Daniel Pozner, Liserongles, éditions Propos2, décembre 2020 / janvier 2021, 78 pages, 13 €, ISBN : 979-10-96252-28-2.
Cher Daniel,
Plus encore que tes bons vœux, me fait plaisir l’envoi de ton dernier livre ! ô toi, l’homme aux ciseaux méticuleux !
Pas les ciseaux seulement, puisque ton métier consiste à inventer des formes (autant ici de modèles différents que de chapitres : 6). Leur fonction est de donner corps à ce qui aurait pu n’être que chaos et entropie, et de faire émerger ce qui, en effet, ressemble à un sens. Ce que tu écris dans la 4e de couverture, que ce sens s’en va, revient, se dérobe et refait surface, décrit parfaitement ton écriture en général et le livre présent en particulier. La différence peut-être avec tes écrits précédents, c’est qu’ici on voit mieux la phrase.
Surtout dans le dernier chapitre (Ici et maintenant), qui, la ligne devenue plus longue, moins hachée, syntaxiquement plus complète, donne à lire un presque-roman. Mais un roman où chaque séquence échappe enfin à la langue toute faite (usée, banale, vulgaire). Un roman plausible, mais qui échapperait à tout prosaïsme. Important que le livre en arrive là : sans un tel aboutissement, les coups de ciseaux auraient eu quelque chose de quasi désespérant : plus d’écriture possible, plus de parole nouvelle, rien que les bribes d’une langue convenue. La forme (pas seulement le cadrage) porte en elle toute l’invention, et garantit qu’il est encore possible de parler et d’écrire… Paradoxalement, elle est ce par quoi ton écriture échappe au formalisme.