Une fois posé le problème et dressé l’état de « la crise des revues (et) de (la) poésie » (première partie), il importe d’examiner de près le spectre des postures aquoibonistes.
Typologie des postures aquoibonistes
C’est ici que s’impose le problème de la différenciation des points de vue : l’« à quoi bon, si… ? » de M. Deguy et de C. Prigent, et même « l’atonie cadavéreuse d’un "à quoi bon ?" généralisé » qu’évoque ce dernier, ne sauraient avoir la même résonance que l’« à quoi bon ? » mal intentionné de Pierre Lepape et Michel Le Bris qui remet en question le bien-fondé de toutes les revues de création. Après le chroniqueur du Monde des livres, pour qui elles sont « devenues de petites forteresses destinées à marquer un lieu de pouvoir, individuel ou collectif, sur l’échiquier de la reconnaissance sociale », et qui décoche ces interrogations comme autant de flèches empoisonnées : « Qui se soucie encore aujourd’hui des revues littéraires, ceux qui les font mis à part ? Quelles batailles esthétiques retentissantes suscitent-elles encore ? » (Le Monde des livres, 30 mai 1997), l’écrivain-voyageur à succès enfonce le clou : « Une revue littéraire n’est pas destinée au public mais au milieu littéraire : c’est un moyen de reconnaissance pour les éditeurs et les auteurs et c’est d’ailleurs pour cette raison que le public ne l’achète pas. Les tirages excèdent ainsi rarement 2000 exemplaires. Une revue, c’est devenu le miroir que se tend le milieu pour s’y reconnaître et reconnaître ses pairs. Les revues de ce genre sont effectivement plus sensibles à la littérature de l’ego » (LivresHebdo, n° 336, 7 mai 1999, p. 54). Bernard Desportes, directeur de Ralentir travaux, ne s’y est d’ailleurs pas trompé ; appelé à réagir au premier propos, il le trouve méprisant, avant de contre-attaquer :
« Cela dit les suppléments littéraires des grands quotidiens suscitent-ils, de leur côté, de retentissantes batailles esthétiques ou même d’idées ?… En revanche, je crois leur responsabilité importante dans cette carence actuelle du débat littéraire, et leur penchant spontané à soutenir le plus commercial, le plus facile et tout ce qui, en principe, n’aurait justement besoin d’aucun soutien n’arrange rien à l’affaire… Mais n’exagérons rien, ce n’est pas d’aujourd’hui que l’on nous annonce la mort des revues comme on nous parle régulièrement de la mort de la poésie…» (« De l’hospitalité critique », entretien avec F. Thumerel, dans Manières de critiquer, Artois Presses Université, 2001, p. 243-244).
Plus récemment, en avril 2004, les critiques présents sur le plateau des Mardis littéraires (France Culture, Pascale Casanova), ont érigé La Revue littéraire (Léo Scheer), nouvelle publication qualifiée d’« attrape-tout », en emblème d’un secteur post-avant-gardiste en pleine crise.
Dès lors que l’on se penche sur les raisons qui motivent une telle question tridimensionnelle (« A quoi bon encore des revues/la poésie/des revues de poésie ? ») — dont la tonalité, loin d’être uniforme, oscille entre désabusement et rejet brutal, en passant par le cynisme, l’ironie et le dénigrement —, on se met en mesure d’appréhender un éventail de postures (au sens où l’entend Jérôme Meizoz : positionnements qui résultent des interrelations entre positions et prises de position, les premières permettant d’expliquer les secondes, et les secondes construisant ou modifiant les premières ) : l’aquoibonisme résigné ou inquisiteur-restaurateur de ceux qui, écrivains à succès ou journalistes de la grande presse, voire écrivains et critiques semi-médiatiques, ont intérêt à minimiser la créativité et la visibilité du secteur expérimental (publications diverses, dont les revues) pour imposer des valeurs propres à un état du champ caractérisé par une restauration littéraire [1]Cf. Pierre Bourdieu, « Une révolution conservatrice dans l’édition », Actes de la recherche en sciences sociales, n° 126-127 : « Édition, éditeurs (1) », p. 3-28., et par là même se ménager ou conforter une place parmi les animateurs de la « vie littéraire », les privilégiés du pôle commercial ou semi-commercial ; l’aquoibonisme apologétique de ceux qui, répondant à l’injonction d’un sous-champ de grande production en adéquation avec une société utilitariste [2]Robert Davreu va jusqu’à avancer que les poètes sont les seuls artistes à recevoir ce genre de sommation (« Pour une défense de la poésie ? », op. cit., p. 23)., entreprennent un examen critique — voire polémique — des arguments adverses et de la notion même de « crise » pour mieux défendre leur conception des revues (et) de (la) poésie (apologie critique), ou qui, plus modérés et éclectiques, réfutent tout alarmisme pour mettre en valeur, dans sa globalité même, la cause des revues (et) de (la) poésie (apologie promotionnelle), sans oublier ceux qui s’attaquent aux revues et auteurs contemporains pour légitimer une forme de modernité correspondant à une position conquise dans un état antérieur du champ (apologie légitimatrice) ; enfin, l’aquoibonisme novateur de ceux qui remettent en question la tradition poétique et revuiste, fût-elle liée au paradigme moderniste.
