Au moment où Livres Hebdo annonce qu’au prochain Salon du Livre de Paris les petits éditeurs (< 500 K euros de CA) devront débourser 3590 euros au lieu de 2100 l’an dernier, il est urgent d’appeler à la mobilisation de tous ceux qui tiennent à la libr-création : outre qu’il est possible et souhaitable d’organiser des manifestations parallèles, sur nos sites ou grâce à tous types de réseaux sociaux, à nous de faire connaître et de valoriser les libr-entreprises dignes de ce nom.
Témoigne de notre engagement, entre autres, le programme de ce dimanche : les trois livres reçus, une livraison exceptionnelle de la revue L’Étrangère et deux livres de Luc Dellisse, nous orientent cette fois du côté de la francophonie belge ; lancement des éditions Mots-tessons ; Christian Prigent, Jour de Tour, par la compagnie Banquet d’avril ; l’événement WJ-spots ; nos Libr-brèves (Exposition Craig et la marionnette, expo GAO POUSSIÈRE). /FT/
Livres reçus
[+] L’Étrangère, Bruxelles/Paris, n° 21-22 : "Sur l’interdit", été 2009, 228 pages, 25 € (45 € l’abonnement annuel : trois numéros), ISBN : 978-2-87317-343-2. [20, Bd Barthélemy B-1000 Bruxelles ; M. Brosseau/L’Étrangère, 40 rue Jules Auffret 93500 Pantin].
"Tout reste à dire de l’étrangeté du réel, d’autant que la parole qui exprime ce qui n’a pas encore été exprimé demeure étrangère à elle-même" (quatrième de couverture).
"C’est un sérieux symptôme du déclin de la vie publique, lorsque même les critiques, c’est-à-dire des intellectuels publics, ne comprennent plus ce que fait un auteur en menant des expériences sur les aspects explosifs des matériaux dangereux" (Peter Sloterdijk, Le Soulèvement contre le monde secondaire, 1993 ; trad. fr., L’Arche, 1997).
S’il y a quarante ans encore, la transgression des interdits allait de soi, qu’en est-il en des temps où la permissivité semble avoir triomphé ? Dans une sphère occidentale régie par un nouvel esprit de sérieux, mélange de bien-pensance et d’idéologie sécuritaire – au nom de laquelle on va jusqu’à faire pression sur les individus afin de les sensibiliser à la nécessité des mesures de protection en tous genres –, Pierre-Yves Soucy a raison de rappeler que, plus que jamais, les conditions sont requises pour que les artistes et écrivains exercent leur rôle critique en s’attaquant aux nouveaux interdits qu’a imposés la société de contrôle qui a succédé à la société disciplinaire.
Cette présentation est suivie de réflexions générales (Christophe Van Rossom, Henri-Pierre Jeudy, Véronique Bergen, David Christoffel, Jean-Paul Michel et Bernard Desportes) ou particulières (Hervé Castanet sur Witkin, Gabrielle Napoli sur l’"écrivain interdit" Imre Kertész ; sur interdits et liberté créatrice, Agnès Tricoire, Laurent Six, Patrick Beurard-Valdoye et Agnès Montrade). Des premières, il ressort que désormais les interdits ne visent qu’ à sauvegarder des lois du marché devenues évidences culturelles ; le discours marchand étant "obligatoire", sont censurés toute parole et tout imaginaire originaux. Rien d’étonnant, donc, à ce que, dans un monde où l’on invoque la transparence pour mieux masquer les nouvelles formes de domination et de violence (symbolique ou non), ceux qui bravent les interdits soient "les amoureux de la nuit" (Van Rossom). Autre paradoxe, formulé en ces termes par D. Christoffel : "Maintenant qu’on peut tout dire, on n’a plus rien à se dire" (p. 107)… Aussi la permissivité ambiante ne s’avère-t-elle rien d’autre qu’un leurre supplémentaire, la seule liberté inventée pour l’individu posé comme être-(h)unique étant celle de bêler à l’unisson : "Cet être unique – bientôt cloné ? – est constitué et jouit de toutes les permissions qui lui sont accordées. Permissions pensées pour lui, offertes ou imposées comme autant de libertés" (Desportes, 199).
