[Revue] Carbone

[Revue] Carbone

janvier 12, 2007
in Category: Livres reçus, UNE
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Revue Carbone n°1 [thème : Esclave], éditée par la maison d’éditions Le-mort-qui-trompe, 125 p. ISSN : en cours. [site de la maison d’éditions]. prix : 8 €.
carbone152.jpgSommaire :
Entretien avec Juan Asensio par Laurent Shang.
Récits :
Lucien Suel : Le collectionneur d’esclaves.
Jean-Mac Agrati : Le retour de Joséphine de Beaumarchais.
Helena de Angelis : Mea Culpa.
Andy Verol : Histoire des derniers Cow-boys français.
Jean-Claude Tardif : Connaissez-vous Montgomery.
Critique :
Jean-Paul Gavard Perret : Artaud le mécréateur.
Axele Felgine : La théorie du bétail humain chez Sozo Numa.
Valérian Lallement : Pierre Guyotat : autopsie de la machine.
Mohammed Chaouki Zine : Servitude et finitude dans l’herméneutique d’Ibn ‘Arabi.
Philippe Di Folco : Magic box
Otom Didier Manuel : Paysages imaginaires des enfants de la cté monstre dans le Japon contemporain.

Premières impressions :
Il s’agit là d’une nouvelle revue, fondée par Valérian Lallement et Axelle Felgine, deux ex-membres des Hermaphrodites, avec qui ils sont restés en lien étroit, du fait qu’ils aient fondé ensembles une maison de diffusion : Le cartel. En cela ce premier numéro évite de nombreuses erreurs que font beaucoup de nouveaux créateurs de revue : ce numéro sur « esclave » d’emblée est mature, très bien mis en page, original dans la conception du traitement du thème : trois sections distinctes, qui apportent trois angularités qui se répondent. Car le choix des textes a été exigent.
Assez rapidement, on retiendra au niveau critique, et en ce qui concerne spécifiquement les centres d’intérêt de libr-critique : Jean-Paul Gavard Perret, qui réfléchit sur un Artaud qui se tient dans une position paradoxale : « puisqu’il est à la fois prisonnier de lui-même et hors de son être », ce qui le conduit à la recherche d’une forme de libération qui en passe, comme Françoise Bonardel l’avait magnifiquement analysé dans son Artaud : par une transfiguration, lui permettant de rompre avec l’aliénation qui le vampirise, et ceci notamment lors de sa quête chez es Tarahumaras au Mexique. L’analyse de JP Gavard Perret est très bien référencée et à partir du thème de l’esclave, montre parfaitement la force du langage d’Artaud. De même le texte de Valérian Lallement sur Guyotat est trs bien établi, par un réel connaisseur de cette oeuvre, car en effet, V. Lallement a étabi l’édition critique des Carnets de bord de Pierre Guyotat [Lignes Manifeste en 2005]. Son article interroge la langue de la prostitution, de l’esclavage et de la soumission en tant que condition de possibilité de la liberté, car tel qe l’écrit P. