Il nous semble important de relayer ce message de Patrick Cahuzac, le responsable éditorial d’Inventaire/Invention (maison d’édition + site), structure mise en danger par le désinvestissement de l’État. C’est important parce que nous apprécions à sa juste valeur ce lieu de création devenu crucial, mais aussi pour la survie même de bon nombre de structures culturelles.
Nous appelons à soutenir le mouvement de protestation contre le "désengagement de l’Etat dans la culture" qui, selon le communiqué du site et des éditions Inventaire-Invention, devra prendre l’ampleur nécessaire à partir du vendredi 29 février, à 15 h Place du Palais Royal.
Il y aura aussi des rassemblements en province.
Merci de votre attention.
Chers amis,
Au mois de mai 2007, quelques jours après l’élection présidentielle, le Ministère de la culture annonçait à la direction d’Inventaire/Invention une baisse de 15% de son soutien pour l’année en cours. Cette baisse portait essentiellement sur nos actions en faveur du développement de la lecture en banlieue parisienne, et en Seine-Saint-Denis en particulier. Cette décision prise sans concertation d’aucune sorte nous a tous ici scandalisés. Sur le fond, rien ne pouvait la justifier.Quant à la forme, qu’on en juge : annoncer à une structure, en milieu d’année, que son budget sera amputé dans de telles proportions, c’est la plonger dans des difficultés à peine imaginables… Nous y avons fait face comme nous avons pu.
Aujourd’hui, le Ministère de la culture revient de plus belle à la charge et nous annonce cette fois, pour l’année 2008, une baisse supplémentaire de 35%des aides apportées à Inventaire/Invention pour l’ensemble de ses actions…
Nous tenions aujourd’hui à vous informer de cette situation pour deux raisons : la première tient au fait qu’il nous paraît normal de vous dire, à vous, qui êtes nos lecteurs et nos amis, qu’Inventaire/Invention est en danger. La seconde vient de ce que le Ministère de la culture communique abusivement sur un budget 2008 qui, dit-il, ne diminue pas. Or, un des piliers de ce budget, "l’action en faveur de la démocratisation culturelle", qui recouvre toute l’action culturelle de toutes les structures aidées par le Ministère est en baisse, lui, de 17%. Ce qui signifie en clair le démantèlement de toutes les actions de fond menées en direction du public, dans tout le pays. Des milliers de structures, petites, moyennes ou grandes sont actuellement frappées et licencient à tour de bras. Mais pour l’instant peu de voix s’élèvent, et, sur ces questions, l’information circule mal.
De notre côté, nous ne savons pas encore de quelle manière nous réagirons, mais nous réagirons, soyez en sûrs".
bonjour,
nous venons apporter notre soutien à « inventaire-invention » et vous faire part de ce qui nous arrive et qui, visiblement arrive à beaucoup d’autres.
nous sommes une association d’ateliers d’écriture dans le creuset de « la création littéraire » et nous sommes aussi un organisme de formation via l’écriture (dans les hôpitaux psy et auprès des éducateurs d’ados principalement). depuis neuf ans, nous organisons chaque année lors du week-end de Pentecôte (!) et sur trois jours, une rencontre d’écriture-s nommée « les petits toits du monde » et qui accueille principalement des poètes et aussi des écrivains, des plasticiens, des éditeurs singuliers ; lesquels en plus des lectures ou des présentations d’éditions, de revues ou en plus des expositions, animent des débats, des réflexions et des espaces de partage de leur atelier de création avec le public. nous sommes situés dans les Alpes de haute Provence, dans une vallée rurale et retirée et là, chaque année une centaine, quelquefois plus, de personnes assistent et participent à la rencontre – gratuite- durant ces trois jours. nous étions jusqu’à ce jour soutenus par le CNL à la hauteur de 3500 € par an (!), ce qui ne nous payait pas mais permettait de payer les lectures, les transports, les repas et l’hébergement des invités ainsi qu’une petite partie des plaquettes du programme et… cela nous suffisait … cette année, plus rien. le CNL, dans un courrier de 5 lignes nous invite à nous adresser à notre DRAC, laquelle nous dit clairement qu’elle n’a pas les moyens de remplacer le CNL, donc rien de ce côté là non plus. ceci pour dire que, etc… vous connaissez la suite… nous ne pourrons être à Paris fin février pour dire notre colère ou plutôt notre tristesse, mais nous sommes de tout coeur avec vous…
nous vous accueillerons avec plaisir aux Petits Toits du Monde 2008 qui se tiendront vaille que vaille les 10, 11 et 12 mai dans la vallée du Jabron… et nous commençons à réfléchir sur le comment poursuivre, tout comme un grand nombre d’associations culturelles…
bien cordialement à vous tous,
pour Terres d’encre, Frédérique de Carvalho (www.terresdencre.com)
Merci pour votre soutien et votre action. Et bon courage pour la suite !
