En ce premier dimanche de février, pleins feux sur Valère NOVARINA, regard sur le n° 56 de La Revue des revues et Libr-brèves (Varetz, Vazquez/Allonneau, Appel de Chamoiseau)…
UNE : Pleins feux sur Valère NOVARINA
► En ce mois de février va bientôt paraître La Voie négative aux éditions P.O.L (288 pages, 13 €).
Présentation éditoriale :
Valère Novarina a effectué deux séjours en Haïti pour préparer et jouer sa mise en scène de L’Acte inconnu (P.O.L 2007). Il relate cette expérience dans une première partie de Voie négative intitulée Ecrit dans l’air. Il y est question du travail avec les acteurs, de théâtre et de peinture, de l’accord profond qui s’est produit lors des répétitions et du travail plastique. C’est un texte joyeux. La deuxième partie du livre, son deuxième acte, Voie négative, donne son titre au livre, donc. Elle développe cette idée de plus en plus ferme chez Valère Novarina que ‘l’esprit respire’. Et s’il respire, c’est parce qu’il renverse, parce qu’il passe par ce que l’auteur appelle le niement (quelque chose comme une négation positive, dialectique). Le lien entre la pensé et la respiration, Valère Novarina le ressent très concrètement. Pour lui, il saute aux yeux, lorsque l’on regarde de près travailler les acteurs, la respiration animale préfigure la pensée, l’annonce. La troisième partie s’intitule Désoubli. C’est un texte qui parle de la présence mystérieuse en nous de toutes les langues, la langue maternelle bien sûr, mais aussi d’autres langues, insolites, secrètes, apparemment mortes, vivant toujours au fond de nous… Valère Novarina tourne ici autour de l’idée que le langage est un fluide, une onde, une ondulation, un geste dans l’air, une eau…Chaque « parlant » porte en lui un peu de la mémoire de toutes les langues. La quatrième et dernière partie du livre, Entrée perpétuelle est une métamorphose, un déguisement, une autre version, en tout cas un regard nouveau sur la mystérieuse machinerie organique du Vivier des noms (P.O.L 2015). C’est une réduction – ou plutôt un précipité du livre (au sens chimique) – une nouvelle entrée, sous sa forme active, agissante. Et sa version nouvelle pour la scène.
► PEINTURES ET DESSINS : Disparaître sous toutes les formes : exposition Valère Novarina aux Sables d’Olonne, Musée de l’Abbaye Sainte-Croix
Du 5 février au 28 mai 2017 – Les Sables d’Olonne, Musée de l’Abbaye Sainte-Croix
Valère Novarina peint, écrit, dessine et met en scène : le geste, le mouvement sont au centre de sa création. Selon lui, « l’organe de la pensée, c’est la main ». Il travaille l’espace comme de la matière et les couleurs comme du langage. Son théâtre cherche à rendre la parole saisissable et visible par son déploiement dans l’espace. Il manie depuis le début des années 1970 une langue vitale, éruptive et fiévreuse : elle parle de l’homme, qui hante son univers, prolifère, s’incarne en 2587 personnages dans son chef d’œuvre, Le Drame de la vie (1984). Par la plume, l’artiste appelle, dénomme, esquisse quelques silhouettes — ou creuse des corps ; il poursuit ses expériences d’inquiétude rythmique : renversements des sons des couleurs et des mots. Autant d’épreuves ; de variations d’un texte à l’autre, jusqu’à son tout récent opus, Le Vivier des noms, présenté en 2015 au Festival d’Avignon.
