La loi lang sur le prix unique du livre en danger, du fait de l’amendement à la Loi de Modernisation de l’Économie (LME) déposée par Christian Kert (UMP, Bouches-du-Rhône) et Jean Dionis du Séjour (Nouveau Centre, Lot-et-Garonne).
Alors que la loi Lang de 1981, est souvent définie comme l’une des premières lois de dévéloppement durable, tel que le rappelle Le Monde dans un article du 29mai, au sens où elle permet par la fixation d’un prix unique du livre quelque soit le vendeur et ses stratégies (prix ne pouvant être baissé pendant 3 ans en-dehors d’un rabais de 5% offert directement lors de l’achat), de protéger les librairies indépendantes face aux gros vendeurs qui pourraient casser les prix, sa modification telle qu’elle est proposée par Christian Kert et Jean Dionis, pourrait ouvrir une crise du livre.
Les deux députés proposent de passer de 3 ans, à un an (initialement ils proposaient 6 mois) la fixation du prix unique. Au bout d’un an, le prix serait libéré, et dès lors il est évident que les libraires indépendants, ne pourraient suivre les remises offertes par exemple par des vendeurs comme Amazon. Vendeur bien sûr favorables à ce type d’amendement, comme peut l’être de même, Michel Edouard Leclerc.
Si un tel amendement, ne touchera pas d’une manière générale la petite édition, qui ne fonctionne ni sur la rétribution des écrivains, ni ne se vend d’une manière privilégiée par le biais des gros vendeurs, toutefois, cela fragilisera d’autant plus les librairies indépendantes (qui elles sont des lieux où les livres de littératures exigeantes sont visibles) et de même déstabilisera pour une part des éditeurs de moyenne importance nationale comme POL ou Verticales.
Cependant, s’il est important, bien entendu de réagir face à cette possible dérégulation, qui a eu un impact très négatif par exemple depuis 1995 en Angleterre, reste qu’il est aussi urgent de réfléchir à d’autres modalités d’existence du texte littéraire. Est-ce que le livre-papier est le seul et unique support pour la lecture. Si pour une part, j’ai déjà expliqué mon point de vue (et ceci sans que je sois attaché d’une manière fétichiste au livre), toutefois, comme le rappelle très régulièrement et avec pertinence François Bon, et comme il l’expérimente aussi avec publie.net, le support numérique, peut être une forme d’alternative réelle aux problèmes économiques et de distribution liés à l’économie matérielle du livre. [1]Il est remarquable de voir la qualité des auteurs qui sont publiés sur Publie.net, qui actuellement, en quelques mois devient le lieu privilégié pour trouver certains textes contemporains, certaines recherches. De plus, il est à noter, et ceci à la lumière des derniers textes mis en ligne, que nous n’avons plus à faire seulement à des créations originales, mais aussi à la reprise de textes déjà publiés en livre, mais quasi-inrouvables. C’est ainsi que la dernière mise à jour, permet d’acquérir, aussi bien Coupe carotte de Lucien Suel, initialement paru aux éditions de Derrière de la salle de Bain, ou Zone d’activité d’Eric Chevillard.
Car, il ne s’agit pas de se battre pour la seule survie des maisons d’édition (qui elles-mêmes d’ailleurs pourraient être critiquées quant à leur choix, aux réseaux d’influences qu’elles peuvent tisser, à leur complaisance, à leur logique de copinage, etc…), ni non plus pour les seules librairies indépendantes (même si elles ont une importance réelle), mais bien de réfléchir aux nouvelles possibilités offertes pour la circulation des textes littéraires. Comment faire en sorte que certaines littératures puissent exister, alors qu’aussi bien les éditeurs dans leur immense majorité, que les librairies de même, ne permettent plus à ces textes d’apparaître, du fait de la rotation de plus en plus rapide des titres ?
La question du livre unique ainsi n’est pas à séparer de la réflexion globale que nous devons mener vis-à-vis de ce que nous appelons la litérature et de ses modalités possibles d’existence.
Communiqué du 30 mai de La maison des écrivains et de la littérature :
Il se confirme (cf. Le Monde, 29/05/08) que, dans le cadre de la loi de « modernisation économique » mise en débat le jeudi 19 mai 2008, les deux députés UMP et NC, auteurs d’un amendement pour mettre fin au prix unique du livre garanti par la loi Lang, maintiennent leur proposition : d’abord rejeté en commission (il prévoyait un droit de solde ramené de 2 ans à 3 mois), cet amendement est donc de nouveau présenté avec un an pour délai de solde.
Quoi qu’il en soit, ce projet constitue une attaque sans précédent contre la production littéraire et intellectuelle françaises : ce délai du prix soldé obéit exclusivement à une logique de profit dont on connaît les effets destructeurs. Il a pour seuls bénéficiaires le best seller, la production de masse, les grandes surfaces. Il dévalue le principe de l’à-valoir et menace le droit d’auteur, déjà piètres ressources de l’écrivain. A terme, il condamne à mort la librairie indépendante, seule garante du fonds ; il suicide la création littéraire.
Nous soutenons la protestation de la SGDL, du SNE et du SLF auprès de la ministre de la culture. Nous affirmons pour notre part que si cet amendement devait être voté, il signerait, avec la vente en ligne et le port gratuit, une grave impéritie politique en matière d’art et de culture et une scandaleuse atteinte aux écrivains et à leurs œuvres.
ça va donner à mort
avec leurs conneries,
à ces tarés !
