[Manifeste qui nous a été transmis par Hervé Brunaux, poète et directeur du festival Expoésie de Périgueux. Nous avons décidé de le communiquer sur libr-critique. Si vous souhaitez le signer : 1/soit mail à philemon1[@]mac.com, soit en commentaire.]
Monsieur le Président, vous nous paraissez un peu dur de la racine.
Invoquer à longueur de discours les racines chrétiennes de notre pays, c’est non seulement une insulte, par ces temps de monothéismes enragés, à notre belle et fragile laïcité, c’est aussi faire fi des hommes qui ont arpenté nos contrées depuis des dizaines de millénaires. Un héritage culturel ne se limite pas au dessin des frontières. Les Aurignaciens de Chauvet, les Magdaléniens de Lascaux, les Celtes de Gergovie, les Romains de Narbonne, ne nous ont-ils donc laissé aucune empreinte généalogique ? Votre vision sectaire rejoint en une étrange harmonie celle de l’Église catholique, qui a durant des siècles éliminé tout ce qui ne lui léchait pas les bottes, pour s’ériger comme seule autorité morale. Contrairement à ce que vous insinuez illégitimement, ces parangons séculaires d’intolérance que sont les monothéismes, font bien pâle figure face à l’humanisme laïque, pour symboliser l’ouverture à l’autre. Protestants, cathares, Indiens, scientifiques, artistes, sorcières, hommes et femmes libres : l’Église, pourvoyeuse de mort inégalée, a ponctué son histoire de leurs cadavres. En toute impunité rétroactive, alors que les crimes contre l’humanité sont soi-disant imprescriptibles. Ces forfaits sont-ils à ce point négligeables qu’ils vous permettent d’affirmer, contre tout respect de votre fonction suprême, la supériorité des curés sur les instituteurs de la République ? On apprend très tôt à nos enfants que le Père Noël n’existe pas, faudrait-il pourtant continuer de leur faire croire, en une illuminée propagande, qu’un homme était le fils de Dieu et qu’il a ressuscité ? C’est donc ça, votre vision de la transcendance ? Superbe perspective, en effet, pour leur équilibre mental.
Alors, Monsieur le Président, nous appelons tous les mécréants de France à dénoncer vos pernicieuses billevesées, avant que vous n’ayez méthodiquement saccagé l’esprit des Lumières et de la République.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de nos sentiments les plus infidèles.
Collectif d’artistes, d’écrivains, de citoyens libres.
Tu as mille fois raisons Brunaux! Je pousse avec toi!
« L’enseignement et la connaissance sont importants parce qu’ils définissent ce qui, à travers les siècles, a fait de nous des humains, et non parce qu’ils peuvent améliorer notre compétitivité mondiale. »
Drew Gilpin Faust, présidente de l’université de Harvard.
« Si dieu existe, j’espère qu’il a une bonne excuse. »
Woody Allen.
« Vous avez le droit de faire littérature ancienne, mais le contribuable n’a pas forcément à payer vos études. »
Nicolas Sarkozy.
«Si je descends je te mets un coup de boule, alors vaut mieux pas.»
… (J’ai beau me répéter sans cesse que ce vers n’est pas très conforme au modèle du sacro-saint hexamètre dactylique d’Homère, ni à celui du sublime distique élégiaque [Id &st un hexamètre suivi d’un pentamètre] de cette antiquité grecque si chère au coeur d’a&dman ; j’imagine néanmoins, avec la force 14 en moi, ce marin breton titulaire d’une agrégation de grec ancien & d’une autre d’hébreu, simplement pour… « le fun & la beauté du geste ! »)…
signé antoine
la laïcité est un monothéisme aussi intolérant que les autres, articulé comme toute religion sectaire autour d’une doctrine et d’un culte, les deux étant déclarés généralement intangibles; en ce qui concerne cette nouvelle religion qui peine à instaurer ses standards, le culte s’appelle profit et la doctrine propriété privée.
