Vu l’actualité chargée, troisième série de rendez-vous incontournables dans nos Libr-événements (tous trois à Paris) : 30e Marché de la poésie ; La Nuit remue 6 ; lancement de deux numéros de revue à l’occasion des 50 ans de l’Oulipo. Mais auparavant, le livre à la UNE, qui vient de paraître jeudi dernier : Liliane GIRAUDON, Les Pénétrables (P.O.L).
Le livre de la semaine
Liliane GIRAUDON, Les Pénétrables, P.O.L, juin 2012, 336 pages, 20,50 €, ISBN : 978-2-8180-1646-6.
Présentation éditoriale (tirée essentiellement de l’"avertissement aux lecteurs, p. 9-10). En architecture, les pénétrables désignent les voies d’accès à un bâtiment.
Ici, les bâtiments désignés sont des livres. Les noms qui ont signé ces livres habitaient un corps. Un corps vivant, comprimé entre deux dates.
Montées en successives scènes d’un cinémathon élémentaire proche de la lanterne magique, ces vies flashées et non exemplaires auraient fonction de lucioles.
Manière de considérer les corps et leur existence comme des "machines à semence".
Lambeaux de spectres, fantômes vivants, ils occupent une galerie ouverte dont les portes sont sans cesse battantes. Liliane Giraudon dit qu’elle a longtemps rêvé les livres comme de petits stocks de munition. Des outils pour faire reculer le travail de la mort. Ce livre n’est pas un livre d’hommages. Plutôt une sorte de couloir où seraient exposés 25 bustes ciselés, de tailles différentes, 25 bustes d’auteurs parmi ceux dont les textes l’ont aidee à vivre.
Le mot "bustier" ne se limite pas à désigner cette pièce de l’habillement enserrant étroitement le buste des femmes pour laisser les épaules nues.
Il désigne aussi le sculpteur spécialisé dans l’exécution des bustes. Revisitant une ancienne pratique funéraire Liliane Giraudon a voulu ici se livrer en tant que "bustière" à un exercice de littérature vivante.
Premières impressions.
Vingt-cinq traverses qui vous transportent ;
vingt-cinq précipités de viœuvres ;
vingt-cinq exercices de littérature vivante sur des auteurs morts qui ont aidé Liliane Giraudon à œuvrer – à vivrécrire.
"SAPPHO sauvée par les grammairiens. SAPPHO magnifique collage" (p. 14).
"MONTAIGNE se plaisant à niaiser et à fantastiquer. MONTAIGNE traitant son livre de "fagotage", de "fricassée", ou de "rapsodie". MONTAIGNE Mouvement. MONTAIGNE Remuement. MONTAIGNE Changement. MONTAIGNE et le temps" (27).
"NIETZSCHE et la stratégie du fragment. Les tirets placés par NIETZSCHE après le point final. NIETZSCHE philologue. NIETZSCHE professeur de lecture lente" (53).
"RACINE écrivant quatre-vingt-dix-huit fois l’adjectif "ingrat" dans ses tragédies" (62).
"PÉTRARQUE et les stances de 18 vers. PÉTRARQUE désir d’Amour. PÉTRARQUE désir de gloire. PÉTRARQUE polémiste" (82).
"BAUDELAIRE plaçant sa pensée à hauteur de charogne. […] La machinerie du squelette dans l’érotologie de BAUDELAIRE" (108).
"DANIELLE COLLOBERT découvrant trente ans avant Tarkos le concept de "pâte". La Pâte-Mot de DANIELLE COLLOBERT" (122).
"POUCHKINE coqueluche des poétesses comme Marie Tsvetaïeva, Bella Akhmadoulina ou encore Nathalie Quintane. […] POUCHKINE cors au pied de la poésie russe" (136 et 138).
"La violence des indéterminations syntaxiques d’ÉMILY DICKINSON. […]. La dimension visuelle des poésies d’ÉMILY DICKINSON" (147).
"ARTAUD beau comme une vague et sympathique comme une catastrohe" (301)…
Ritournelle de noms propres, de biographèmes, de postures et de traits littéraires.
Valse mélancolique et langoureux vertige… /FT/
Libr-vements
► Du jeudi 14 au dimanche 17 juin 2012, 30e Marché de la poésie, place Saint-Sulpice (75006 Paris). À retenir : on trouvera la revue Ce qui secret au stand des éditions Le Dernier Télégramme (613) ; pour la performance de clôture dimanche à 17H30, Valérie Rouzeau et Giovanni Fontana. Le programme : ici.
