Violaine Schwartz, J’empêche, peur du chat, que mon moineau ne sorte, P.O.L, novembre 2017, 176 pages, 16 €, ISBN : 978-2-8180-4425-4.
Présentation éditoriale
Lola ne sait plus si elle est Lola vraiment, ou Lilou, sa sœur jumelle. Laquelle des deux a été tuée par leur père ? Ou bien empoisonnée par leur mère ? Et ces parents, morts, qui reviennent la martyriser, sont-ils uniquement des créations de son esprit dérangé ? Et cette peur qui envahit tout ? Et ce curieux médecin qui l’enfonce dans sa pathologie ?
« Dis-moi la vérité. Elle est où la vérité ? À l’intérieur ou à l’extérieur de ma tête ? Elle est dedans ou dehors ? Qu’est-ce qui compte le plus ? Le dedans ? Le dehors ? Elle est où, la vie réelle ? Tout est mensonge. Dis-moi que je suis réelle. Dis-moi que mes souvenirs sont réels. Puisque je m’en souviens, c’est qu’ils existent dans le réel de mes pensées. Et comment je m’appelle dans le réel ? Et dans le réel de mes pensées ? » Cette pièce violente, habitée, met en scène un huis-clos familial et mental.
La cage (chronique de Jean-Paul Gavard-Perret)
Une nouvelle fois Violaine Schwartz propose une « opération poupée ». Selon différentes séances de « poses ». Le vent de mélancolie et de doute souffle. De doute surtout. D’autant que Lola la narratrice, si elle n’est pas tout à fait une autre, n’est pas vraiment elle-même. Il se peut qu’elle ait été tuée par son père ou enfermée par sa mère. Pas de quoi en faire une choucroute, mais un livre : oui.
Toutefois, nous ne sommes pas ici dans le genre « heroic fantasy » en dépit non seulement de revenants mais de leurs fantômes…. Pas question donc de prendre appui sur une telle réalité. Car le sol glisse. Et la pièce est ensemencée de mauvais conseils et de « fake news » comme on dit aujourd’hui. Mais sans savoir d’où ils viennent . Au dedans d’une tête malade ? Ou de dehors ?
Ce qui est sûr : la narratrice devient de la chair fraîche pour son médecin. Même si de lui ou d’elle qui pourrait dire qui a le plus peur ? Qui sont les chats et les moineaux ? Bref les « choses » échappent. Et pas seulement elles. Reste un huis-clos où l’enfer n’est pas forcément les autres. La pièce parle et ne dit rien. Ou l’inverse. Elle berce de chimères dans un babil d’une classe dangereuse et faussement primaire. Il y a un goût de cendre dans la bouche d’une tête qui part en vrille. On peut toujours se rassurer qu’il n’existe là que des blagues. L’auteur en rit sous cap.