….et femmes
…et mécréantes
vilains machoshéritiersdecathos ;))
Cette religiosité n’a rien d’étonnant quand on a compris l’idéologie qui est au pouvoir = anti-intellectualisme, populisme, néo-libéralisme, secturitarisme…
descendance mon cul
transcendance mon cul
siècle mon cul
arpentage mon cul
héritage mon cul
culture mon cul
république mon cul (même consigné, délabré, que sais-je ? assiégé : mon cul)
moi je pourrais dire je connais un sans papier, homo, petit et malien
c’est con pour lui non ?
tombé dans le pays du siècle des lumières comme il est dit là-haut, où ça fait un bail qu’on n’a pas rétabli le courant, et ça vient pas de sarko, déjà la gauche a pas mal saccagé notre cher esprit, traitant les jeunes des sauvageons et qu’on n’allait pas recueillir toute la misère du monde ! alors moi ce manifeste je le trouve plutôt gentillet, obséquieux même par endroits, et je ne me sens ni héritier d’une culture celtes, ou autre, ni descendant ni des beaux siècles d’ouverture d’esprit, ni partisan d’une république même saccagée, tout ça c’est mon cul, ramassis de belles phrases, et c’est les mêmes qui vantèrent « poésie action directe » !! y a de quoi se marrer !!! putain où y les coluches là de la poésie !!! Vous pouvez faire de la « poésie action directe », une fois, pour de vrai ! au lieu d’ampouler vos phrases, comme si sarko (je m’excuse de l’appeler ainsi), la seule et unique racaille en France, l’homme aux rats !, s’il ne vous chatouillait pas avec ses déclarations, ses « pernicieuses billevesées » qu’il sort de la bouche de bush, sur la religion, ne vous dérangerait aucunement, ne perturberait pas en tout cas vos petites affaires, votre question littéraire.
J’ai cru même que c’était une blague votre pétition ! vous avez du temps à perdre et moi avec, à vous lire, franchement lisez Badiou, il y a bien des choses que sarkozy fait, bien pire que de pernicieuses billevesées, et c’est plus le moment de faire des belles lettres à monsieur le président, en finissant par des « sentiments les plus fidèles » ! bravo les poètes ! vous avez touché l’fond là !
pardon : infidèle ! mais ça m’a échappé, tellement la lettre est tournée de manière très fidèle et n’amenant aucune colère. Je comprends pas ce que vous compter escompter avec ce genre de bafouille !!!
merci Charles, tu rétablis la donne.
Pardon , tu n’établis pas, tu fais table rase, tu refuses l’établi, tous les établis…
C’est la seule façon de faire face, de tenir encore , d’être… si possible…
voilà j’ai eu une descente de cuite pénible, et donc là à jeun je me dis ça sert à rien, faut pas écrire ce genre de trucs, ça alimente que dalle, et je préfère le dire à l’intéressé direct (comme dire des gentillesses pareil) que de faire des commentaires. Ca ne m’interesse pas les centres culturels et l’information littéraire et le tout venant de tout dire, tout penser, tout analyser, je pense que c’est bien ce syte, mais ça manque aussi de vie, parfois, et puis ça va faire des analyses poussées et puis a côté ça va mettre ce genre de bafouille un brin poète franchouillard. Et tout le populo poétique approuve. On s’approuve tous parce qu’on n’existe pas. voilà le drame. Personnellement j’attends plus, moins d’analyses et plus de création, de travail, de forces contraires, violentes, je trouve que l’ensemble fait propre, policé, on peut y parler des rebelles de la poésie tout en roulant dans les bonnes ornières. Je doute qu’il soit encore temps de pratiquer de la sorte, je sais pas non plus ce qu’il faut faire, mais je pense que ça se passe à des niveaux moindres, au niveau de soi, à la portée de soi, soi et les alentours. C’est porter sa part à l’exercice du vivant. Pour ma part c’est avoir des potes sdf, et encourager les sans papiers à publier nos poèmes, voilà, ça pourrai t se porter là, et encourager aussi les jeunes, en écrivant, à prendre les armes, et à tuer sarkozy. pour ma part tous les jours je me demande pourquoi on tue pas tout le monde, même le maire de lille il faudrait le tuer, tous les socialo de merde qui repoussent les pauvres dans le fin fond des villes, qui laissent faire les préfet virer les roms et les gitans, qui ne disent rien sur les grèves de la faim des sans papier, mais parlent juste dans les journaux le jour de la braderie, (”pour plus de démagogie” ça devrait aussi être leur slogan), faudrait les tuer. alors du coup ne parler que de ce qui est essentiel : cest-à-dire par ex le