La permissivité est la principale caractéristique d’Usinareva, cité imaginaire dont le slogan met en relief la dérive potentiellement inscrite dans l’une des perspectives ouvertes par mai 68 : "Il est interdit d’interdire"… C’est ainsi que le seul texte de création recueilli dans ce volume, signé CUHEL, ressortit à un projet alliant modernité carnavalesque et travail postmoderne de déconstruction : recyclant les discours dominants, il propose une contre-utopie dans laquelle l’absence d’interdit a pour corollaire un monde anomique où la frénésie consommatrice et le désir absolutisé n’ont pour seule limite que la mort.
Alors que A. Tricoire fustige ce type spécifique d’anomie lié au relativisme marchand, L. Six envisage l’interdit comme source de création. Au reste, ce qui est certain aujourd’hui, c’est que la censure n’a plus besoin d’alibi esthétique, recourant à l’arbitrage/arbiraire juridique, et que le terme même de "poète" est non seulement désacralisé, mais encore déclaré hors-la-loi (Beurard-Valdoye)…
[+] Luc DELLISSE, Le Professeur de scénario, Bruxelles, Les Impressions nouvelles, 280 pages, 19 €, ISBN : 978-2-87449-079-8.
Présentation éditoriale :
Un écrivain de cinquante ans, auteur d’une thèse sur Sacha Guitry qui ne le menait nulle part, s’est recyclé en spécialiste du scénario. Depuis qu’il a fait ce choix, tout lui réussit : un poste stable à l’Université de Genève, des relations humaines apaisées, des amours romanesques, et même l’aisance financière. Il est persuadé que le scénario n’est pas seulement l’écriture d’un film, mais aussi l’art de diriger le cours de sa vie. Jusqu’au jour où une série d’événements mystérieux ou tragiques qui se produisent dans son département si paisible, lui donnent l’idée d‘utiliser un scénario pour faire éclater la vérité. N’est-ce pas la bonne idée de trop ?
Le personnage principal portant le même nom que l’auteur, ce dernier déclare :
« Comme toujours, n’ayant pas de mémoire et très peu de vie personnelle, j’ai été contraint à tout inventer.
Je n’ai jamais enseigné à Genève. Je n’ai jamais écrit sur Sacha Guitry. Je n’ai jamais eu lieu de soupçonner un de mes collègues d’assassinat. Je n’ai jamais partagé de bureau avec un historien du XIXe siècle. Je n’ai jamais vécu dans une pension de famille. Je ne me suis jamais occupé de mécénat. Je n’ai jamais sauté d’étudiantes chinoises. Ni enfermé un étudiant dans un local de photocopieuses, ni exercé de chantage sur un riche industriel. De façon générale, je suis absent en chair et en os des moindres circonstances romanesques de ce livre. Ainsi ai-je pu l’écrire en toute objectivité.
Un roman n’a rien « à vendre » : ni théorie, ni idées, ni commentaire. Il existe, dans son état de désir et de sensations, comme existent les morsures de l’amour, ou l’odeur des embruns, ou les pointes des danseuses de Degas, en contre-plongée : saveur rêche et rapide, qui distrait l’écrivain et son lecteur de tourments plus aigus. Mais en relisant ce texte sur le point de paraître, j’aperçois aussi ses leitmotivs, ou si l’on préfère, les folies de l’auteur. Un : l’idée cartésienne que l’esprit peut organiser le monde. Deux : les plaisirs du pouvoir occulte et du rêve. Trois : la fortune cachée, comme une force au repos. Quatre : la littérature plus forte que les images.
S’ajoute discrètement à ces récurrences culturelles mon fantasme le moins partageable : l’horreur du soleil et de l’été, l’identification parfaite du froid avec une vie longue, heureuse et pénétrée de lumière. J’ai choisi Genève, entre mille villes imaginaires possibles, à cause de son surplomb de montagnes blanches et de son lac de diamant bleu et glacé. »
► La quête initiale d’une garantie reposant sur la bonne vieille illusion réaliste laissait présager le pire : "Personne ne me croira si j’affirme que toute cette histoire s’est déroulée en trois jours." La narration se fait ensuite plus distanciée – sans pour autant qu’on soit emporté par ce qui s’appelle un phrasé, un rythme, une forme. Aucune impression nouvelle, donc.