► Samedi 16 juin 2012 à partir de 18h30, La nuit remue 6 (organisée par Remue.net) au Café Cerise, 46 rue Montorgueil 75002, métro Etienne-Marcel, Sentier, Les Halles.
Entrée libre et gratuite. Réservation souhaitée au 01 42 96 34 98 ou par mail : scenedubalcon3@aol.com
18h 30 : Eric Pessan : N (Editions des Inaperçus, 2012)
18h 40 : Mariette Navarro : "Perdre" (inédit)
18h 50 : Marie Chartres : "Immense et Rouge" (Editions des Inaperçus, 2012)
19h 00 : Francesco Pittau : Inédit
19h 10 : Nicolas Tardy : "Avant l’arrivée" (Editions Contre-Pied, 2012)
19h 20 : Rémi Froger : "regarde ça" (publié chez P.O.L.)
19h 30 / 20h 00 : PAUSE
20h 00 : Isabelle Zribi : "Quand je meurs, achète-toi un régime de bananes" (extraits inédits)
20h 10 : Dominique Quélen : "Alèses" (inédit)
20h 20 : Christine Jeanney & Maryse Hache : "rataboumboum la suite a six minutes" (Inédit)
20h 40 : Michaël Glück : "perle jetée au feu" (Publie.net)
20h 50 : Philippe Malone : "Nous autres" (Extrait)
21h 00 / 21h 30 : PAUSE
21h 30 : Olivier Apert, avec David Tuil (composition & guitare) et Thierry Taneux (basse) : "Heroes to go", "Dis", "Si", Noli eam tangere (poème), "Oviri"
► Lundi 18 juin à 19H, lancement de deux numéros de revue à l’occasion des 50 ans de l’Oulipo : Librairie Palimpseste, 16 Rue Santeuil 75005 Paris
– Formules, n° 16 : "Oulipo @ 50 / L’Oulipo à 50 ans" (juin 2012)
– Formes Poétiques Contemporaines, n° 9 : "Formes Critiques contemporaines" (juin 2012).
Dans le n° 16 de Formules (juin 2012, 25 €), entre autres :
HISTOIRE(S)
Jean-Jacques Poucel (Internationles Kolleg Morphomata) : Family Vocation
Abigail Lang (Université Paris-7) OuLiPo et oralité
Christophe Reig (Université Paris-3) : "Ô temps, suspends ton… vol" : le plagiat par anticipation.
Cécile De Bary (Université Paris-7) : L’Oulipo est-il un groupe littéraire ?
Virginie Tahar (Université Paris-Est Marne-la-Vallée) : Esquisse d’un art du roman potentiel.
Lucy O’Meara (University of Kent) : Jacques Jouet, Jacques Roubaud and the Ethnographie Métro Poem
Dominique Raymond (Université du Québec à Trois-Rivières) : être et ne pas être une contrainte : L’étrange cas du canada-dry.
Généalogies oulipiennes – Table ronde animée par Camille Bloomfield (Université Paris-8) en présence de Frédéric Forte. Paul Fournel et Hervé Le Tellier.
POÉTIQUES
Caroline Lebrec (University of Toronto) : Configurations oulipiennes du multiple.
Hermes Salceda (Universidad de Vigo) : Jeu de pignons pour un petit vélo (variation et combinatoire).
Astrid Bouygues (Université Paris-3) : "C’est un métier d’homme" : Petit problème de lecture ethnocritique
Christelle Reggiani (Université Lille-3) : Peut-on parler d’un style oulipien ?
Alain Schaffner (Université Paris-3) : La distance ironique chez Paul Fournel
Peter Consenstein (City University of New York) : Oulipian Melancholy
Dominique Moncond’huy (Université de Poitiers) : L’OuLiPo, entre plaisir immédiat et illisibilité
Anne-Sophie Bories (Université Paris-3 University of Leeds) : échographies. (Niveaux de résonance dans "Morale élémentaire" de Raymond Queneau)
L’OuLiPo et sa critique – Table ronde animée par Marc Lapprand (University of Victoria), en présence de Marcel Bénabou, Anne F. Garreta et Jacques Jouet