Joseph Mouton, Delenda Ouest, suivi de Doubler la langue, Comment motoriser l’âme (un peu) et continuer la poésie du coup de Patrice Maniglier. éditions Les petits matins, ISBN : 978-2-915-87928-5, 12 €.
4ème de couverture :
Le mardi 14 septembre 2004. Nice sous la pluie. Tonnerre au moment où j’écris la phrase précédente sur l’écran.
Écran : la caméra zoome sur une fenêtre quelconque du cinquantième étage du building de la MOUTON-GOLDWYN-MEYER […]
[…] Excuse-moi, John, mais je pense que tu es complètement à côté de la plaque. L’OUEST, c’est nous. L’OUEST, c’est comment on s’est fait baiser la gueule le 11 septembre; et DELENDA, c’est le slogan de Bin Laen et d’Al Qaida : il faut détruire l’Occident, il faut détruire l’Occident, il faut détruire l’Occident. Tu nous compliques la vie avec tes énigmes à la noix, comme quoi on ne saurait pas bien ce que ça veut dire. Non, c’est limpide, John, c’est très simple : Markus Retz veut que nous fassions un film sur la volonté terroriste de détruire l’Occient…
Joseph Mouton est né en 1954 à Aix-en-Provence. Il est ancien élève de l’école normale supérieure et depuis 1987, enseigne l’esthétique à la Villa Arson à Nice.
Postface de Patrice Maniglier, philosophe.
Premières impressions :
Dans l’entraînement, publié en 2004, aux éditions Le mot et le reste, Joseph Mouton faisait se succéder, selon un enchaînement ininterrompu, des pratiques de langue, comme autant d’exercices portant sur langue, la pliant et la dépliant, faisant se succéder un réel fait de fragments, de scènes séparées, de morceaux de réels accolés. En 2005, publiant Le projet Somb-héros aux éditions VOIX, paraissait le journal d’un projet celui de Sombr-héros, portant sur 1993-1994, où il mettait en évidence non seulement les procédures de création, mais aussi le jugement sur ces procédures, amenant à donner comme oeuvre son montage, l’immanence linguistiquement incarnée de la fabrication de l’oeuvre. Dans Delenda Ouest, on retrouve ces deux perspectives, à la fois enchaînement ininterrompu, à la première personne, passant d’un thème à l’autre, d’un évènement à un autre, et à la fois journal de la fabrication de son propre travail, ici de l’émergence de la langue autour de l’écriture d’un scénario, de ce qui associe, dissocie, de ce qui s’y imbrique. De fait comme il le dit lui-même, sans doute avec tout cela « il s’agit du chantier de moi » dit-il « vous verrez cela peut aller de n’importe quoi à pas grand chose ». Tel que y insiste Patrice Maniglier : « telle est l’oeuvre même de Joseph Mouton, cette chose un peu monstrueuse, ni produit ni processus, ni réelle ni potentielle, ni machine ni spectacle […] fabriquer le produit de telle sorte qu’il expose avant tout le procès de sa production, mais sans le séparer de son résultat ».