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Arrêtons-nous un moment sur les différents types d’aquoibonisme apologétique. Le premier est le fait des écrivains, critiques et universitaires qui, d’une façon ou d’une autre, participent à la recherche en/sur la poésie. Par exemple, Yves Charnet et Philippe Mesnard ne prennent comme point de départ le « malaise dans la poésie » ou la question « Aujourd’hui, que peuvent les revues pour la littérature contemporaine ? » que pour formuler leur propre point de vue : préférant la situation de crise à « cette normalisation uniforme des sentiments et des pensées qui constitue le nouveau conformisme propre à notre village mondial », le premier pose que seule la poésie, parce que incommercialisable, se trouve « en situation de résistance à la logique même de ce qui constitue "l’horreur économique" (Rimbaud, cité par Vivianne Forester) d’un village mondialement libéral où le sens et la vie seraient, comme le reste, à vendre » (op. cit., p.20-21) ; après avoir exposé la spécificité de revues comme Formules, Java et Prétexte, le second affirme que « les revues répondent aujourd’hui à une autre nécessité que celle de pouvoir ou non quoi que ce soit pour la littérature », celle « d’indiquer un autre lieu, dans les marges, qui n’est pas celui de l’édition ni de la presse » (op. cit., p. 39). D’autres recourent à la stratégie du retournement — qu’on a déjà vue à l’œuvre dans la déclaration de Bernard Desportes —, et plus particulièrement du « qui perd gagne ». C’est le cas de Christian Prigent, qui, dans Ceux qui merdRent (P.O.L, 1991), donne de la trique au diagnostic de la crise-de-la-poésie (l’occasion serait belle de réutiliser la crase des Glossomanies : « diagnostrique ») :
« La crise de la poésie est dans la "nature" de l’expérience poétique : celle-ci est le fait de sujets en crise ; elle manifeste l’affleurement sempiternel de la crise dans la langue (ce que Mallarmé appelait la "crise de vers"). […] la "crise" (ce qu’on appelle la "crise de la poésie") est donc aussi totalement superficielle : elle concerne ce que Philippe Sollers appelait naguère le GSI, la "Gestion des Surfaces Imprimées". Elle est largement de l’ordre de l’invention de journalistes crocodilement lacrymatoires qui pleurent sur ce dont leur mondanité "post-moderne" est en partie responsable : la réduction des espaces médiatiques consacrés à la littérature comme question-de-la-littérature […]. Plusieurs de ceux qui larmoient sur la crise de la poésie sont de ce fait les mêmes qui refusent la crise d’écriture, c’est-à-dire la cruauté du travail des langues. Le bavardage sur la crise peut alors souvent s’entendre comme une dénégation : plus on désigne la crise comme phénomène d’époque et plus on affecte de la déplorer, plus on révèle à quel point on refuse le fait "critique", la posture "scandaleuse" comme question même de la littérature. […]. Il n’y a donc pas à mon sens à chercher à aménager des conditions sociales plus vivables, plus publiquement gratifiantes pour l’écriture (pour la poésie ?) : il y a au contraire à creuser la crise, à la rendre plus … critique » (p. 207-208).
De même, le chapeau de l’entretien avec ces deux revuistes renommés que sont Liliane Giraudon et Jean-Jacques Viton aboutit à la conclusion suivante : « Mais peut-être faut-il, au lieu de le déplorer, accepter leur caractère éphémère. Voir dans ces états de crise, dans ce rôle marginal, limité dans le temps, leur singularité, et la condition d’un fourmillement d’avant-garde, libéré de tout danger d’institutionnalisation » (« États de crise », op. cit., p. 210).
