Écrit en 1975 après l’imposante farce politique Le Babil des classes dangereuses, mais publié un an plus tôt chez le même éditeur (Christian Bourgois, 1977) – bien avant que tous deux ne soient recueillis dans le même volume paru chez P.O.L (Théâtre, 1989) -, Falstafe est un texte de jeunesse qui, bien que réécrivant les deux parties du Henri IV de Shakespeare (1597), est le plus court de l’oeuvre novarinienne avec sa centaine de pages. Rien d’étonnant à cela, puisque Valère Novarina a choisi de se concentrer sur une figure haute en couleur carnavalesque : "non un homme, mais une barrique à figure humaine, sac de toutes les bestialités, boyau gonflé de tous les vices ! […] ce gueux suborneur abominable et bas, ce dindon empiffré de farce jusqu’au col, ce paquet boursouflé de toutes les infamies, ce vieux Satan blanchi, ce fou couvert de rides ?" (p.557).
Créée le 24 février 1976 au Théâtre du Gymnase à Marseille, dans une mise en scène de Marcel Maréchal, la pièce est reprise au Théâtre National de Chaillot par Claude Buchvald, celle-là même dont les mises en scène précédentes ont révélé au poète-dramaturge le potentiel comique de ses textes (1). Voici le point de vue de Claude Buchvald sur Falstafe : "Shakespeare est là, non pas traduit, mais très librement adapté, et ressurgi tout vif de la langue française ; celle de Valère Novarina en l’occurrence, respirée, rythmique, tournoyante. Elle vous prend par les pieds, et ne vous lâche plus ; elle danse, elle chavire ; elle est véritablement jaillie des planches. Elle procède par saccades comiques, et vous saisit à la gorge quand on ne s’y attend pas, parce que décidément comme il est chanté très fort, le couteau à la main, dans L’Opérette imaginaire : "l’homme n’est pas bon, non de non ! Ah que non, l’homme n’est pas bon…" Sauf peut-être ce bon Falstafe, fait de la chair même du théâtre, génial bouffon de pure vitalité et d’intelligence qui se joue de toutes règles établies avec une belle candeur !"
Dans ce Falstafe-là, parmi les quatorze comédiens – dont Gilles Privat dans le rôle titre -, on retrouvera avec plaisir celui qui nous avait enchanté dans le récent Acte inconnu, Olivier Martin-Salvan.
Théâtre National de Chaillot, salle Jean Vilar, du 12 mars au 5 avril 2008 à 20H (le dimanche à 14H30, relâche le lundi). Tarifs : 27,50€ ; 12 € pour les moins de 26 ans. Réservez dès maintenant au 01 53 65 30 00.
(1) De 1996 à 1998, Claude Buchvald a créé Le Repas (Centre Pompidou, 18 novembre 1996), L’Avant-dernier des hommes (Théâtre d’Évreux, 25 mars 1997) et L’Opérette imaginaire (Théâtre du Quartz à Brest, 21 septembre 1998).
un spectacle magnifique, des comédiens excellents, une histoire très actuelle, à voir absolument avant que la scène de Chaillot ne laisse place à la danse. L’adaptation de Novarina est impeccable et ravira les fans de l’auteur comme ceux de Shakespeare.
Jubilation de la langue, foisonnement des idées, ingéniosité et fluidité de la mise en scène et de la scénographie ! La recherche théâtrale de Claude Buchvald et de son équipe prouve que le vrai, le bon théâtre peut encore exister, mais il est si rare ! Et dire que le Théâtre National de Chaillot ne présentera peut-être plus que de la danse ! Puisse ce spectacle convaincre les puissants du contraire !