témoignage, le livre témoin de rouillan sur les prisons, parce que sinon on reste entre littérateurs et ça fait plutôt ventre mou que débat ouvert à l’explosif. A quoi ça sert, dites-moi vraiment à quoi sert tout ce manège, tout ce remplissage d’entretien de paroles, pour faire comme les grands mais en mieux, mieux que sitaudis par exemple ? mais tout ça reste dans la poésie, et dedans plein de gens qui font semblant d’expérimenter, mais n’expérimentent que dans la poésie, parce qu’ils s’ennuient peut-être, je sais pas. Par exemple ces poèmes sonores mis sur sitaudis (je critique là mais ici c’est parfois comme ça aussi), je trouve que ça fait dix ans, vingt ans que des poètes font mumuse avec le sonore, la technique, mais aucun souffle de vie là-dedans, rien. quand on écoute la revue « Ou » on est surpris par la vie qui y est, pas là. aujourd’hui il faut réinventer des trucs, ou alors il faut faire à sa mode, a la sienne seul, c’est politique, c’est la politique des vermines, des petits, des gens d’en bas, alors que sur vos sites on dirait parfois que vous prenez tout le monde de haut. Aujourd’hui il faut dire : tout ce qui est au dessus du type de base est mon ennemi. le reste n’est que saloperie de gens qui s’élèvent, littérateurs assis, philosophes en place, généraux de la culture, tout ça au chiotte car jamais ils ne permettront à l’autre de se relever, et se révéler, le laissant dans sa honte, la honte première d’être et qui fait des individus et fabrique des identités.
Le 11/02/2008 à 11:03:47 charles pennequin pense qu’aujourd’hui la poésie de l’avant garde en France est vue, revue, et donc pensée par les universitaires, les sociologues, les philologues, les pédagogues, les policiers de la culture, les flics.
Aujourd’hui, pour le poème, il faut des littérateurs en France alors qu’aujourd’hui, dans tout poème, il faudrait trouver tout ce qui entretien le rapport à la base du texte, tout ce qui fait poème et qui est la base de la vie et de la parole. Aujourd’hui tout ce qui est au-dessus de moi, et tout ce qui se croit au-dessus de mon poème, est mon ennemi. Les généraux, les pédagogues, les éducateurs, les critiques installés et les artistes en place sont nos ennemis, car ils ne permettront jamais à l’homme de se relever et de se révéler, mais continueront à l’enfoncer dans sa honte, sa honte toute première et qu’on prend soin de cultiver, la honte qui fabrique des identités et façonne des individus.
Nous n’avons plus besoin d’individus à forte identité, nous avons besoin d’ouvrir tout à l’explosif. Tout ce qui fait des corporatismes, avec des gens qui se planquent dedans, des savants de savoirs autres, des autres qui se mettent dans des paroles qui ne sont pas les leurs et qui fabriquent ainsi des entités indiscutables, qui finissent par nous coller à notre propre honte. Il faut voir la honte froidement comme un monolithe devant soi, une masse graisseuse, un bloc sans envie en face et passer outre.
Tout ce qui est au-dessus du type de base est mon ennemi
Tous les gens de l’éducation, du savoir, les intellectuel en place forte, tous ceux qui nous font encore croire qu’on peut vivre en l’humanité de la sorte. Ils ne le font pas croire dans ce qu’ils disent, dans leurs analyses poussées, il nous le font croire en ne poussant pas leur analyse poussées, c’est-à-dire il nous font croire qu’il suffit d’aligner des mots, avoir des phrases pour montrer que tout est bien compris, bien vu, analysé, alors que rien n’est vu dans leur programme. Rien n’a été vu car tout est déjà mort, tout est déjà programmé dans leur langue morte. Tout est discours, blabla, que vaut le blabla de tel théoricien par rapport aux gens de télés et de magazines ? rien. Du vent. Toute parole est du vent si elle ne se donne pas comme but de rendre vie, de donner la vie, de provoquer un soulèvement. Aujourd’hui il n’y a aucun soulèvement possible, aucune possibilité car aucune vie dans aucun écrit. Il faudrait, avant d’entamer chaque phrase, avoir des envies de tuer, il faudrait pouvoir voir des étripements possibles. Mais rien dans l’étripement, tout est bad trip dans l’écriture en ce moment, car tout n’est que remplissage de certaines instances contre certaines autres instances. On dit dénoncer, on dit détourner, on dit biaiser, on dit qu’on biaise mais on biaise rien. On dit tenter, opérer, fragmenter, saboter le discours mais tout ça est gentil et tout le monde s’en tape.
