Second Libr-retour du jour, en cette période de Libr-vacance où l’on peut faire le plein d’expériences nouvelles : c’est le moment idéal pour s’attaquer à ce premier récit prometteur…
Aden Ellias, Hyperrectangle, Collection Inventions, janvier 2017, 112 pages, 11 €, ISBN : 978-2-9157-9493-9.
Comme le dit si bien le narrateur au tout début de son roman (il s’agit même de la première phrase) : "La veille au soir, je m’étais donné rendez-vous très tôt le lendemain matin pour écrire un très grand livre ou quelque chose comme ça." Ce "très grand livre" est un roman qui parodie les procédés de l’"autofiction" : invention formelle et comédie sociale eu rendez-vous…
Toute ressemblance entre la Francespagne et notre monde spectaculaire mondialisé est tout à fait volontaire : un monde où même les sourires des vendeuses sont programmés, où l’on "porte des jeans joliment pourris tous les mêmes à cause de la civilisation du tous pareils" (p. 25), où triomphent les "organisations sur-distributrices d’objets-déchets" (51)… Le narrateur, "rédacteur de notices industrielles & techniques à l’intention des consommateurs" (35), vit "un peu en pré-réquisit de l’œuvre à venir" (14), un grand cuboïde rectangle… Mais quelle place pour la littérature dans un tel monde ? Heureusement, cet immonde est perçu au travers d’un imaginaire fantaisiste peuplé de grandes figures artistiques qui n’hésite pas à prendre ses distances ironiques avec la Grande-Littérature, le mythe du Grand-Écrivain. Très drôle, ce premier récit d’Aden Ellias n’en est que plus critique : "De nos jours, si l’on veut réellement s’élever l’âme du public et de soi mais surtout de soi, eh bien il y a les escalators de l’H&M® d’internet, mon semblable, mon frère" (31)…