« Pour moi dit-il, hélas j’écris avec des ciseaux » Via di levare, entretiens de Michaël Sebban avec Jean-Paul Michel [sur trois livres] Du dépeçage comme l’un des Beaux-Arts, 1976, Le Fils apprête, à la mort, son chant, 1981, Beau Front pour une vilaine âme, 1988.
Éditions William Blake & CO., 128 p. sur papier kraft. ISBN : 2-84103-155-1. 25 €.
4ème de couverture :
« La poésie pour Jean-Paul Michel, est un vigoureux geste intérieur, bataillant au plus fort de l’inquiétude et trouvant « l’or » d’une existence crue dans la turbulence même. « l’ordre et le désordre » de l’énergie créatrice, au-dedans et au-dehors. La poésie, loin d’un affaissement en quelque impuissance assumée, des modes résiduels de la crainte et de la mélancolie, affirme de cette manière son audace, reconnaît sa puissance, donne pouvoir à sa capacité de saluer, n’hésite pas devant la libre, l’honnête, la réjouissante folie de renommer. Affirmation, amour peuvent permettre un élèvement, une accession au « tout de l’être en sa fraîche présence », un embrassement lyrique, de la consciemment et viscéralement choisie profusion des manières « contraires » de ce qui est : « nous naviguons sur un vaisseau superbe et / nous pleurons ». Voici notre erreur : un refus intellectualisé de reconnaître et d’admettre dans nos équations ontologiques les splendeurs de l’existence, mêlées comme elles peuvent l’être aux énergies violentes de la beauté de ce qui est. « Manquer à la joie », écrit Michel, « c’est manquer à l’être ». Notre première fin demeure donc de restaurer en nous-même notre capacité de défi et de confiance dans la célébration, rendant de cette manière aux choses simples leur rayonnement intrinsèque. L’oeuvre de poésie suffirait à cela si elle parvenait à « ca/dencet tant/de splendeur hors tout sens. »
[…] La célébration (poétique et quotidienne, gestuelle) de ce qui est — tout, chaque chose, avec toutes ses paradoxes manières « contraires » — n’est pas tant un « calcul » strictement rationnel ou rationnalisant qu’une brûlure selon les termes même de Michel : une passion, les fammes d’un désir, une intensité, une aveuglante, instinctive consomption d’être — laquelle, pensée au-delà de toute « signification », produit un profond sens émotionnel et ontologique. Aimer est, ainsi, le seul geste « nécessaire », donnant valeur, faisant face à tout « mal » que nous pouvons sentir « mordre » en nous. […]
Il faut lire Michel. On exulte. »
World Literature Today, 77:2, July-September 2003.
Premières impressions :
[en savoir plus sur Jean-Paul Michel sur Poezibao]
[article sur remue.net tiré de Sud-Ouest, publié pour les 30 ans de la maison William Blake & CO.]