Jean-Louis Schefer, Monsieur Teste à l’école, P.O.L, 82 pages, 8 €, ISBN : 978-2-8180-1794-4.
C’est aujourd’hui que paraît en librairie le dernier livre de Jean-Louis Schefer : à son école, (ré)apprenons à apprécier ce que peut avoir d’exaltant l’aventure d’un esprit brillant. /FT/
Au commencement : un manuscrit des Cahiers, dans lequel l’adolescent découvre "une espèce de liberté, un va-et-vient d’idées, un bonheur d’impromptus, une vitesse parfois, des pauses" (p. 23)… Une soixantaine d’années plus tard, l’auteur a gardé intacte sa fascination pour un "grand homme" qui, encombré par les contraintes que lui imposent la respectabilité et la notoriété littéraire, avec Teste a fait l’école buissonnière, n’hésitant pas à "s’amuser de lui-même et jouer au bilboquet avec l’idée du moi (je le lance comme un moi, il me revient comme un autre)"… Aussi ne manque-t-il pas son objet : dans cette passionnante méditation spirituelle, sont évoqués/interrogés la réflexion valéryenne sur l’instabilité du Moi, la syntaxe adamantine de Valéry, son humour, son Faust, son "travail de mise au point et de précision de l’idée et de la forme" (25)… Mais l’opuscule se concentre sur Teste : "Qui est M. Teste ? Je le crois une compression ou le résultat d’un calcul de géométrie entre Vinci (celui des carnets) et Descartes (celui de la fiction de l’homme)" (15) ; "Quelqu’un sans être un personnage, il est la déduction hypothétique d’un corps de lecture : il ne peut écrire ; il est l’effet de miroir du texte qu’il devient" (53)…