Le titre choisi pour cet ouvrage apporte une direction de réponse : le choix de l’écriture. Comment pour chacun de ces écrivains, cette question d’opter pour l’écriture (et la littérature) s’est-elle posée ?
Affirmons une thèse : l’écriture est un traitement du réel — entendu ici comme l’exclu défini du sens, comme ce qui se rencontre comme inassimilable. Le réel c’est l’impossible, dira Lacan à la fin de son enseignement. Comment entendre cette référence au réel qui ne se réduit pas aux formes concrètes de la réalité (biographique ou autre) ? Le concept de style ouvre une voie. Le style — d’un écrivain, d’un poète, d’un peintre mais aussi d’un théoricien — est inséparable d’un point spécifié de réel — soit ce qui échappe à toute prise du mot, de l’image, de la représentation ou du concept. Précisément, la fonction (et l’usage) du mot, de l’image, de la représentation, du concept est, non point de réduire ce réel, mais de l’épurer, de le mettre aux commandes de l’acte — de l’acte d’écriture, de poésie ou de création d’images. Ce réel est cause.
Aussi l’auteur, qu’un nom propre désigne, ets moins la cause que l’effet de son oeuvre.
Mettons à l’épreuve cette thèse : l’écriture est un traitement du réel, à propos justement de ces quatre grands écrivains. La lettre, qui indexe un style (et non « le » style), est désormais à traiter comme telle — à la lettre justement. Quelles surprises, allons-nous découvrir ?
Hervé Castanet et Alain Merlet sont psychanalystes, membres de l’École de la Cause Freudienne et de l’association mondiale de psychanalyse.
Première Impression :
Voilà un livre qui ne fait pas semblant de penser. Dense, cinq parties portant sur les quatre auteurs nommés, cinq analyses qui tentent de comprendre en quel sens le nom des auteurs sont les effets du rapport du texte au réel. La voie qui est poursuivie par Hervé Castanet dans ce livre de 2004, sera bien évidemment celle que nous avons rencontrée dans l’analyse de Joël-Peter Witkin : le réel cet impossible sur, autour, contre, lequel le travail à l’oeuvre s’affronte et dès lors trouve à partir de cette résistance la spécificité de sa propre donation, qui est aussi bien littérale que littorale. Pour ceux qui veulent comprendre, approfondir la question de la modernité en littérature, assurément, un livre à découvrir et à lire attentivement. PB