Ce genre de témoignage, loin dêtre isolé, doit renforcer notre vigilance/résistance…
Chronique d’un massacre annoncé & désormais en cours de réalisation: quelques chiffres après quelques débats/Rencontres en Rhône-Alpes…
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L’idée dominante &st que nous vivons un tournant très grave dans l’histoire des politiques culturelles en France – au cœur de l’idéologie du projet présidentiel, l’idée même que la culture relève d’une responsabilité publique &st aujourd’hui remise en cause ; La lettre de Sarkozy à Albanel sur la culture annonçait la couleur ; cette lettre, d’une gravité extrême pour la création & le spectacle vivant pointe un fait majeur, l’importance de la connaissance & de la culture dans la société & l’économie, mais vise en fait à les standardiser en « actifs comptables », valorisables, pour les soumettre à une financiarisation généralisée. Dans ce pays, l’esprit des affaires prétend s’imposer désormais ouvertement aux affaires de l’esprit, avec toutes les conséquences qui en découlent.
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Après la réforme de 2003 des annexes 8 et 10 concernant les intermittents du spectacle, aggravée en juin 2007, le désengagement de l’état, & ce n’&st qu’un début, ne nous leurrons pas, débouche sur ce que l’on peut maintenant appeler un « Plan de restructuration sociale du secteur culturel indépendant »
Tout cela s’inscrit dans la « Révision générale des politiques publiques » (R.G.P.P.) décidée par le Président de la République,
« dont on dit en interne au Ministère de la Culture que l’objectif &st de minorer de quinze à vingt pour cent les crédits de la Culture. »
Globalement, pour aller vite, si le programme N°131 ( Création ) &st amputé de 10% en moyenne, c’&st le programme N°224 ( Transmissions des savoirs & démocratisation culturelle : politiques territoriales – actions spécifiques : hôpital, handicap, justice – éducation culturelle & artistique – politique de la ville &tc.) qui « …implose! »
Nous avons donc quitté le siècle de l’exception culturelle pour rentrer dans celui de l’exécution culturelle.
En Région Rhône-Alpes, pour ce que j’en sais, les aides aux projets dans les domaines de culture scientifique, culture multimédia, réseaux de pratiques amateurs, développement culturel en milieu rural sont supprimées.
Concernant la politique de la Ville, le budget DRAC droit commun &st amputé de 200 000 €.
Dans le domaine de la culture, le manque à gagner pour la ville de Lyon induit par le budget 2008 de la culture représentera 850 000 € pour l’ensemble des grandes institutions artistiques de notre ville : 400 000 € pour l’Opéra, 95 000 € pour l’Orchestre National de Lyon. Menaces sur le défilé de la Biennale de la danse 2008. Autre inquiétude, la suppression des postes de conservateur de bibliothèque dans les grandes villes envisagées par l’Etat. A Lyon, cela représente 14 postes.
…
Quand de grandes structures, des opéras sont menacés avec des subventions largement amputées, que se passer-t-il pour les « petits », toutes ces structures indépendantes qui font un travail de terrain en relation avec les habitants ?
…
En Rhône-Alpes donc, c’&st moins 6 % pour l’ensemble des institutions et structures. 6 % soit 500 à 600 millions d’euros en moins pour la culture.
(En PACA, c’&st moins 1,7 millions d’euros… En IdF, l’Action Politique de la Ville &st purement & simplement « rayée de la carte! »)
Si ces baisses sont significatives pour les institutions culturelles (de 4 à 6 % voire 10% pour les « moins essentielles » aux yeux du ministère), elles sont d’ores & déjà dramatiques & dévastatrices pour les structures culturelles dites « indépendantes » (compagnies, collectifs &tc.). Ce sont elles les plus importantes en matière d’emplois d’intermittents, dans le spectacle vivant notamment.
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Sur les fameux 34,7 millions de rallonge de Madame le Ministre, c’&st 5 millions pour les actions décentralisées. (Quelle manne… !)