Ainsi peut-on dresser un parallèle entre, d’une part, les propos de ceux qui répondent explicitement à la mise en garde de ceux qui voudraient en finir avec les avant-gardes, et d’autre part, les éditoriaux (ou, du moins, les textes théoriques, voire les déclarations semi-rétrospectives, indiquant les lignes de force de chaque revue) qui, faisant prévaloir la question « Pourquoi encore une revue de poésie ? » sur celle qu’ils maintiennent dans l’implicite (« A quoi bon encore des revues de poésie ? »), mettent en avant la fonction d’innovation des revues : expérimenter, inventer un lieu en marge, découvrir des auteurs singuliers… C’est la voie qu’empruntent, dans la dernière décennie du XXe et en ce début du XXIe siècle, une bonne partie des publications les plus marquantes, dont certaines étaient au centre de nos rencontres d’Arras. Les plus anciennes d’entre elles, notamment Java (1989) et Nioques (1990), entendent, dans un contexte de restauration littéraire, poursuivre le travail d’expérimentation poétique en se définissant par rapport aux avant-gardes des années soixante-dix ; la seconde va jusqu’à se réclamer « d’un courant de résistance » et privilégie les formes nouvelles, qu’elles ressortissent ou non aux poésies-dispositifs (Jean-Marie Gleize évoque « la prose en pâte-mots (Tarkos) », le « "petit" proëme en poses stéréotypées (Hanna) »…). Ces revues de création contrastent assurément avec les récentes Formes Poétiques Contemporaines (2003), pour laquelle la période post-structuraliste est l’occasion d’entreprendre, à l’écart des querelles de chapelles, une réflexion savante et distanciée sur les formes les plus diverses, c’est-à-dire d’offrir une garantie de « neutralité » et de quasi-exhaustivité (cf. « Pour la forme (ceci n’est pas un manifeste) », Formes Poétiques Contemporaines, n° 1, 2003, p. 7-10). Ralentir travaux (1995-2000) et Fusées (1997) se veulent également plus engagées : la première, dont le titre est un clin d’œil ludique au surréalisme et critique sur notre société de la vitesse, ouvre un chantier à différentes mouvances de la modernité non avant-gardiste [3] Cf. Bernard Desportes, « Tout est perdu dans la réalité », Ralentir travaux, n° 1, 1995, et Fabrice Thumerel, Le Champ littéraire français au XXe siècle, Armand Colin, 2002, chap. 4 (p. 112-116).ulle ; la seconde, dans une optique baudelairienne, passe en revue le spectacle de la vie moderne, essayant d’en suggérer l’aura, sans oublier, au travers de textes théoriques ou de notes critiques, de proposer « une "vue" (une revue) d’ensemble des pratiques et des questions qui font "art" » [4]Christian Prigent, « Une revue de la vie moderne » (préface au n° 4), Fusées, 2000, p. 5 ; on pourra également se reporter à mon article « Fusées, une revue moderne », La Revue des revues, n° 34, mars 2004, p. 99-106..
L’apologie promotionnelle est l’arme que brandissent les acteurs culturels les plus divers, qu’ils soient écrivains et/ou revuistes, journalistes, ou encore salariés du secteur de l’édition. Parmi les plaidoyers pour la cause (é)perdue des revues (et) de (la) poésie (voir l’article d’Olivier Corpet cité dans la première partie), il convient sans doute d’opérer une distinction — sans aucun procès d’intention — selon le mode de communication. Le discours communautaire, comme celui des « États généraux des revues », vise à défendre des intérêts collectifs (au double sens de goûts et bénéfices symboliques) en faisant prévaloir la spécificité de la forme-revue et l’originalité des pratiques, en martelant ses revendications et en appelant à la mobilisation. Le discours institutionnel ou commercial, souvent tenu par des passionnés aux goûts éclectiques, dont l’objectif est de captiver l’attention du plus grand nombre possible de curieux, voire de faire partager la poésie par tous (cf. Emilie Grangeray, « Toutes les poésies du monde », Le Monde des livres, 14 mars 2003), consiste à mettre en avant l’incroyable succès de certaines manifestations, comme le printemps des poètes et le Marché de la poésie (cf. Annexe 1), à s’élever contre les idées reçues — tel André Velter, poète, directeur de la collection «Poésie» chez Gallimard, et ancien responsable de la revue Caravanes, qui confie en avoir « un peu assez d’entendre dire qu’en France la poésie est morte » (cf. note 5 ci-dessus) —, ou encore à afficher un optimisme prudent (par le biais d’une interrogation rhétorique et une tournure modalisante) mais tout à fait engageant :
« Poèmes placardés partout dans le métro parisien, Printemps des poètes, Marché de la poésie, opération Poèmes à suivre dans les écoles, concours Poésie en liberté sur Internet pour les lycéens. Au-delà de ces initiatives ponctuelles, un mouvement durable se dessinerait-il, tendant à réconcilier les Français avec la poésie ? » [5]Cf. Jean-Claude Perrier, « Le XXIe siècle sera-t-il poétique ? », LivresHebdo, n° 325, 19 février 1999, p.54.
« Il semble que la poésie soit enfin, grâce à quelques prosélytes et à des initiatives à la fois populaires et relayées par les médias […], en train d’échapper à l’engrenage infernal dont elle fut longtemps la victime : ça ne se vend pas, donc on n’en édite pas » (Jean-Claude Perrier, « Abécédaire poétique : de A comme aides à R comme revues », LivresHebdo, n° 336, 7 mai 1999, p. 57).
