Bruno Fern, Des figures, éditions de l’Attente, été 2011, 50 pages, 8 €, ISBN : 978-2-36242-008-5.
Avec Des Figures, Bruno Fern ne nous propose évidemment pas un manuel de rhétorique, mais un exercice formel – et non formaliste –, un jeu de formes que l’on pourrait situer en droite ligne de l’Oulipo ou de Pierre Alferi. Ce faisant, il nous emmène dans la "cuis / son du poème qui démultiplie les saveurs" (p. 21).
"Li
re ce n’est ni parler ni écrire c’est dans l’entrebâillement" (p. 38)
"Ri
quiqui rira bien sera" (43).
Le principe : une syllabe sert d’"embrayeur virtuel" à une courte suite de vers libres, de telle façon que, le lecteur étant contraint de combiner les axes syntagmatique et paradigmatique, les effets de sens soient démultipliés. "Tra / vers en vers parfois à contresens pas que sur l’autoroute" (31), tel est le principe actif.
Cette lecture est d’autant plus fascinante que le travail formel produit des réactions en chaîne : anaphores, ellipses, oxymores, paradoxes, télescopages ou calembours font déraper la machine signifiante, creusant jusqu’au vertige l’espace du poème par un système d’échos et de court-circuits.
Un exemple :
"Stup
et fait comme un rat
ides de mars qui durent davantage que les soldes
heure dès le début manifestant ici une forte tendance à l’arrêt de la parole*
une sombre affaire de trafic quoi" (p. 10).
Le creuset textuel en fusion va jusqu’à intégrer clichés et références culturelles nobles ; de sorte que l’auteur inscrit sa position en filigrane par le biais de sa réappropriation partielle de l’histoire de la poésie : de Baudelaire à l’ami Dominique Quélen, en passant par Rimbaud, Mallarmé, Apollinaire, Breton ou Zanzotto… Ainsi, pour être littérale, une telle écriture n’en est pas moins critique, au sens où elle pousse le lecteur à interroger sa langue comme son être-dans-le-monde-social.
Pro
messe de ravissement (?)
bably…
j.B.