Cette semaine sortent en librairie les étonnants Effondrés de Mathieu Larnaudie (Actes Sud) et l’étrange Après vous de Pierre Alferi. Par ailleurs, on découvrira quelques libr-événements. De quoi passer libr-critiquement vos longues soirées printanières ! /FT/
En librairie cette semaine
► Mathieu LARNAUDIE, Les Effondrés, Actes Sud, en librairie le mercredi 7 avril 2010, 182 pages, 18 €, ISBN : 978-2-7427-9010-4.
Présentation éditoriale :
"Ils occupent, dans le monde de l’argent, du business ou de la politique, des places dominantes lorsque survient à l’automne 2008 ce violent séisme qu’on appellera : crise. Aussitôt certains vacillent, s’effondrent, passent aux aveux, disparaissent ou se suicident, tandis que d’autres, au sommet des Etats, font rempart de leurs discours, explications, plans de sauvetage, remèdes en tout genre. Qu’ont-ils en commun ? – D’avoir contemplé l’inimaginable. Car, quoi qu’il en soit aujourd’hui de leur rétablissement, c’est bien le dogme de la fin de l’Histoire qui, avec leur sacro-saint libéralisme, a mordu la poussière. Ni récit catastrophe ni roman social sur la France d’en bas, Les Effondrés saisit quelques personnalités fameuses (ou fictives) dans l’inexorable débâcle de leur édifice idéologique. Il y a certes un peu d’insolence à confronter ainsi littérature et faillite de leur dogme. Et beaucoup d’ironie dans cette "immortalisation" de leurs bien fâcheuses postures…"
Premières impressions :
Qui a dit que la littérature française est nombriliste ? Il fallait être aussi ambitieux qu’audacieux pour s’attaquer à un tel sujet : la crise financière qui a frappé autrement que les attentats du 11 septembre 2001 un espace mondialisé dans lequel le capitalisme était devenu l’ordre naturel des choses, provoquant le déclin de l’ère post-historique. Avec un phrasé à vous couper le souffle (après une première phrase de huit pages, certains chapitres ne comptent pas plus de deux ou trois phrases), ne craignant pas de développer de longues coulées verbales qui intègrent faits, discours ou récits de vie, le jeune romancier de 33 ans dissèque les mécanismes de "la crise", se concentre sur la métamorphose des "winners" en "effondrés" aussi effarés que les personnages rimbaldiens, et surtout déconstruit l’idéologie dominante, fustigeant au passage la palinodie d’un président français dont la posture volontariste ne révèle rien d’autre que sa volonté de puissance.
► Pierre ALFERI, Après vous, P.O.L, en librairie le vendredi 9 avril 2010, 250 pages, 18,50 €, ISBN : 978-2-8180-0009-0.
Présentation éditoriale :
"Pressé de se reloger après une rupture, le jeune Ben découvre une enclave arborée entre les bretelles d’autoroute, le port et les quartiers désoeuvrés de sa ville frontalière. L’entraide paraît s’y pratiquer d’instinct, et la paix régner malgré la présence policière. Le voici donc encouragé à se laisser vivre un été à y bricoler, jardiner, boire, écouter, retomber amoureux. Il faut une série d’accidents, bénins d’abord, puis meurtriers, pour lui faire perdre l’illusion de cet éden et de sa propre liberté. Il faut deux explosions, une rafle, un enlèvement, une lettre vengeresse, une séance de spiritisme, enfin un meurtre déguisé en suicide, pour que l’automne arrive."
Premières impressions :
Après-vous est un surnom… mais il y a aussi la Beauté, la Richesse, la Célébrité, Ventre loquace… Ajoutez à cela une bonne partie des titres de chapitre : "La Cause", "La Beauté", "L’Esclave", "L’Eden", "Le Bar Bar", "L’Indication", "La Culbute", "La Chambre"…Entre l’allégorique et l’onirique vogue cette prose poétique ; de Baudelaire en Mandiargues également. On retiendra surtout les fascinantes figures de la baudelairienne Beauté de pierre et de la monolithique Étudiante anglaise, "faite d’un seul tissu précieux, en chair d’Eros massive" (p. 176)…
Libr-événements
► Mardi 6 avril 2010 à 20H. Performances, poésie action, musique, son, rock’n roll. Avec Jacques Sivan + Cedric Pigot ; Cheval 23 (Lucien Suel + Arnaud Mirland) ; Jean-Michel Espitallier + Kasper Toeplitz ; Enob
150, rue du Faubourg du temple – Paris 10e. M° Goncourt ou Belleville.
► Entre textes et images, voir aux lisières. Nouvelle rencontre proposée par Remue.net avec la collaboration de la Scène du Balcon le vendredi 9 avril 2010 à 20 heures. Café Cerise : 46, rue Montorgueil, 75002 Paris, métro Sentier ou Les Halles. Entrée libre et gratuite.
Réservation souhaitée au 01 42 96 34 98 ou par mail : scenedubalcon3@aol.com.
Rencontre entre Suzanne Doppelt et Catherine Pomparat, présentation Dominique Dussidour.
"Que voit-on ? Quelle est notre aptitude à voir et à ne pas voir ? Quelles constructions pour dire la prédisposition de la vision à nous perdre ?
Les petites philocalies de l’art de Catherine Pomparat, publiées sur remue.net, voient l’œuvre écrite et photographique de Suzanne Doppelt avec 4 verbes à "l’infinitif pluriel" :
rassembler
apparaître
renverser
disparaître. "
► Lecture de Vanina Maestri et de Jacques Sivan à la bibliothèque Marguerite Audoux, samedi 10 avril à 18h30.