Tout d’abord, trois rendez-vous : avec Eric Pessan sur France Culture, la 11e Biennales internationale des poètes et le 29e Marché de la Poésie à St Sulpice. Ensuite, deux livres reçus : David Besschops, Trou commun (Argol) ; Emmanuel Loi, Sous presse (Al dante).
Bientôt sur LIBR-CRITIQUE : la suite du Kaléidoscope printanier (une sélection de livres récents à ne pas manquer), du Dossier sur la subversion, du portrait de Pierre Courtaud par Sylvain Courtoux et de la série de Marc Perrin, Avoir lieu 2011 ; un inédit de Bernard Desportes, des réflexions sur le romanesque et la critique actuels… Pour tout contact ou toute proposition de contribution, n’oubliez pas : libr.critik@yahoo.fr. Merci de vos innombrables soutiens ! /FT/
Trois rendez-vous
► Depuis hier, vous pouvez écouter sur FRANCE CULTURE la fiction radiophonique d’Eric PESSAN, La Grande Décharge (59 mn) : écouter.
► BIENNALE INTERNATIONALE DES POETES : lancement de la 11e édition demain (19H-22H)… Parmi les premiers auteurs invités de la semaine, Sylvain COURTOUX, Fred GRIOT, Vannina MAESTRI, Jacques SIVAN, David CHRISTOFFEL… Le point d’orgue en sera la NUIT DE LA POESIE samedi 21 mai. [Télécharger le programme]
► 29e MARCHE DE LA POESIE (Place St Sulpice 75006 Paris) : du vendredi 27 au lundi 30 mai 2011. [Télécharger le programme]
Livres reçus
► David BESSCHOPS, Trou commun, Argol, hiver 2010, 112 pages, 18 euros, ISBN : 978-2-915978-64-3.
"Ma vie. Quatre entrées et une porte de garage. Des journées d’un seul élan. Mon plein mon trou mon homme" (p. 19)… "Je suis sans issue. J’ai beau faire avec mes orifices rien n’en sort de manière durable. Pas la peine d’y introduire l’humour. La merde l’authentique occupe tout. Sphincters estomac cavités mnésiques" (47)… "Je ne suis pas une pute. Je suis le robot d’un salaire unique pour deux personnes à charge. Ma fille. Ma mère. J’absous les géniteurs masculins. Renvoie le père à son front. Consciente qu’il y a d’autres guerres ailleurs. En mieux" (85-86)…
Trou commun est une polyphonie d’un genre particulier qui présente réflexivement aux lecteurs attentifs son propre fonctionnement ("le fil des narrations" rompu, la logique a les pattes cassées) : le même Je recouvre sept personnages anonymes… Parmi ces sept figures bien campées : l’enfant de six ans qui est "en érection parlée permanente" (11), la mère qui offre à son fils "une chaise roulante affective" (25), le père violent…
Quand la famille se substitue au monde, surgit le trou commun sous toutes ses facettes (spatiale, sociale, psychologique, sexuelle…).
► Emmanuel LOI, Sous presse. Culture kleenex & effets de manchette, Al dante, printemps 2011, 72 pages, 11 euros, ISBN : 978-2-84761-859-4.
La thèse d’Emmanuel Loi : dans la société de consommation actuelle, notre aliénation aux flux médiatiques prend la forme d’une addiction parmi d’autres. Notre dépendance à l’information assure le triomphe du "prêt à penser" : "Plus vous êtes informé, plus vous formatez votre conscience" (p. 32).
D’où sa charge contre les effets de réel et l’objectivité illusoire de médias régis par l’immédiateté et la flexibilité, dans lesquels règnent la fausse indépendance, la fausse impertinence, la fausse subversion… Et l’auteur d’exposer la recette de leur succès : créer du sentiment communautaire en lançant des produits qui, par leur dimension pluridimensionnelle, réussissent à fédérer les publics.
Ses cibles : les "bons sujets" de l’émission Envoyé spécial, les cinéastes Michael Moore et les frères Dardenne, la littérature de témoignage et de "bons sentiments" (Laurent Mauvignier, François Bégaudeau, Erri de Luca), "les bouffons André Glucksman ou BHL", "les célèbres animateurs poujadistes Laurent Ruquier ou Fogel", les deux Alain conservateurs (Duhamel et Minc), le pseudo-"dernier aventurier moderne" Jean-Louis Étienne…
Pour renouveler ce type de dénonciation galvaudée, deux voies sont possibles : l’inventivité verbale et formelle ; l’enquête minutieuse accompagnée d’un examen critique. Hélas, Emmanuel Loi n’en emprunte aucune, se contentant de vitupérer contre les blogs, Tweeter et Wikileaks ou de la simple et pure assertion. Par exemple, une phrase comme celle-ci aurait mérité à elle seule au moins un opuscule de la même taille que Sous presse : "Il se produit un avachissement de la démocratie à force de la rechercher partout, de la requérir impérativement" (46)…