Le problème, c’est que la promotion du «Tout-poésie», voire de la «world-poésie», se transforme parfois en opération publispectaculaire assimilant l’œuvre poétique à un simple produit de consommation. C’est, par exemple, le point de vue que, dans Les Inrockuptibles (31 mars-6 avril 1999), défendent les signataires d’un texte intitulé « A propos d’une manifestation appelée Le Printemps des poètes » : quelques représentants de revues comme Fusées (Prigent, Verheggen), Java (Espitallier, Maestri, Sivan), Nioques (Cauwet, Gleize), Poézi Prolétèr (Molnar, Tarkos), ou encore TTC (Tholomé), se joignent aux rédacteurs, les fondateurs de The Incredible Justine’s Adventures (Chaton et Fiat), pour souligner les enjeux économico-idéologiques expliquant l’annexion de la poésie par le « tout-communication » et dénoncer le choix de concentrer les crédits sur la « publicité de l’écrit » plutôt que sur la « publication de l’écrit » (p. 14).
Relève encore de l’apologie promotionnelle le dossier de Poésie 1 (n° 51, février 2008), qui fait d’une pierre deux coups en posant la double question « Pourquoi la poésie ? Pourquoi des poètes ? » : défendre la cause de la poésie comme celle de la revue, Jean-Marc Debenedetti invitant tous les curieux et amateurs à soutenir la quadragénaire afin qu’elle puisse « poursuivre l’aventure » (p. 16).
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Comme paradigmes du dernier type d’aquoibonisme apologétique (apologie légitimatrice), retenons les réactions d’autodéfense de Michel Deguy (1930) et de Christian Prigent (1945), qui, pour éviter d’être datés, doivent faire date en imposant leur conception de la modernité poétique, c’est-à-dire en légitimant une position acquise dans un état antérieur du champ : dans les années 60-70, le premier, considéré comme poète de la figuration rattaché au courant de la poésie réflexive, est très vite reconnu dans l’espace littéraire parisien grâce à sa collaboration à la NRF et son intégration dans les instances dirigeantes de revues majeures (Critique et Tel Quel) et des éditions Gallimard ; à partir des années quatre-vingt, le second apparaîtra de plus en plus comme l’un des chefs de file de la modernité carnavalesque, en grande partie grâce aux bénéfices symboliques que lui a octroyés la direction de TXT pendant près d’un quart de siècle (1969-1993). Leur stratégie de reconversion en classiques les pousse d’abord à demeurer à la pointe de la modernité en instituant leurs labels en valeurs incontestables : Deguy, en forgeant — avec M. Chaillou, D. Fourcade et J. Roubaud — le concept d’« extrême contemporain » — d’une contemporanéité englobant les extrêmes — lors d’un colloque en 1986 dont les actes sont publiés l’année suivante dans sa revue Po&sie (fondée en 1977), peu avant que naisse la collection du même nom chez le même éditeur ; Prigent, en conquérant, par ses nombreux essais et sa participation active aux explosives Fusées, un poste de héraut de la modernité qui le met en mesure de poser l’avant-garde historique qu’il incarne comme modèle indépassable de mise en question des formes et de réflexion sur la littérature dans sa relation au non-sens du présent [6]Cf. Stéphane Baquey, « Michel Deguy : l’invention d’une poétique. Premières publications dans des revues d’un écrivain », dans Bruno Curacolo et Jacques Poirier dir., La Chronique littéraire : 1920-1970, Editions Universitaires de Dijon, coll. « Ecritures », 2006, p. 251-264 ; Fabrice Thumerel, Le Champ littéraire au XXe siècle, op. cit., chap. 5.. Et vu qu’ils peuvent difficilement percevoir les auteurs et les revues contemporains autrement que par le prisme de leurs propres catégories éthiques et esthétiques, et que le discrédit est un moyen efficace de renforcer leur position, leur point de vue est inévitablement critique. Pour être entrés dans le pôle autonome du champ à une époque de radicalisme, ils ne peuvent que regretter chez les plus jeunes revuistes ce qu’ils estiment être leur désengagement théorique, voire politique, et ses corollaires : irénisme et éclectisme — lequel explique un anthologisme qu’ils jugent selon des critères idéologiques et moraux (transformer les revues en « florilèges » devient un acte relevant de la démission théorique, de la collaboration à la mondialisation du patrimoine culturel et d’une stratégie purement individualiste visant à favoriser la visibilité d’un bon nombre de poètes). Dans son troisième entretien avec H. Castanet, Prigent explicite lui-même « la stratégie démonstrative des revues "avant-gardistes" : éditoriaux conçus comme des programmes déclaratifs, tentatives théorisées de réévaluation globale du champ littéraire, sommaires organisés comme une défense et une illustration du programme théorique annoncé » (Ne me faites pas dire ce que je n’écris pas, Cadex, 2004, p. 119 et 122-123). Aussi, après avoir rappelé l’appréciation de Jean-Marie Gleize suivant laquelle TXT est la « dernière revue de type "moderne", […] du fait de son mode de fonctionnement groupusculaire et de la cohérence armée de ses partis pris intellectuels », confie-t-il sa prédilection pour des revues récentes qui obéissent aux mêmes principes (« Formules ou Poezi proleter »).