Ce ne sont que quelques chiffres & informations, nous en avons hélas d’autres, tout aussi consternants.
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La Fédération des acteurs « culture multimédia » se joint à l’appel de l’Ufisc.
N’hésitez pas à le faire circuler le plus largement possible.
Diversité artistique et culturelle en danger !
L’Etat a décidé de réduire le budget qu’il consacre à la culture. Les
acteurs culturels commencent l’année 2008 dans la plus complète
incertitude concernant leurs financements. Les plus touchées par ce
désengagement de l’Etat sont les associations artistiques et
culturelles, compagnies, salles de spectacles, lieux d’accompagnement
des pratiques amateurs… qui constituent le vivier de la création et de
l’innovation, et sont par leur proximité les premières interlocutrices
des populations.
Les baisses annoncées touchent au financement de la création et de la
diffusion. Mais plus encore, à l’heure où l’éducation artistique et le
droit à la culture pour tous sont affirmés comme prioritaires par le
Président de la République, ce sont les aides aux actions culturelles
en zone rurale, dans les quartiers, les écoles, les hôpitaux, les
prisons… qui sont largement diminuées, voire annulées.
L’Etat, en se désengageant, démantèle le maillage artistique et
culturel français, renforce les inégalités territoriales, lamine
l’action de proximité et confine les populations à l’offre unique et
globale des industries du divertissement.
L’Etat refuse de voir l’importance économique, sociale et symbolique
des milliers d’équipes qui font la dynamique artistique et culturelle
de notre pays. En faisant reposer les baisses de crédits sur des
structures qui sont parmi les plus fragiles du champ culturel, et en
centralisant ses moyens sur ses propres institutions, l’Etat met en
danger la diversité artistique et culturelle en France.
Il n’y a pas de diversité artistique et culturelle sans diversité des
initiatives sociales et économiques et sans reconnaissance réelle du
droit culturel de tous les citoyens français.
Par cet appel, l’UFISC (Union Fédérale d’Intervention des Structures
Culturelles) demande :
– l’arrêt immédiat des baisses annoncées par l’Etat,
– la concrétisation d’une politique ambitieuse, innovante et
démocratique, prenant en compte l’ensemble des acteurs,
– la mise en place d’espaces de concertation en régions.
Et nous appelons les publics, l’ensemble des compagnies, lieux,
associations d’éducation populaire, artistes amateurs et
professionnels, bénévoles, élus locaux, directeurs des affaires
culturelles, médias, et tous ceux qui pensent que la culture de
proximité et la diversité artistique ne doivent pas disparaître, à se
rassembler dans toutes les régions de France vendredi 29 février.
A Paris, rendez-vous est donné à partir de 15 h, place du Palais Royal,
pour un CULTURETHON géant !
En régions, nous appelons les acteurs à se rassembler devant les
préfectures, par exemple. N’hésitez pas à nous faire part des actions
qui seront menées dans vos régions, celles-ci seront relayées sur
http://www.29fevrier.over-blog.com/
Avant et après le 29 février, retrouvez toutes les infos sur cette
mobilisation, à Paris comme dans les autres régions, sur
http://www.29fevrier.over-blog.com/
Contact mail : 29fevrier [at] gmail.com
Télécharger l’appel à la mobilisation :
http://www.lerif.org/docs_Blog/rubrique_dossiersRIF/UFISC_appel_29_fevrier.pdf
Voici, relayé par le Forum du Blanc-Mesnil, l’appel des acteurs culturels de Seine Saint-Denis. Que vous soyez de Seine-Saint-Denis ou non, si vous souhaitez rejoindre notre action, merci d’envoyer votre soutien à cette adresse: billetterie@leforumbm.fr
Le texte de l’appel est sur: http://www.forumculturel.asso.fr/0708/home.php
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L¹Etat abandonne l¹art et la culture. Et vous ?
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Nous sommes acteurs artistiques et culturels du département de la Seine-Saint-Denis, dans la diversité de nos statuts : centres dramatiques nationaux, scène nationale, scènes conventionnées, théâtres de ville, nouveaux territoires de l¹art, espaces d¹art visuel, cinémas plublics, équipements de musiques actuelles, festivals, compagnies et artistes indépendants.
Nous subissons tous des réductions importantes (pour certains jusqu¹à – 80% !) des crédits jusque-là affectés à nos structures par le ministère de la Culture.