Aujourd’hui la poésie tout le monde s’en tape.
Et c’est normal. Il est tout à fait juste de se taper pas mal de la poésie, car elle n’emmerde personne. Soyez en conscient : notre poésie toute confondue n’emmerde pas un seul homme sur terre. Et ne l’aidera donc pas à vivre et surtout à se soulever. Le soulèvement non pas des masses, mais le soulèvement de chacun pour lui-même, pour se soulever déjà contre lui-même n’est pas près de s’opérer. Il n’y a pas de danger. Les instituteurs, les profs de la poésie veillent. Tous les gardiens de la bonne marche de la transgression opérante sont là pour vous rappeler que les poètes n’ont pas à s’intéresser aux gens, c’est-à-dire à leur cracher dans la gueule. Il faut juste des bons pédagogues qui transgressent un brin pour expliquer à l’élève la transgression du brin d’herbe. Et l’élève de s’ennuyer à son tour. Et le prof ensuite de retourner avec ses collègues. Les profs restent entre collègues, et l’élève retourne dans sa crasse. La crasse de l’élève ne transgresse rien. La crasse de l’élève ne lui dit pas que tout ce qui est au-dessus d’elle, au-dessus de sa crasse même, est à foutre en l’air. Tout ce qui est au-dessus de l’élève est ton ennemi. Voilà aujourd’hui ce que toute la crasse des poètes devrait dire.
Aujourd’hui la poésie tout l’monde s’en tape, ce n’est hélas peut-être pas si nouveau.
A parler d’action directe, on ne doit pas oublier l’action indirecte, stratégique car notre malheur d’êtres ordinaires vient que nous sommes face à des stratégies élaborées et cachées. Nous n’arrivons même pas à nommer notre ennemi. On nous a même fait croire que le pire ennemi c’était le racisme. Depuis Le Pen s’est dégonflé et à la place on hérite de qui vous savez ( le nommerai-je, son nom s’efface ) Bravo ça valait la peine d’avoir été taxé de pays raciste par ceux-là même qui détournent l’information, mieux qui la fabriquent et qui se réjouissent de nos divisions.Je répète : on n’arrive même pas à nommer le mal. La lutte des classes pourtant, ça expliquait pas mal, non ? Méfions-nous des élans et des transferts d’un champ vers l’autre. Il faut bien peser l’histoire de l’un et de l’autre. La poésie est difficilement transportable vers le politique. Depuis que l’ouvrier a muté, la théorie de la lutte des classes a été effacée, son signifié s’est perdu en route dans la grande course à l’image. Faut-il encore faire des métaphores ?
ce président qui préside des morts rien que des morts des dieux morts mais laissons les divinités en paix puiqu’elles ne sont plus j’ai vraiment la nausée où sont les vivants merde ceux qui ne vénèrent que leur voisin humain et laisons dormir les cadavres de l’holocauste dans leur silence serein et leur fière solitude ils n’ont pas besoin de délires démago ne levez pas les esprits défunts…
candide vous parlez bien mais quand je dis les poètes je dis avant tout des types et typettes intelligents qui savent lire.
je n’en reviens pas qu’ici on coupe les rondelles jusqu’à plus soif
à parlementer finalement
vous êtes de bons parlementaires finalement
mais il y a des intellectuels qui valent le coup
De quoi Sarkozy (il le nomme, lui) est-il le nom est un livre à lire
l’insurrection qui vient est un livre à lire
chroniques carcéral est un livre à lire
point final
vous en avez pas marre de ratiociner à longueur de temps ? quand on lit chronique carcéral on étouffe ! on étouffe, man ! « Pesez l’histoire de l’un et l’autre », « la poésie est lourde », « encombrante » (ben oui) « faut-il faire des métaphores ». vous êtes vraiment jolis les poètes là, lisez chroniques et vous étoufferez, vous n’en pourrez plus, tout ce qu’il dit sur les types massacreurs de palestiniens ou autres, reçus à l’Elysée pendant que des types croupissent, les conditions de vie dans les prisons sont le reflet de ce qu’on nous réserve. la prison c’est le champ expérimental de notre société, c’est ce qui vous attend tous. il va falloir piger ça, piger qu’il n’y a plus de matons face aux détenus mais des escadrons super équipés devant des hommes qui n’ont que le poing pour se défendre. Et ça sera notre tour, quand enfin (je dis bien « ENFIN!!! » bordel de merde !) viendra la colère, la rage (mais oui mais oui pierre le pillouer et tant pis pour les oukaze et ceux qui se disent de tel bord, lambertiste ou autre, pour éviter à tout prix que ça bouge). Moi je vous attend, j’attends des jeunes, j’attends vraiment qu’il soit plus possible de respirer. Seule une race à la dérive, au bord de l’asphyxie a des choses à dire. Et c’est bien DANS LA POESIE que parfois ça a parlé et bien ! Car parler de la race c’est être hors d’elle. parler de l’humanité c’est la voir en face, la regarder bien dans les yeux, et se voir dedans, mais aussi à l’extérieur. Et c’est bien dans la poésie que de nombreux poètes auraient préféré s’oursifier (Maïakovski). Un jour on en finira avec tout ce qui se dit mal (et même en poésie) quand la pensée contredira toutes les cadences.