[+] Luc DELLISSE, L’Atelier du scénariste, Les Impressions nouvelles, Bruxelles, 190 pages, 16 €, ISBN : 978-2-87449-078-1.
Présentation éditoriale :
L’Atelier du scénariste examine l’écriture pour le cinéma, du point de vue du métier comme de la création.
Le métier, c’est la maîtrise d’un langage particulier, et l’utilisation de principes narratifs souvent méconnus. La création, c’est la dimension personnelle, à la fois originale, féconde et universelle, que certains scénaristes parviennent à apporter, malgré les conditions économiques et les lois du genre.
On découvrira ici comment rédiger un synopsis et une continuité dialoguée, comment concevoir un protagoniste, comment distinguer l’épaisseur d’une histoire de la simple trame du récit. Cet ouvrage propose des principes utiles dans le cas d’une adaptation, il veille à distinguer le protagoniste du héros et l’antagoniste de l’ennemi, précise la fonction de la voix off et les ressources du flash back, révèle qu’un prologue peut contenir le secret d’un film tout entier – et bien d’autres choses encore. Il fournit aussi des conseils aux jeunes scénaristes, un plan de travail pour les enseignants, et des aperçus sur le rapport entre le scénario et la vie.
Des exemples nombreux – puisés dans les films classiques de Billy Wilder et Jean-Pierre Melville, dans Le Mépris et Le Satyricon, mais aussi chez Pedro Almodovar, Clint Eastwood, David Lynch et Jacques Audiard, ou dans les exploits d’Indiana Jones et de Spiderman – enrichissent cet essai qui envisage le scénariste comme un auteur à part entière, et remet l’écriture au centre du processus de création.
► Savez-vous ce qu’est un "pitch" ? Voulez-vous vous essayer à l’art des ellipses et du flash back ? Si vous souhaitez apprendre le cinéma en vingt leçons, théorie et pratique, et si vous ne voulez quand même pas aller jusqu’à remplacer la traditionnelle conception de l’adaptation par celle, plus risquée, de "réécriture filmique", pas de problème, ce livre de pro est fait pour vous… Ni plus, ni moins.
Lancement des éditions Mots tessons
Pour leur lancement, les éditions MOTS TESSONS publient deux auteurs: Philippe Rahmy (en collaboration avec Stéphane Dussel, peintre) et Mathieu Brosseau. Les éditions MOTS TESSONS feront paraître 4 à 6 titres chaque année, ainsi que des livres plus singuliers, au compte goutte, selon les affinités (petits tirages, livres d’artistes,…).
Vous pouvez souscrire dès maintenant pour les soutenir : les deux livres à paraître pour 25€, frais de port compris :
Armand Dupuy / éditions MOTS TESSONS, 8 rue de Thizy, L’étang 69550 Saint-Jean-La-Bussière.
Christian PRIGENT, Jour de Tour, un extrait de Grand-mère Quéquette (P.O.L, 2003), par la Compagnie BANQUET D’AVRIL (3, bld François Blancho 44200 NANTES ; 06 11 11 21 88 ; banquetdavril@wanadoo.fr. Mise en scène : Monique Hervouët).
Les 14, 15, 19 et 20 Octobre 2009 : Chapelle du Grand T, 84, rue du Général Buat 44000 Nantes, à 20h (02 51 88 25 25).
Les 21, 22 et 23 Octobre 2009 : Salle Jacques Tati – Fanal Scène Nationale, 33, bd Victor Hugo 44600 St Nazaire ; à 19h 30 (le 21), à 20h 30 (les 22 et 23). [02 40 22 91 36].
Les 21 et 22 Novembre 2009 : Théâtre de la Halle au blé, Place du 8 mai 1945 72200 La Flèche ; à 20h 35 (le 21), 16h (le 22). [02 43 94 08 99].
Les 1 et 2 Décembre 2009 : Théâtre Paul Scarron, 8 place des Jacobins 72000 Le Mans, à 20h 30 (02 43 43 89 89).
Du vendredi 25 septembre 2009 au dimanche 24 janvier 2010 : WJ-SPOTS#1 – HORS-SÉRIE Special MCD edition WJ-SPOTS #1 – "15 years of artistic creation on the Internet" "15 ans de création artistique sur Internet".