Avant que de nous pencher le plus précisément et le plus objectivement possible sur les mutations qui permettent de comprendre la dernière posture recensée et, plus généralement, l’éventail des aquoibonismes, il convient une fois encore, conformément à la logique de notre démarche sociogénétique, de relativiser des points de vue particuliers. Tout d’abord, dans un article de Littérature, le même poète et critique que cite Prigent opère la distinction, parmi les périodiques de la fin du siècle, entre les revues « plurielles, ou savamment éclectiques » (Po&sie), les revues ouvertes (Action poétique) et les revues expérimentales, électives sans être dogmatiques (Nioques, Revue de littérature générale) — à savoir, entre revues nucléaires et revues polynucléaires (J.-M. Gleize, « Où vont les chiens ? », n° 110, juin 1998, p. 78). L’éclectisme n’est pas la caractéristique première de la majorité d’entre elles : il suffit de parcourir les sommaires de Nioques ou de la Revue de littérature générale pour se rendre compte que leurs contributeurs sont sensiblement différents de ceux qui participent régulièrement à Action poétique, Po&sie, L’Infini ou Fig., sans parler de La Sape, La Revue des Deux Mondes ou la NRF (cf. note 6). Et quand elles offrent une dimension anthologique, celle-ci n’a rien à voir, vu le mode de circulation spécifique et la dominante critique des textes, avec une quelconque « mondialisation culturelle de la poésie », mais ressortit plutôt à une autre relation au théorique : les protagonistes de revues comme Facial, If, Java, Nioques, Poézi prolétèr, ou Quaderno, revendiquent « une liberté cultivée, joueuse, désirante », comme le droit de réinventer « l’invention sans passer par la case programme », manifestant « un besoin de réfléchir en dehors du droit canon » et de se libérer du « carcan des sciences humaines (notamment la linguistique et la psychanalyse) » [cf. note 7 ci-dessous]. Au reste, Jean-Michel Espitallier récapitule sous la forme d’une série d’antinomies les ruptures entre les nouvelles pratiques poétiques et les avant-gardes historiques : « retour du jeu », « détournements narquois », « collage, métissage, mixité des techniques, comique contrôlé et parfois parodique, frivolité de façade, littéralité, travail sur les poncifs, appauvrissement de la langue, écritures basse tension, transdisciplinarité, etc. », versus « virtuosités hyperréférentielles », « chimères des œuvres-monstres », « fétichisme linguistique », « esprit de sérieux » et « fantasmes d’œuvre au noir » [7]Jean-Michel Espitallier, « Composition des trains », préface à Pièces détachées. Une anthologie de la poésie française aujourd’hui, Pocket, 2000, p. 11-13. Voir également Revues en vue.De quelques revues de création littéraire française(débats animés par Thierry Guichard, Besançon, juin 1999), Centre régional du livre de Franche-Comté, 2000.. C’est dire que cette poésie autrement et diversement critique échappe à la dichotomie poésie/théorie.
Quant aux querelles, pour un peu moins retentissantes qu’elles soient, elles existent bel et bien, à commencer par celle qui a éclaté entre Prigent et la revue Java : la parution de Salut les modernes (P.O.L, 2000), qui interpelle nommément de jeunes revuistes se présentant comme la relève des anciennes avant-gardes (Ph. Beck, Quaderno ; G. Cabut, BoXon ; S. Courtoux, Poésie express ; C. Fiat, The Incredible Justine’s Adventures ; D. Garcia, Avis de passage ; Ch. Pennequin, Facial et Poésie express ; C. Tarkos, Facial et Poézi prolétèr ; V. Tholomé, TTC), provoque une réponse anonyme qui ouvre le numéro 21-22, intitulée « Fax-simulé d’une lettre de Christian Prigent à ses amis de Java » (avril 2001, pp. 3-7) — polémique dans laquelle on peut voir une bataille entre Modernes et Néo-modernes (cf. note 6). On n’oubliera pas non plus que le conflit se déclenche parfois au sein même d’un comité de rédaction : c’est ce qui s’est passé en 2004 au Nouveau Recueil, où la ligne conservatrice (les néo-lyriques, rassemblés autour de Jean-Michel Maulpoix) s’est violemment opposée aux quelques novateurs (Corinne Bayle, Jean-Baptiste Goureau…) qui souhaitaient publier un extrait du nouveau roman de Bernard Desportes, dansant, disparaissant. Et c’est parce que l’espace des revues reste un champ de luttes que le responsable de Nioques peut affirmer : « Aujourd’hui encore je fais une revue pour cela : perpétuer une très forte inquiétude critique, une situation de crise […]. Nous sommes donc dans une période polémique » («Nous n’irons plus au bois… », entretien, dans Zigzag Poésie, op. cit., p. 31). Seulement, pour Jean-Marie Gleize, entre les années soixante-dix et la fin du siècle, les lignes de front se sont déplacées et multipliées ; d’où ces tensions qui régissent le champ poétique tout entier : « écriture/oralité, désir du livre/sortie du livre, pulsionalité/rationalité, figurativité/iconoclastie, mimesis/abstraction, lyricité/neutralisation, néoprosodies/autres proses, etc. » («Où vont les chiens ?», op. cit., p. 75).