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On range volontiers Valère Novarina parmi les artistes inclassables, sans doute parce qu’il progresse à contre-courant, non seulement à l’écart des autres mais aussi au-delà de soi. Il se reconnaît pourtant quelques affinités électives, avec Jean Dubuffet, Louis Soutter, Pierre Lucerné ou Antonin Artaud, peintres et poètes, écrivains ou dessinateurs tout comme lui, ou avec ces artistes qui, sous la bannière de l’art brut, font de leur œuvre nécessité et souffle de vie. Alors oui, l’homme, son verbe, sa vie, motivent l’oeuvre de Valère Novarina. Mais il les prend bel et bien à l’envers, à rebours, à la recherche d’un autre langage, de formes inconnues, qui n’appartiennent à personne, et surtout pas à
leur auteur, mais s’échappent et saisissent. Ainsi Valère Novarina pratique-t-il un art paradoxal et tendu, qui fait rimer engagement et dessaisissement, organisation et précipitation, un art du geste, qui ne s’arrête pas à une discipline mais les convoque toutes et les fait circuler, de l’espace sans dimension de la scène au blanc de la toile ou du papier. Et au centre, donc, reste l’homme, sa main, son corps, sa voix, que Novarina traverse, égare ou dirige dans son théâtre de « vrai sang » où une kyrielle de personnages, féroces ou cocasses, compose et se décompose comme autant d’apparitions et de métamorphoses d’une humanité captive et se délivrant : « Allez annoncer partout que l’homme n’a pas encore été capturé ! ».
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Exposition proposée en partenariat avec Le grand R, scène nationale de La Roche-sur-Yon.
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Visites guidées de l’exposition les 19 février, 12 mars, 16 avril et 14 mai à 15h
Musée de l’abbaye sainte-croix
Ville des sables d’olonne
Rue de Verdun
85100 Les Sables d’ Olonne
Périodes scolaires
Du mardi au vendredi de 14h à 18h
Le week-end de 11h à 13h et de 14h à 18h
AUTOUR DE L’EXPOSITION
♦ Le jeudi 30 mars à 18h30
Conférence de Marion Chénetier-Alev, maître de conférences en études théâtrales – Université François Rabelais – Tours : « Nous n’avons pas de figure du tout » : les correspondances de Jean Dubuffet et Valère Novarina
♦ Le 20 mai à partir de 19h30, à l’occasion de La Nuit des musées
Paysages parlés, suite pour voix (Agnès Sourdillon, comédienne) et cordes (Mathias Lévy, violon improvisé), sur des textes de Valère Novarina
♦ Visites guidées les 19 février, 12 mars, 16 avril et 14 mai à 15h
Parution du Cahier de l’Abbaye Sainte-Croix n° 133
Vacances scolaires (Toutes zones)
Tous les jours de 11h à 13h et de 14h à 18h (sauf les lundis)
Plus d’informations : http://www.lemasc.fr/masc/
La Revue des revues /Fabrice Thumerel/
La Revue des revues, Paris, Entrevues, n° 56, 907702-71-3.
Quel est le point commun entre ces revues : Les Cancans (1830-1832), Le Monte-Cristo (1857-1860), L’Escarmouche (1893-1894), Perhindérion (1896), Le Sonnet (1897-1898), Le Sourire (1899-1900), Le Bloc (1901-1902), Le Poil civil (1915), Les Pavés de Paris (1938-1940), La Condition humaine. Calendrier des jours de honte, ou encore Le Petit Poète illustré (depuis 2000) ? Ce sont des revues d’un seul, revues uninominales ou encore revues personnelles : respectivement signées par Bérard, Alexandre Dumas, Georges Darien, Alfred Jarry, Charles Guérin, Paul Gauguin, Georges Clémenceau, Tristan Bernard, Emmanuel Berl, Roger Nimier et Jacques Réda. Dans son passionnant article (p. 46 à 105 !) qui ne recense que les publications sans aides majeures (sont donc ignorées The Mask de Craig ou Les Cahiers de la Quinzaine de Péguy), Éric Dussert analyse les motivations des auteurs : élaboration d’un outil stratégique ou satirique, création de formes, passion de l’information… Avant de distinguer divers types : les marginaux, les indifférents au pouvoir ou à l’actualité, les rétifs, les joueurs…
Dans cette même riche livraison, notons l’article de Fanny Lorent sur l’hétérogène revue Poétique, du trio initial (Cixous, Genette et Hamon) à nos jours.
Libr-brèves
► Jeudi 9 février 2017 à 19H, Librairie Le Bateau Livre (154, rue Gambetta à Lille), rencontre avec Patrick VARETZ autour de son dernier livre Sous vide, qui paraît le jour même chez P.O.L (soirée animée par Patrice Robin).
► À écouter : Laura Vazquez – Simon Allonneau : "Ça va".
► À lire : Patrick Chamoiseau, "Frères migrants. Déclaration des poètes".