Séminaire ouvert au public (Nancy Murzilli)
Master ArTec (également ouvert au Master 2 PCAI, Master 2 Création littéraire et Masters associés)
Séances du 5 novembre au 10 décembre 2019. Le séminaire sera clôturé par une journée d’études le 19 décembre au Centre Pompidou.
ARGUMENTAIRE
Ce séminaire/atelier de recherche-création s’inscrit dans le cadre du projet de recherche-création soutenu par l’EUR ArTeC « Évaluation générale. L’Agence de notation comme dispositif artistique » (https://evalge.hypotheses.org).
Sous l’effet du néolibéralisme et de la révolution numérique, les activités d’évaluation s’emballent, se généralisent deviennent frénétiques et paradoxales. Ce séminaire a pour but d’explorer et de comprendre les problèmes publics spécifiques que soulève la généralisation de l’évaluation. Son objectif n’est pas de faire simplement communiquer les produits de la recherche théorique et de la pratique artistique, mais de faire en sorte que leurs processus s’interpénètrent dans une pratique expérimentale qui les met en acte. Pour ce faire, seront analysés et mis en place des dispositifs artistiques et d’enquête appelés à intervenir en situations institutionnelles réelles afin de désinvisibiliser non seulement ce qu’est l’activité d’évaluation-notation mais aussi ses effets concrets immédiats.
Il s’agira, avec l’intervention de poètes et d’artistes (Christophe Hanna, Franck Leibovici, Eva Barto, Antoine Dufeu et Natacha Guiller), de se munir d’outils d’évaluation alternatifs à ceux que nous offrent les modèles institutionnels et économiques dominants.
Des activités d’évaluation non orthodoxes seront proposées à toutes les étapes du séminaire.
Le séminaire se conclura par une journée d’études au Centre Pompidou intitulée « Évaluer l’art : commissions, subventionnements, mécénats », qui mettra en perspective les réflexions menées dans les ateliers, où artistes, chercheurs et acteurs du domaine s’interrogeront sur la façon dont sont évalués les œuvres et les projets artistiques dans le cadre des politiques de financement de l’art, sur la pertinence des méthodes de sélection, et sur les alternatives à une évaluation de l’art soumise aux logiques du marché.
PROGRAMME
Séance 1 – mardi 5 novembre, 14h-18h
« Agence de notation »
Rendez-vous : Université Paris 8 Maison de la Recherche salle A2 202, 14h-18h.
Intervenant : Christophe Hanna
Contenu : « Tous évalués ! », c’est à cette injonction, qui nous vise (presque) tous aujourd’hui, que se propose de répondre Agence de notation. Cette agence de notation alternative conçue par Christophe Hanna, se déploie dans le projet de recherche-création « Évaluation générale » dirigé par Nancy Murzilli. Son action consiste à investir des espaces protégés de l’évaluation où n’existe encore aucune forme d’expertise instituée, et de les soumettre à une évaluation d’un autre genre, de façon spectaculaire, sous la forme de performances en public, avec des évaluateurs libres de toute influence et jouant cartes sur table. Durant cet atelier introductif, seront explorées les relations entre écriture et institution à travers l’exemple de l’Agence de notation, dont Christophe Hanna racontera l’histoire. On réfléchira aussi en direct sur ce que peut signifier la notion d’écriture évaluative.
Christophe Hanna est enseignant de littérature et écrivain. Au sein du groupe informel « La Rédaction », il rédige des « rapports » informatifs en inventant des formes procédurielles. Il les publie dans diverses revues (Nioques, Musica falsa, Axolotl, Éc/arts…) ou sous la forme de livres (Valérie par Valérie, Al Dante, 2008 ; Les Berthier. Portraits statistiques, Questions Théoriques, 2012). Christophe Hanna dirige par ailleurs la collection de théorie littéraire « Forbidden Beach » aux éditions Questions théoriques.
Séance 2 – mardi 12 novembre, 14h-18h
« L’addition, s’il vous plaît? »
Rendez-vous : Université Paris 8 Maison de la Recherche salle A2 202, 14h-18h.
Intervenant : Antoine Dufeu
Contenu : Derrière une question aussi triviale, l’entité économique qui émet l’addition est légalement tenue de rendre des comptes, essentiellement un compte de résultat et un bilan. En s’intéressant aux grandes masses qui les déterminent, on se demandera comment il serait possible de les faire évoluer.