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En lisant ton article : très surpris de voir que les plus vieilles revues datent du début des années 90, alors que dans le champ contemporain, les plus vieilles seraient davantage : Doc(K)s et Action poétique. Doc(k)s n’étant pas cité d’ailleurs dans cet article, ce qui est fort dommage, d’une part car elle a été le lieu d’une polémique il y a deux ans entre deux lignes de conception de la poésie (d’un côté Frontier, de l’autre des personnes comme Hanna ou moi, ce qui a valu des tires croisés pendant un an dans diverses publications), et d’autre part parce qu’avec son numéro théorie Doc(k)s a certainement donné à lire l’un des plus intéressants panorama de l’approche critique de la poésie actuelle. Ce numéro n’étant rien de moins qu’une anthologie.
Pour revenir à ton article : Il ne faut pas minorer l’argument donné au début : celui de la construction de soi, en tant que volonté de reconnaissance et de plus-valu. Car, tu suis là, une forme de défense certes intéressante, mais très généreuse avec la question de la création des revues : finir avec Gleize et les bons sentiments sur la revue, c’est quand même drôle, cela me semble tenir même, d’une certaine manière de la posture. On s’est quand même à quel point, derrière le langage dévoilé, ce qui est explicité se cache de nombreux énoncés voilés, et en un certain sens, des stratégies de pouvoir.
Il aurait fallu peut-être interroger davantage cette question de la construction de soi, notamment dans des postures de rendement (et dès lors les auteurs qui apparaissent partout quelque soit le lieu de publications), les postures d’enfermement et de regroupement (par exemple certains auteurs qui se retrouvent toujours ensembles quand ils publient), etc….
La question de la construction de soi et de la volonté de la reconnaissance par les autres est des plus importantes. Elle n’interroge pas seulement sociologiquement notre constitution (en quel sens nous adhérons à des champs particuliers de pouvoir, nous nous déplaçons par rapport à des autorités, nous revêtons des formes linguistiques qui enveloppent des pouvoirs symboliques, … en bref ce que tu appelles posture en écho de Meizoz), elle repose aussi sur des formes de constants anthropologiques qui me semblent déterminantes.
Quand je vois le champ poétique contemporain actuel, si je le trouve sympathique, certes un peu mou actuellement, avec moins d’expériences qu’il y a une dizaine d’année, reste que l’on observe bien ce jeu de la volonté de reconnaissance, cette quête d’une forme de visibilité etc…
Dès lors, et Jourde posait bien la question il y a quelques années, en mettant d’une certaine manière en critique MBK, est-ce que l’un des moteurs de la transgression contemporaine, ne viendrait de la volonté d’obtenir une reconnaissance de la part de certain champ constitué ?
De même, est-ce que certaines positions de définitions, de rappel (comme celles de Prigent ou de Gleize) ne seraient pas davantage liées à la volonté d’être reconnu comme les détenteurs de pouvoir symbolique sur les champ dont ils parlent (par exemple ce qui a lieu avec Salut Les modernes, et sa manière de s’adresser, comme instituant symbolique, de ce qui devrait avoir lieu dans le champ contemporain : l’adresse ainsi de la fausse lettre « Mes amis » devenant plus paternaliste, que celle d’égal à égal).
Je ne croi pas qu’il faille minorer tous ces caractères qui agissent dans le sujet.
Oui, cher Philippe, tout à fait d’accord avec toi sur ce point – que tu développes dans ton propre article issu du colloque sur les revues : « La constitution de soi dans la revue » (publication sur LIBR-CRITIQUE juste après la fin de cette enquête « A quoi bon encore des revues de poésie ? » et avant le travail de Stéphane Baquey).