Cette réduction concerne particulièrement ce qui constitue un beau paradoxe en ces temps de « plan pour la banlieue » tout le domaine habituellement nommé « démocratisation culturelle ». Il s¹agit de toutes les actions que nous menons en direction des populations pour rendre possible la rencontre avec l¹art dans nos cités.
Il est évident que plus l¹oppression sociale est grande, plus les difficultés quotidiennes auxquelles se confrontent les familles limitent l¹horizon de vie, plus la possibilité de s¹intéresser à l¹art, aux ¦uvres, est improbable. L¹exclusion et les discriminations s¹en trouvent ainsi renforcées. D¹autant plus que certains considèrent que la culture n¹est de toute façon pas une priorité, face aux problèmes de logement, de survie économique.
Plutôt que parler d¹art, on prône alors une culture au rabais, instrumentalisée dans le meilleur des cas pour la paix sociale, l¹occupationnel. Et l¹on finit par ne même plus parler de culture, et par répondre à l¹immense souffrance qui s¹exprime dans nos quartiers par un déploiement de la force sans cesse plus massif.
Pourtant, l¹un des principes fondateurs de l¹émancipation humaine ne réside-t-il pas justement dans l¹effort pris en charge par la société tout entière pour que chacun puisse avoir accès au savoir, aux ¦uvres des auteurs ? Il s¹agit bien sûr de définir ainsi un horizon de responsabilité publique, sans jugement de valeur sur tel ou tel comportement individuel.
Mais à une époque de plus en plus écrasée par l¹uniformisation des esprits créée par les industries culturelles, les démarches singulières vers la fréquentation de tel ou tel auteur ne vont pas de soi pour le plus grand nombre.
Il faut en créer les conditions. C¹est ce que nous nous acharnons tous à faire, dans la diversité de nos disciplines, de nos approches.
Tous, nous recherchons le contact et le partenariat avec les établissements scolaires, les associations, les centres sociaux, de multiples organismes pour que la population dans sa multiplicité puisse être mise en contact avec le théâtre, la danse, les arts plastiques, la musique et les images non marchandes, la littérature.
Tous, nous savons que sans une politique publique forte, des territoires entiers seront désertés par l¹art et la culture, justement ceux où les personnes qui y vivent en sont le plus éloignées.
Ce sont les crédits qui nous permettent de mener ces actions qui se trouvent le plus gravement amputés. Nous ne pouvons pas l¹accepter, au nom de l¹équité sociale, au nom du développement harmonieux de notre société. Dans ce domaine également, se met en place une mécanique profondément inégalitaire : santé, enseignement, emploi, logement, culture, la logique libérale à l¹¦uvre va se traduire par des centaines de milliers, voire des millions de citoyens laissés sur le bas côté. Et donc par une société malade.
Pour ce qui nous concerne, nous appelons à un large rassemblement citoyen, à l¹établissement de toutes les convergences avec les enseignants, les associations, les acteurs du secteur social, de la politique de la ville, tous les partenaires naturels de nos démarches. Pour la première fois dans l¹histoire de la Vème République, non seulement l¹Etat n¹augmente pas les crédits de la culture, mais il les diminue. Cette baisse pourrait-être fatale à nos activités.
Nous demandons :
– le rétablissement par le ministère de la Culture de tous les crédits amputés sur l¹exercice en cours, aussi bien pour la création que pour les actions artistiques et culturelles
– la programmation d¹un effort significatif dans ces domaines pour les exercices à venir
Premiers signataires :
Patrick Cahuzac (Inventaire/Invention), Patrice Cahen (Cinéma Louis Daquin, Blanc-Mesnil), Yvane Chapuis (Les Laboratoires d¹Aubervilliers), Cendre Chassanne (cie Barbès35, Montreuil), René Chéneaux (cie Kick Théâtre), Claude Coulbaut (direction de la Culture du Conseil général), Anna Defendini (CCAS EDF GDF), Forum de Blanc-Mesnil, Antonio Gallego (plasticien), Régis Hébette (L¹Echangeur, Bagnolet), Emmanuelle Jouan (Théâtre Louis Aragon, Tremblay-en-France), Véronique Lescluse (Espace Michel Simon, Noisy-le-Grand), Olivier Marboeuf (Khiasma, Les Lilas), Gilles Sampieri (Le Colombier, Bagnolet), Michèle Soulignac (Périphérie, Montreuil), Denis Vemclefs (Espace 1789, Saint-Ouen)Š..