Ancien contrôleur de gestion et journaliste auto, Antoine Dufeu est poète, écrivain et dramaturge, professeur, éditeur et revuiste. Depuis 2009, il collabore régulièrement avec Valentina Traïanova sous l’entité Lubovda. Il a fondé la plateforme de recherche Lic en 2012. Il a fondé en 2015 et dirige avec Frank Smith la revue RIP. Il est membre du comité rédactionnel de la revue Multitudes depuis 2015. Il a co-fondé et co-dirigé IKKO (2002-2009) et la revue MIR (deux numéros en 2007 et en 2009). Il est responsable du pôle « écrit » et de l’édition de l’école de design Strate. Avec Fabien Vallos, il a co-dirigé les éditions Mix de 2015 à 2018.
Séance 3 – mardi 19 novembre, 14h-18h
« Art without property,(un)valued art? »
Rendez-vous : au DOC ! dans l’atelier d’Eva Barto (26/26bis rue du docteur Potain 75019 Paris), 14h-18h.
Intervenant : Eva Barto
Contenu : “(…) avoiding description, our character deals with ambivalences stemming from property issues, such as broad definitions of what owning could mean (a legal loophole mastery, a misleading language apparatus, an ambiguous philanthropist posture), on what authorship could reclaim (see plagiarism studies), on how power can leak and decrease (unmanaged time, undisplayed images, unexpected downturns) (…)”
Langue de l’intervention : français
Eva Barto remet en cause les enjeux qu’impliquent la propriété en déstabilisant le statut de l’auteur ainsi que l’économie de production et de diffusion des œuvres. Elle constitue des environnements ambigus, des contextes de négociations apparemment dénués de particularités dans lesquels il est difficile de saisir ce qu’il faut considérer ou laisser pour compte. Les objets qu’elle conçoit sont des emprunts au réel qu’elle copie ou modifie pour leur donner une valeur d’imposture. Le pouvoir revient ici aux parieurs, aux falsificateurs et aux coupables de plagiat. Son travail à fait l’objet de plusieurs expositions personnelles à l’IFAL (Mexico,2013), à La BF15 (Lyon,2014), à Primo Piano (Paris, 2015) et plus récemment à la galerie gb agency (Paris, 2016), au Centre d’Art de la Villa Arson (Nice 2016), au Kunstverein Freiburg (2019) et prochainement au Kunstverein Nuremberg, au LVH Pavillion (Berlin) ainsi qu’à la Galerie Max Mayer (Düsseldorf). Depuis 2018 elle mène une série de réflexions et actions sur le milieu de l’art en tant que monde du travail au sein du groupe La Buse ainsi qu’avec Estelle Nabeyrat sous le format de l’émission ForTune, diffusée par la radio Duuu*.
Séance 4 – mardi 26 novembre, 14h-18h
« « J’ai été sous-diagnostiquée ». Révision chronique des protocoles d’examen clinique »
Rendez-vous : Université Paris 8 Maison de la Recherche salle A2 202, 14h-18h.
Intervenant : Natacha Guiller
Contenu : Il sera proposé aux participant-es de revisiter et de détourner des formes de récit et de notation, ainsi que des dispositifs d’évaluation procédant du monde de la santé, dans un souci de recyclage, de réappropriation et d’exploitation poétique, publique et immodérée de données personnelles et intimes, sur l’exemple de multiples formes de hacking exercées sur mon propre dossier patient.
Artiste, poète, performeuse, Natacha Guiller (SNG) explore le monde et l’existence à travers des dispositifs artistiques et de communication protéiformes, autobiographiques et parallèles qui génèrent la rencontre, la transmission et une création-témoignage arborescente basée sur le recyclage, la collecte d’archives, le détournement et la transformation des matériaux, l’hybridation d’univers a priori incompatibles ou paradoxaux et la culture du mélange des genres.
Séance 5 – mardi 3 décembre, 14h-18h
« un dessin pour mieux voir »
Rendez-vous : Université Paris 8 Maison de la Recherche salle A2 202, 14h-18h.