Seulement, la problématique choisie imposait la logique suivante : décrire les façons dont la question a été posée dans le champ entre les années 90 et 2008, puis étudier le spectre des aquoibonismes, en relativisant les points de vue particuliers, pour enfin reconsidérer la notion de CRISE… Mon échelle n’est donc pas la généalogie individuelle – quoique je retrace les trajectoires de Deguy et de Prigent -, mais le champ des luttes collectives, les positionnements qui sous-tendent cette question « A quoi bon… ? »
Et, dans l’étude des enjeux et positionnements, la troisième livraison va enfin aborder l’aquoibonisme novateur, et donc toutes les revues créatrices de DOC(K)S à BOXON, e/carts, FACIAL, TAPIN, TALKIE-WALKIE, TTC …
Car mon sujet ne porte pas sur l’espace contemporain des revues, mais sur les diverses stratégies individuelles et collectives qui se cachent derrière la remise en question de l’espace des revues… C’est ainsi que je vais terminer sur ceux qui ne posent cette question de l' »A quoi bon ? » que pour inventer de nouvelles formes.
Comme on le sait, dans toute recherche hyperspécifique, dans toute démarche critique qui se respecte, il faut construire rigoureusement son objet et bien se garder de toute dérive.
Donc, le plus contemporain, l’analyse précise du fonctionnement des revues actuellement les plus créatrices reste à venir…
Alors vivement le prochain article. Fabrice, si tu peux indiquer pour chaque revue l’adresse et le prix, je t’en serai très reconnaissant.
Merci, Yves ! – et, oui, je vais adjoindre en Annexes des données statistiques et pratiques.
LAMENTABLE !
je viens de r&aliser que boxon
avait payé son stand au salon
de la revue ce weekend à la c’pitale,
puis qu’à la dernière minute,
se sont rendus compte que l’un des leurs
souhaitait fêter ses 36 printemps,
puis kalor sont restés à lyon faire la fête
au lieu d’aller bosser à paris en VSD…
(totalement irresponsables,
ces REVUISTES !)
(c’&st triste…)
En matière de gent-sérieuse, je vous recommande celle des affairistes & banquiers = totalement responsables, ces AFFAIRISTES & Co…
yep personne au stand des box’s à part Claude Yvroud et Canicula. ahahahaha
eh beh
Grande nouvelle que d’apprendre que certains ont pu profiter de nos chaises pour se reposer un peu ! Ils ont raison ! je ne sais même pas s’il y avait nos derniers numéros, même pas annoncés sur notre site qui feignasse à l’annonce du N° 21 ! (on en est au 23 et on bosse sur le 24). (comment ça tapin est mort ? meeeuh non, il se repose,… on fait des grosses siestes chez Box’, c’est tout.)
Je n’ai même plus de boxon23 à monter à Paris samedi. La dèche. Le degré zéro du marketting. Avec cette bande de rigolo qui ne pense qu’à faire de la poésie au lieu de vendre des revues introuvables, on va droit dans le mur… mais c’est en allant dans les murs qu’on les fait tomber, non ? Allons-y gaiement, donc.
Je tiens juste à dire que les numéros 22 & 23 sont de véritables bons crus qui nous redonnent bien la patate dont nous avions besoin.
Yo pas d’bille billy .. Commentvas tu Julien since the time ? Ne news, I hope that good news.
yep. Je lis demain samedi 20.00 à Actoral, par exemple. Nouveau book fini. commandes par ci par là. I’m back ! Tapin doit revenir en forme aussi (j’ai du bon en stock), dès que j’ai du TEMPS ! D’un autre côté, je crois de plus en plus en BoXoN et de moins en moins en TAPIN. car le papier redevient un terrain rare en recherche poétique, et notre expérience devient enrichissante sur ce point.
Je suis de ton avis Julien quant à ce qui concerne le papier. J’ai du mal de plus en plus de mal, à croire au passage au tout numérique. Certes, il va y en avoir, mais surtout ce sera des écriturs multimédias et non pas seulement textuelles. Ce qui n’est pas encore le cas sur les e-books.
Je faisais ce constat l’autre jour à Paris : deux questions qui ne sont pas assez interrogées sont celles du fétichisme de l’objet et de la question de l’espace d’écriture comme lieu même de l’actualisation du texte.
Ce qui me surprend, en fait c’est que l’on plie de plus en plus ce qui est écrit au format. par exemple, il faudrait suivre précisément tout le traval de François Bon sur le formatage des textes pour qu’ils soient lisibles. En ce sens il y a uniformisation de la textualité au format de la liseuse. Or, je croi que la poésie, et en général les tentatives expérimentales en littérature ne séparent pas l’intentionnalité de l’espace d’écriture : un espace est impliqué intuitivement dans le geste d’écrire.