Ce qui est exceptionnel chez Novarina, c’est que c’est en France, un des rares écrivains à monter lui-même ses textes sur scène… Et aussi un des rares metteurs en scène à être écrivain, ce qui est encore plus rare.
ce qui est exceptionnel chez novarina, c’est qu’il est aussi à la comédie française
mais bon, je préfère hubaut
vive hubaut ! novarina c’était bien quand il lisait ses textes, je connais des comédiens qui ont joué pour lui, choisis par lui, et c’est vraiment lamentable, lamentable de présence et de manque de pudeur, d’égo et de surmoi pénible, le théâtre c’est vraiment à chier, ou alors kantor mais tout ça c’est de l’histoire ancienne. Il n’y a rien au théâtre. je comprends pas pourquoi vous en faites si souvent l’éloge, c’est vraiment chiant ici on s’emmerde !
Mais nous aussi on aime Hubaut… Il y a même le dernier essai de Philippe Boisnard qui porte sur lui (voir en droite de la UNE) !
Pour le jugement sur le théâtre contemporain et plus précisément sur Novarina et ses comédiens… c’est un peu court tout de même comme argumentation !
Permettez-moi de renvoyer à ma dernière chronique (02/02/08) sur la troupe qui va se reconstituer bientôt afin de poursuivre la tournée de « L’Acte inconnu » : rien de tout ce qui a été épinglé n’existe chez eux… Je n’ai rencontré que talent, ingéniosité et générosité, vraiment !
J’ai ete voir ce spectacle avec ma classe (je suis en option théâtre) et c’est l’un des meilleurs spectacle que j’ai vu jusqu’a maintenant. c’est un spectacle plein d’humour qui nous distrait , la performance de Gilles Privat qui interprete Falstafe m’a etonnée il est juste et naturel.Ses gestes sont bien choisis pour le personnage. des fois un peu lourd mais cela passe bien,les personnages son tres caricaturés, autant aller jusqu’au bout. J’applaudis Novarina d’avoir eu l’imagination et le bon gout de remanier la piece de Shakespeare! j’aime voir ce genre de spectacle, c’est ce qui me donne envie d’etre comedienne.
Je suis bien d’accord avec vous Clémentine. Ce travail de bon goût, comme vous dites, est un éblouissement pour l’esprit et pour l’âme… J’avais d’ailleurs auparavant lu un article dans télérama qui reprenait si justement les mots de notre bon Fabrice : le « talent, l’ingéniosité et la générosité ».
Je me permets d’en rajouter un à la liste : témérité !
Je me souvient avoir beaucoup aimé ce spectacle mais petit pbl, j’ai un devoir de théâtre a afire dessu et je m’en svt pas asser pour repondre aux questions!!quelles st ses moyens de locomotions?Annalyse du perso??help!!
Pour 27 euros, je n’ai pas passé une bonne soirée. Surjoué, les acteurs n’étaient pas tous bons: problèmes d’articulation, de récitation, de force de voix, 2h40 vraiment médriocres, peu d’applaudissements
le problème ce n’est pas novarina, le problème pour moi c’est qu’ici il ne sera toujours question, on dirait, que de théâtre de ce style, puisque le théâtre est un sous genre de la littérature. Novarina c’est l’envers de ce que disait Artaud. Novarina c’est l’antithèse de Kantor. ou encore : de Tanguy et le théâtre du radeau, qui, quoi qu’on dise, est un théâtre plein, qui joue avec tout, et pas seulement théâtre de texte. c’est pour ça que le théâtre c’est chiant en général (en Belgique bien moins chiant qu’en France, par certains côté). Grands magasins, compagnie Xerep, ça vous dit quelque chose ? on se marre avec Xerep, enfin les guignols et les marx brothers reviennent en force ! ouf. Le théâtre c’est le noir absolu, le recueillement et le message, l’humour, c’est d’un pénible tout ça. même le grostesque est une oeuvre d’art. c’est devenu de la belle parole. Enfin, il me semble que cet article démontre bien l’état de la critique en France vis-à-vis du théâtre. mais de toute façon ils ont raison, le théâtre est un genre mineur malgré ce qu’on voudra nous faire avaler là-dessus
par contre, parlant texte, il y a un très bon théâtre aussi qui est celui de Pierre Meunier. Les tas ! et aussi récemment les égarés… c’est un peu le tati du théâtre lui.