Encreux, texte poétique de Claude Favre. Travail de torsion de la langue autour de motifs liés au corps et à son expression. On peut lire aussi de Claude Favre sur libr-critique : mots de bouche, sur remue.net : Le cadavre c’est désordre, et sur Les cahiers de benjy : je suis une dette.
tigres mots grappes en nous
ventres groupés de la peur il en est
comme de la langue noueuse
incisée d’absences affamée torse
& tueuse à quoi on se demande
chavirés piafs locataires par
suspens & houles de mots
hurleurs noirs ventrés & plus
savoir quoi chavirés noueux &
d’autres parlés noués grimés &
d’effraies & suspens d’échanges
piafs tout un bestiaire sometimes
plus encore & encore & suspens
on est dans la maison des morts
c’est de la langue encore il fait noir
& hurleuse langue encore &
encore ses mots piafs chavirés &
le ciel renoué comme le hasard de
renverse & suspens & noeuds
larcins d’encreux à rien se poser où
coeur cassis d’autres & encore
d’autres & nous noueux dedans
ventrés … ils vont te prendre
petit oiseau sauvage … c’est
d’autant d’océans & sanglots de
virées de crimes nouées bêtes
sommes de combats de nègres &
sometimes pire tellement affamés
& houleux à pas regarder loin à
pas voir près ni d’oblique de cécité
paroleuse c’est de la langue encore
& ses houles paradoxes & ses
dettes cassis on est dans la maison
des morts … ils vont te prendre
petit oiseau sauvage … par où
s’échapper nus & liés noués
chavirés par angles morts navrés
& d’irascibles heurts du dedans
de renverse il fait creux &
presque morts déjà & déjà morts
déjà & hurlés on épouse le
mouvement pourtant … ils vont
te prendre petit oiseau sauvage ….
c’est de la langue encore &
comme noeuds il en est tigres &
complicité mémorable
& noeuds il en est tigres comme
affronts & houles & sangs
c’est affaire courante balles sifflent
chair d’effondre & sangs signes
suspens par lunes de travers … te
prendre petit oiseau sauvage …
d’échanges noués grimés hurleurs
navrés & piafs houles &
sanglots … te prendre petit
oiseau … te prendre … ils vont
de crimes hurlés chavirés ventrés
d’absences ils vont groupés & de
la peur ils vont bêtes de sommes
crimes & d’autant … te
prendre petit oiseau … tellement
d’absences & affamés c’est de la
langue encore bestiaire & nègre
& encreuse torse on est dans la
maison des morts … les ventres
petit oiseau sauvage … les houles
voilà pourquoi grappes en nous &
d’effaces crimes par trembles &
silences grimés … toujours
grands les rêves petit l’ oiseau
sauvage … c’est ainsi chaque fois
étrangés piafs par tigres sommes
hébétés tristes sires & chavirés
les rêves sans mentir … on va te
prendre petit oiseau sauvage …
on va d’absences te prendre & te
tuer petit oiseau t’affamer petit
oiseau à rêves t’étrangler & piaf
des nôtres tu seras & grappe &
grimes d’ombres on est dans la
maison des morts … il en est des
plumes comme de la peur la langue
nouée hurlée & qui monte au
cerveau & manège & la houle
des paradoxes … qui vont
t’abattre petit oiseau sauvage …
sans mentir on est plus tigres
qu’un roi on se demande quoi à
quoi n’a pas son pareil …
t’embrasser sur bouche petit
oiseau sauvage …
& plein sur la bouche noeuds &
leurs encreux & frondes …
petit te piéger … de baisers te
piéger d’accords leurs encreux c’est
affaire courante & larcins &
c’est la même chose que rien &
lunes on se croit spectateurs on
épouse le mouvement … à pas
penser pas … s’entraîne affamés
on est dans la maison des morts
… tigres d’absences & larcins
… on croise les doigts ça nous
semble beaucoup ce n’est rien on
épouse & par suspens & pas de
pudeurs & langue en noeuds
d’encore tigres … may be petit
oiseau on pourrait … par suspens
sauvage petit oiseau on pourrait
… piafs de rien à regarder loin &
chavirés mémorables … il en est
de la langue comme d’espoirs &
mémoires & d’obliques …
tout se passe dans la maison des
morts on ne voit … quoi on ne
voit rien & qu’à lire rien qu’à dire
rien ne se laisse pas … rien ne se
résume petit oiseau … rien ça …
malgré tout des plus sombres &
peurs tourbes tourbillons on
épouse & tigres comme &
tigres comme l’espèce & tigres
comme la vie … petit sauvage …
sans mentir toi aussi noeuds &
d’encreux larcins de complicité
mémorable comme si … chavirés
c’est de la langue sauvage … de
l’imprévisible combien ne durera
& ne vieillira mais noueuse de
cris criailleries comme sanglots &
paradoxes … petit oiseau
sauvage toi aussi d’oblique cécité
… affamé & d’effraies pour
deux mots sans suspens vendra les
tiens & ventré noir hurleur …
& d’aplats de langue de mort …
tu trahiras les tiens c’est de la
langue encore & échanges
grimes de peurs nouées de rêves
… t’étrangler petit petit qui houle
tes tigres … il fait noir plein la
bouche plein c’est de la vie encore
& pourtant …