C’est pour cela qu’il a une forte valeur fétichiste ajoutée au livre. Le livre n’est pas un support séparé de l’écriture (même si beaucoup de livres se ressemblent). Un livre est particulier, comme une revue l’est. D’ailleurs la revue, tire là une de ses forces propres qu’il faudrait aussi mettre en lumière : ses formats. Que cela soit par exemple BOXON et son A3, la Respublica et son format tabloïd (cf. aussi TIJA), TW et son format pochette pliée, etc etc
Le support papier apporte une forme de surplus d’existence, car je pense qu’ontologiquement (eh oui les grands mots) il témoigne de notre confrontation à la finitude et à la limite. Il n’est pas un irréel multipEn tout cas c’est bien que tu reviennes : tu nous manquais m friend. Et c’est vrai qu’avec la mort de Thomas, j’imagine que chez les Bonobox’ il y a eu une forme de suspension…
Oui, chers Philippe et Julien, je crois aussi que revue papier et édition numérique sont complémentaires, l’écriture étant étroitement liée au support. Ressortissant à deux codes différents, BOXON et TAPIN sont donc deux projets bien distincts ! (Au reste, tous ceux – amis, collègues et étudiants – à qui je les ai recommandés les ont appréciés en fonction de leur spécificité).
On attend avec impatience le prochain BOXON et le nouveau TAPIN !
C’est pour quand, Julien, le nouveau BoX ?
on y bosse. ça va prendre un bon mois, je pense, le temps qu’on calcule ce qu’on veut faire, qu’on rassemble les textes etc.
Je reviens d’Actoral, ça fait plaisir de voir du monde (fiat, limongi, gagnon, lauzon, farah, etc etc). Le programme était dédié à Thomas, c’était une drôle de bonne surprise.
J’ai fait une lecture sur une vidéo. Charles, sebastien dicenaire et jérome game ont bossé sur la même vidéo les jours précédents, j’aurais aimé voir ça.
Il faut que je fasse une critique du farah, pour ton site ou pour sitaudis, c’est un livre excellent.
OK pour la critique du Farah !
Nous sommes preneurs, oui, pour le Farah. Très bien cela.
NotBilly said, on y bosse. ..
(il &st encore là celui-là,
le négrier de mes 2 ???)
on y bosse… on y bosse…
(j’en foutrais dans les gencives,
bibimoi,
du : on y bosse…)
NEGRIER !!!
Andouill&tteman me cherche… (pour une vague & sordide histoire d’andouillette cachée en contrebande)
Je rectifie : on fait semblant d’y bosser, puis Cyrille fera tout, sur un coup de sang, avec le chef.
Après Andouill&tman vendra sur les marché le produit et les produis dérivés.
Pendant ce temps, pendant qu’il trimera au soleil, je prendrai l’argent pour boire des martini dry dans des paradis fiscaux en faisant le kakou.
Voilà un constat plus vrai que nature.
Il faut se dépêcher car à lavitesse où va l’OVNIprésiente il n’ en aura plus pour longtemps avec les paradis fiscaux.
VOUS AVEZ VU CA LES FILLES ???
C’&ST TERRIBLE !!!
A BOXON AUSSI ON SE BAT EN DUEL AU SOLEIL
MAIS A GRANDs COUPs D’ANDOUILLETTES
& DU MARTINI DRY DANS LA GUEULE !!!
(Tiens, souteneur immonde du vieux monde,
maquereau d’Andouill&ttman le salonneux
au blanc manteau,
prends ça dans ta basket,
négrier assassin de la poésie
gaulo-gauloise chevelue !!!)
qu’est-ce qu’il a fait Fiat à Actoral ? j’ai pas vu sur le programme, j’ai relu et relu et j’ai pas trouvé !
Salut Charles : je ne crois pas que Christophe y ait été programmé… À vérifier !
Pour le moment, je prépare un entretien avec lui pour son tout dernier livre, « Stephen King forever »…
Christophe ? Il a fait « public », et c’est bien sympathique, ma foi, de voir encore des poètes venir quand il ne sont pas dans la programmation. ça faisait aussi plaisir de boire un coup avec lui, ça faisait longtemps. Je l’ai trouvé cool et apaisé.
si je demande ça, c’est qu’il est marqué dans le programme d’Actoral, entre Philippe Eustachon et Francesco Finizio, je l’ai ici sous les yeux. Seulement dans le détail il n’y a rien d’indiqué en fait.
SINON, LA, « ce journaliste »A FAIT VRAIMENT TRES FORT POUR RECONNAITRE CETTE ANNEE LES GENTILS ANIMATEURS DE LA REVUE BOXON AU BOULOT A LEUR STAND…
http://lettres.blogs.liberation.fr/sorin/2008/10/le-nobel-et-le.html
Le Nobel et le misérable
BONUS
Le 11 octobre, j’ai fait un tour au 18ème Salon de la revue, à Paris. J’y ai reconnu les animateurs de Boxon et d’Enculer, voisinant avec les Amis de Valentin Brû (Queneau), les Cahiers Voltaire, la Revue des Deux Mondes, etc. J’ai surtout remarqué l’animateur du C.R.A.M. (Centre de Réflexion sur les Auteurs Méconnus), Bernard Baritaud. Il a créé cette association de lettrés en 1988 pour aider à la réédition d’œuvres oubliées et anime une revue, La corne de brume.