Intervenant : Franck Leibovici
Contenu : l’évaluation ne peut être réduite à un effet du néo-libéralisme, de la révolution digitale, ou du contrôle institutionnel. elle est une activité partagée, et routinisée dans nos activités quotidiennes. ainsi, face à une œuvre d’art, pour rendre compte et partager l’œuvre en question avec des amis, nous produisons bien souvent une évaluation en lieu et place d’une description littérale : “j’aime / je n’aime pas”, “cela m’intéresse, cela m’ennuie”. ces moments comptent alors parmi les propriétés de l’œuvre, et sont constitutifs de sa présence au monde, au même titre que ses dimensions, son medium, ou son année de création. rendre visible cette propriété, c’est alors non plus partir des intentions de l’artiste, ni du “projet artistique”, mais des usages réels des œuvres. mais comment la rendre visible ?
franck leibovici est poète et artiste. il a tenté de rendre compte des conflits dits «de basse intensité», sous la forme d’expositions, de performances et de publications, à l’aide de partitions graphiques et de systèmes de notation issus de la musique expérimentale, de la danse, de la linguistique – un mini-opéra pour non musiciens (mf, 2018). il a également publié des correspondances de spams et des discours de 70 heures (lettres de jérusalem, 2012 ; filibuster, jeu de paume, 2013). son travail sur les écologies de l’œuvre d’art a pu prendre la forme d’albums panini, de transcriptions de conversations ordinaires comme de dessins de visualisation – des récits ordinaires (les presses du réel / villa arson, 2014, avec grégory castéra et yaël kreplak) – ou d’installations – the training, an artwork for later and after, biennale de venise, 2017. depuis 2014, franck leibovici travaille avec julien seroussi, à un cycle d’expositions intitulé «law intensity conflicts» et de publications (bogoro, questions théoriques, 2016) autour de l’invention de la justice internationale contemporaine et du premier procès de la cour pénale internationale (cpi) de la haye.
Séance 6 – lundi 9 décembre 17h
« De la finance algorithmique aux circuits opaques de la finance offshore »
séance commune avec le séminaire ARTS & CRISE. L’ÉCONOMIE À L’ŒUVRE. Production, représentation et réception de l’économie dans les arts, PCAI, animé par Martial Poirson.
Rendez-vous : INHA, salle Walter Benjamin, à partir de 17h
Intervenants : Collectif RYBN, rencontre animée par Marie Lecher (Gaîté Lyrique)
Séance 7 – mardi 10 décembre, 14h-18h
« Rendu public des ateliers »
Rendez-vous : Université Paris 8 Maison de la Recherche salle A2 202, 14h-18h
Séance consacrée au rendu public des ateliers au moyen d’une création personnelle ou de groupe (performance, lecture, présentation d’une création plastique, d’une mini-exposition, etc) qui sera filmée et mise en ligne sur le site (https://evalge.hypotheses.org)
Journée d’études – jeudi 19 décembre, 13h30-19h
« Évaluer l’art : commissions, subventionnements, mécénats »
Rendez-vous : Centre Pompidou Petite salle (13h30-19h00)
Présentation : https://evalge.hypotheses.org/1546
Responsable : Nancy MURZILLI, Université Paris 8 : nancy.murzilli@univ-paris8.fr
Libr-événements
► Agenda de Jean-Michel Espitallier :
• Jeudi 7/11 – 21 h. Iris Purple (tribute to John Giorno). Anne-James Chaton : électronique + texte. Jean-Michel Espitallier : batterie. Avec la voix de Thurston Moore. La MECA, Bordeaux.
• Mardi 19/11, 19h. Le Grand R – scène nationale. Medley Spit (lecture-performance), La Roche-sur-Yon.
• Samedi 23/11, 14h30. World Is A Blues. Avec Kristoff K.Roll. Halle des Douves, Bordeaux.
• Mercredi 27/11, 18h30. À propos de Tourner en rond: de l’art d’aborder les ronds-points (PUF, 2016). ENSCI, 48, rue Saint-Sabin – 75011.
Vendredi 29/11, 20h. World Is A Blues. Avec Kristoff K.Roll. Festival « Et + si affinités ». Le Vent des Signes, Toulouse.
► Du 8 au 11 novembre, Salon de l’Autre livre à Paris :
Avec notamment les éditions Lanskine :
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► Le dimanche 17 novembre, 16H à L’Anachronique (42, rue du Mont Cenis 75018 Paris), Laure Gauthier invitera la poète Séverine Daucourt à présenter Transparaître (LansKine, 2019) et à dialoguer avec elle et le public.
► Le mercredi 20 novembre à 19H30, Le Lieu Unique (2, Quai Ferdinand Favre à Nantes), Lecture-concert de Christophe Manon & Frédéric D. Oberland (guitare), suivi d’un entretien animé par Guénaël Boutouillet.