WJ-SPOTS est un projet imaginé et conçu par Anne Roquigny, curatrice nouveaux médias, qui invite des artistes, critiques, penseurs, inventeurs, chercheurs, commissaires artistiques et organisateurs d’événement à faire un point sur 15 années de création artistique sur Internet.
Les interviews de WJ-SPOTS sont réalisées au sein du dispositif multi-écrans WJ-S , transformé pour l’occasion en un espace de réflexion.
Une navigation dans une sélection de sites Internet emblématiques choisis par les invités est réalisée simultanément sur 3 grands écrans. Le surf en temps réel est une vision augmentée de la pensée, et accompagne les réponses aux 5 questions posées à chaque intervenant.
Les invités de WJ-SPOTS #1 :
Aliette G Certhoux, Agnès de Cayeux, Anne Laforet, Anne-Marie Morice, Annick Rivoire, Annie Abrahams, Antoine Schmitt, Bruno Alacoque aka weweje aka s.u.n aka datatank, Albertine Meunier, Christophe Bruno, Collectif MU, Cyril Thomas, David Guez, David-Olivier Lartigaud, Douglas Edric Stanley, Elisabeth Klimoff, Emmanuel Vergès, Eléonore Hellio, Etienne Cliquet, Fred Forest, Grégoire Courtois aka Troudair, Gregory Chatonsky, Isabelle Arvers, Ivan Chabanaud, Jacques Perconte, Jérôme Joy, Jocelyne Quelo, Joëlle Bitton, Julie Morel, Lucille Calmel, Mabuseki, Margherita Balzerani, Martine Neddam aka Mouchette, Michaël Borras aka Systaime, Nathalie Magnan, Nicolas Frespech, Nicolas Maigret, Olga Kisseleva, Olivier Auber, Olivier Forest, Peter Sinclair, RYBN, Thierry Théolier aka ThTh, Xavier Faltot.
Le premier WJ-SPOTS s’est déroulé les 27 & 28 mai 2009 de midi à minuit à la Maison des Métallos, à Paris, dans le cadre de la saison numérique Immatérielles et de Futur en Seine.
Cet événement a été l’occasion de rencontrer une quarantaine de personnalités du web français et de découvrir pendant 2 jours la navigation réalisée par Isabelle Arvers et Anne Laforet qui ont surfé en live dans des contenus (audios visuels et textuels) en provenance du disque dur géant qu’est Internet.
Les participants ont commenté, analysé et retracé "l’histoire" du web et la manière dont le réseau a été investi comme un espace de création : créations en ligne, oeuvres collectives, pratiques de télépresences, net art, online art, sofware art, code art, ascii art, flash art, google art, art génératif, art interactif, art collaboratif, tactical media, locative media, art telematic, performances en réseau…
WJ-SPOTS #1, coproduit avec Anne-Cécile Worms de MCD, est la première édition d’une série d’événements/publications qui se dérouleront en 2010 et en 2011, en partenariat avec des médias et des structures culturelles espagnoles, belges, sud-américaines, américaines, québécoises, britanniques, balkaniques…
WJ-SPOTS joue sur plusieurs modes de re/transmission et de publication.
WJ-SPOTS est un événement public permettant d’interviewer des acteurs de la création artistique en ligne et de surfer en live dans leur sélection de sites Internet.
WJ-SPOTS donne accès à la retransmission de l’événement en direct sur Internet sur le site de Selfworld.
WJ-SPOTS offre la totalité des entretiens, en vidéo à la demande sur le serveur de Digitalarti.
WJ-SPOTS est aussi une collection de hors-séries, bilingues (français et anglais), produits et édités par la revue MCD
ACHETER EN LIGNE :
* Version papier, 104 pages, 9 euros.
* PDF, 104 pages imprimables, 7 euros.
LIBR-BRÈVES
► Du 18 septembre au 4 octobre 2009, Exposition Craig et la marionnette au Musée de l’Ardenne (Charleville-Mézières) dans le cadre du Festival mondial des théâtres de marionnettes.
► Exposition de la série "GAO POUSSIERE" au Lucernaire du 12 octobre au 1er novembre 2009.
Vernissage le samedi 24 octobre 2009 à partir de 16 heures [75 006 Paris].
Merci pour ce geste,
Sincèrement,
Les éditions Mots Tessons