L’amendement a été jeté à la poubelle (d’après libé)
Bon, effectivement, ce n’est pas tout à fait dans le débat ce que je vais dire, mais un peu tout de même. Il y a une pétition qui circule et les premiers mots déjà m’insupportent. C’est vraiment insupportable de discours de la gauche
le discours pluriellement ampoulé de la gauche
allez lire et vous verrez par vous même , allez donc vous précipiter à signer ce torchon de mots où l’on sent vraiment encore l’absence de tout programme (il faut sauver la culture, même si celle-ci n’est plus vraiment à destination d’un « peuple ». désolé d’employer ce mot messieurs dames de la gauche!!)
il faut sauver la culture vite vite vite !
la culture c’est comme la première gorgée d’bière!
même si là c’est la dernière gorgée de la gauche
et qu’elle s’étrangle avec tien!
et qu’on ne nous dise plus que sans ça, sans toute « l’appareil » culturel qu’il faut sauver (théâtre bibliothèque…) qu’est-ce que ça serait.
Alors que de toute manière nous sommes déjà SANS CA.
Et avant tout grâce à la gauche (la droite enterrine juste son projet de droite bien droite)
A cp,
Tu n’es pas encore « SANS CA » comme tu dis. Tu es plutôt « AVEC TRES PEU » mais pas encore « SANS CA », nuance.
« même si celle-ci n’est plus vraiment à destination du peuple. » = ah oui ? et c’est quand qu’elle était destinée « au peuple », la « culture » ? (et quel peuple ? quelle culture ? Si tu parles de Pascal Obispo, c’est plutôt destiné au « peuple « , en effet; si tu parles de Charles Pennequin, c’est plutôt destiné à un lectorat de gauche cultivé et amateur de raretés expérimentales).
ça me rappelle cette scène de N. Moretti où on montre un film, le public pose des questions après la séance, et un critique énervé se lève et dit : Oui mais le berger des Abruzzes, est-ce qu’il va le comprendre, votre film ?
Et là, Moretti répond : Mais justement, y en a un dans la salle !
Et là on voit un type se lever, avec son bâton et son gilet en peau de mouton, qui dit : Moi, j’ai beaucoup aimé le film, et qui continue en faisant une analyse marxiste super pointue du film et ajoute que ça fait vachement du bien à ses brebis.
Faudrait peut-être un peu arrêter de sanctifier le peuple… j’ai pas besoin d’être sanctifié.
Suite à mon récent message autour de ce projet de Loi de modernisation économique où j’interrogeais les deux Députés Jean Dionis Du Séjour (Nouveau Centre, Lot-et-Garonne), maire d’Agen ainsi que Christian Kert (UMP, Bouches-du-Rhône), je viens de recevoir cette réponse de Christian Kert que l’on peut lire ici, avec ma réaction :
http://blog.liminaire.fr/post/1970/01/01/Loi-sur-la-modernisation-de-leconomie-%3A-Reponse-de-Christian-Kert
j’ai fait exprès d’écrire le peuple
justement
pour ne pas éviter ce genre de réaction réactionnaire au mot peuple, car ça fout les boules le mot peuple. Je suis bien désolé de vous dire que pour ma part mes lectures, mon écriture n’est pas à la destination de ces amateurs mais d’un peuple, même si celui-ci manque à l’appel, je n’écris pas pour les amis, et si je fais des lectures même dans les endroits les plus culturels, les plus investits dans la fausse convivialité (et qui va aussi chercher par la même occasion à se débarrasser des gêneurs, je le sais l’ayant vécu bien des fois), si je fais ces lectures c’est pour rencontrer ce « peuple », des gens, qui sont peut-être venus là par hasard. J’ai bien des anecdoctes à ce sujet, où par exemple on a déploré pour moi l’incident, je dis bien « l’incident », d’avoir rencontré quelqu’un et de m’être chauffé avec lui. J’avais tout fait pour, alors que le « service d’ordre culturel » faisait tout pour éviter le personnage. Non, je suis encore une fois désolé, mais vous avez beau me raconter la scène de nanni moretti, que j’apprécie beaucoup, mais l’endroit où je vis n’a certes rien de sanctifiable, mais que s’il y a interventions dans ces lieux, il va toujours falloir déjouer les habitudes culturelles, les habitudes de parler aux gens et de leur montrer ce que c’est que la littérature, comment on lit, pense, parle. la culture c’est sans cesse, aussi, la volonté de désertification par le remplissage. Désert politique et culturel, car la politique tout comme le culturel a décidé de toute manière qu’il y aurait consensus. Et s’il faut maintenant faire revenir les anciens par la référence, rappelons Godard qui disait que la culture c’est la règle et l’art l’exception. Arrêtons alors de « sanctifier » cette culture et d’y englober l’art pour former un grand réglement où l’on serait tous derrière à signer (assignés)
Mais de toute façon ça ne va pas dans ce que tu dis, car dans mon texte je ne parlais pas de moi, donc quand tu dis « TU », quand tu dis « tu es plutôt très peu », ça ne me concerne pas. Ce n’est pas très important si moi c’est très peu, je dis que pour la majorité des gens qui m’entourent c’est le RIEN. voilà tout. mais je ne m’énerve pas plus que ça, sauf lorsqu’on me « destine ». Mais tu as raison, ça suffit de sanctifier le peuple !!! « ILS » seront tous d’accord avec toi (même le peuple qui vote à droite de toute manière)