Du jeudi 12 au samedi 14 novembre, se tiendra à l’Université Paris VII un colloque international autour de l’oeuvre de Bernard-Marie Koltès, organisé par Christophe Bident, Christophe Triau et Arnaud Maïsetti.
"Dans une lettre adressée à sa mère en 1968, à vingt ans, Koltès parlait de cet âge comme l’âge de la décision, l’âge où il s’agit de prendre des risques : "n’est-ce pas cela, avoir toujours vingt ans." 1989-2009 : vingt ans après la mort de l’écrivain, la critique doit elle-même prendre ce risque en retour, le risque de ces textes – le risque de se saisir de cette œuvre mouvante et contemporaine sans tomber dans le piège de la projection facile dans une époque donnée, sans non plus la réduire au masque qu’on a trop souvent voulu faire porter à B.-M. Koltès. Ses lettres parues récemment témoignent pour elle-même d’une vie éprouvée dans l’acquiescement, et les textes continuent de dire, encore et encore, un bout de notre monde dans l’appartenance et le désir" (Arnaud Maïsetti).
Présentation du colloque :
Vingt ans après la mort de Bernard-Marie Koltès, ce colloque se voudrait l’occasion de reconsidérer son oeuvre, et son actualité, passées les années de consécration qui marquèrent la fin du siècle dernier. La décennie qui suivit la disparition de l’auteur vit en en effet, sur la lancée de la reconnaissance qui s’était initiée dans les années 1980, l’oeuvre érigée, avec une rapidité rare, au statut de classique contemporain. Une telle consécration n’a d’ailleurs peut-être pas été sans malentendus, tout du moins sans ambiguïtés dans la manière dont une époque a ainsi pu se saisir de cette œuvre et se projeter en elle. Son énorme succès, scénique et littéraire, s’est ainsi appuyé sur l’évidence d’une contemporanéité qui n’avait sans doute d’équivalent que la difficulté de son assignation : car s’il était manifeste que l’oeuvre de Koltès exprimait fortement quelque chose du réel et du temps dans lequel elle s’inscrivait, cette actualité ne saurait se réduire à la seule présence de motifs, thèmes ou références ostensibles et générationnels (la violence, le deal, les marges, le métissage, l’obscurité du désir, les difficultés du dialogue, les échecs de la transmission). Échappant à toute tentative de réduction (ce qui n’est sans doute pas pour rien dans le relatif reflux qui succède actuellement à la vogue des années 90), l’oeuvre résiste aux projections de clichés fin-de-siècle comme d’icônes de tous âges. S’efforcer de la ressaisir à l’occasion de ces vingt ans – " 20 ans, l’âge du risque", écrivait Koltès dans une lettre de jeunesse – ce serait donc interroger encore et toujours en quoi elle nous est contemporaine : son actualité peut-être intempestive, la manière dont elle témoigne d’un glissement historique dans le sillage confus duquel nous nous trouvons encore ; son acuité et sa complexité dramaturgiques ; la manière dont elle s’arme comme espace d’appartenance au monde, c’est-à-dire sa politique et aussi, sans doute, son éthique.
Christophe Bident ; Arnaud Maïsetti ; Christophe Triau.
Programme
Jeudi 12.11.09 : KOLTÈS, MAINTENANT (séance présidée par Albert Dichy, IMEC ; salle Pierre-Albouy, Grands Moulins, bâtiment C, 6e étage)
10h15 : Trente ans après, par Anne- Françoise Benhamou (Université Paris 3) ;
11h00 : Qui a peur de Bernard-Marie Koltès ?, par Cyril Desclés (metteur en scène) ;
11h45 : Le sens du monde, par Christophe Bident (Université Paris 7).
KOLTÈS CINÉMA (séance présidée par Arnaud Maisetti, Université Paris 7 ; salle Pierre-Albouy, Grands Moulins, bâtiment C, 6e étage)
15h00 : Présentation de La Nuit perdue, par Yan Ciret (essayiste, producteur à France-Culture) ;
15h15 : Projection de La Nuit perdue, film réalisé par Bernard-Marie Koltès ;
16h45 : Cinéma Koltès, par Jonathan Degenève (Université Paris 3), Hervé Joubert-Laurencin (Université d’Amiens) ;
17h30 : Témoignage de Madeleine Comparot.
vendredi 13.11.09 : POÉTIQUE ET REPRÉSENTATION (séance présidée par Jean-Pierre Sarrazac, Université Paris 3 ; salle des thèses, Halle aux Farines, 580F – accès unique par l’ascenseur F)
10h00 : Modalités d’expansion de la réalité représentée dans Le Retour au désert de Bernard-Marie Koltès et Au monde de Joël Pommerat : la complexité des phénomènes naturels ou le réel comme visée, par Marie Vandenbussche (Université de Poitiers) ;
10h45 : Métaphores de Koltès : éclats d’un Theatrum Mundi , par Jérémie Majorel (Université Paris 7) ;
11h30 : Au bord du chant, par Danielle Cohen-Levinas (Université Paris 4) ;
12h15 : Le souffle de Koltès : les inventions de l’autre dans La Nuit juste avant les forêts, par Amin Erfani (Université Emory, Atlanta).
DRAMATURGIES (séance présidée par Sabine Quiriconi, Université Paris 10 ; salle 785C, Grands Moulins, bâtiment C, 7e étage)
15h00 : Réécritures – ou le triomphe du bongo, par Arnaud Maisetti (Université Paris 7) ;
15h45 : Perdre le nord : le malaise post-colonial dans le théâtre de Koltès, par Emmanuel Wallon (Université Paris 10) ;
16h30 : Le Retour au désert commence-t-il comme un vaudeville ?, par Florence Dupont (Université Paris 7) ;
17h15 : Fiction, impressions, perception, par Christophe Triau (Université Paris 7).
samedi 14.11.09 : KOLTÈS HORS-FRONTIÈRES (séance présidée par Jean-Pierre Ryngaert, Université Paris 3, salle Pierre-Albouy, Grands Moulins, bâtiment C, 6e étage)
10h00 : Koltès en traduction : quelques exemples du portugais et de l’anglais, par Régis Salado (Université Paris 7) ;
10h45 : Koltès aux Etats-Unis (entretien vidéo réalisé par Amin Erfani), par Isma`il Ibn Connor (metteur en scène, Seven Stages, Atlanta) ;
11h15 : Le Retour au désert de Catherine Marnas, par Guillaume Pinéon (Université Paris 7).
KOLTÈS POLITIQUE (séance présidée par Christophe Bident et Christophe Triau, salle Pierre-Albouy, Grands Moulins, bâtiment C, 6e étage)
15h00 : L’horizon d’attente littéraire et social, par André Job (Université B. Pascal, Clermont-Ferrand) ;
15h45 : De l’anarchisme christique à l’hypothèse communiste : une poétique darwinienne, par Yan Ciret (essayiste, producteur à France-Culture) ;
16h30 : Dramaturgie et capitalisme, par Yannick Butel (Université de Provence).
Site de l’auteur : www.bernardmariekoltes.com ; pour tout contact : koltesmaintenant.info@gmail.com.