Cher Charles, faut pas t’énerver, les « belles phrases », « limite obséquieuses », c’est fait exprès, c’est de l’ironie eh oui, du vernis de foutage de gueule… Trop facile, pas marrant, d’insulter les terroristes cathos, plus grands criminels de l’histoire de l’humanité, avec du verbe terroriste. J’ai toujours trouvé la résistance plus incisive sous le déguisement d’un beau style bien bourge, entrer dans le saindoux du saint par ses propres armes.
En tout cas, les artistes d’aujourd’hui devraient être les premiers à avoir une pensée pour leurs collègues de siècles où la vraie poésie était poésie action, oui, jusqu’au bûcher, et pas une simple engueulade au comptoir.
Et ceci dit, moi je maintiens, je me sens largement plus héritier des Magadléniens de Lascaux et des troubabas et des troubadours, que des gros-colons de l’esprit aux croix repues de souffrance.
tu réagis maintenant je ne sais plus quoi te dire, il s’en est passé des choses depuis, et puis on a fait l’armée noire grâce un peu à ça. les gros-colons de l’esprit aux croix repues de souffrance c’est quoi ? pour ma part je ne fais pas que m’engueuler au comptoir et j’espère que mesrine fera un peu bouger, je l’espère. je pense tout de même que c’est une erreur d’utiliser la langue des maîtres pour parler.
Oui, je réagis trop tard, j’ai pas eu le temps de suivre cette histoire, et vu les agressions que j’ai lues, juste pour une histoire de forme parodique incomprise, j’aurais bien voulu le faire plus tôt. Les « croix repues de souffrance » ? A la base de beaucoup de choses dont tu parles, il y a ça. Depuis 2000 ans on nous dit de baisser la tête, on nous dit de lécher le sol et les pieds de divinités qui nous attendent au coin du bois des péchés pour nous promettre le pire si on fait un pas de côté, on nous inflige à tous les coins de place un type qui en chie sur une croix pour bien nous montrer que notre sort à nous est enviable tout compte fait, qu’il faut pas en demander trop… Tout gosse, il faudrait qu’on se trimballe un gros sac de culpabilité, comme ça on est plus facile à contrôler. Faut pas se gourrer, les premiers maîtres comme tu dis, on les trouve là, bien installés au fin fond de notre esprit par les curés de l’histoire qu’on traîne sans nous en rendre compte, par tous les sbires de la morale que, c’est sûr, la poésie ne risque pas d’emmerder beaucoup. C’est pas une raison pour pas s’en servir pour se sentir libre, même si c’est une illusion, autrement ce serait encore une trop belle victoire pour eux. Et cette langue que tu rejettes n’est pas que la langue des maîtres, elle a été la première arme aussi contre les maîtres, qui n’aimaient pas qu’elle soit trop affûtée, donc trop lucide. Ne nous trompons pas de combat : moi, je veux avoir de la mémoire pour ceux qui s’en servaient si bien, de ctte langue, que ça les a conduits au cachot ou sur les bûchers. Et je veux me revendiquer haut et fort mécréant quand je vois ressurgir, justement, l’admiration pour ces maîtres ès religions qui ont faisandé et domestiqué nos esprits. Le pape, et tous les dignitaires des monothéismes devraient être traduits devant le tribunal de La Haye pour crimes contre l’humanité, puisqu’il paraît qu’ils sont imprescriptibles.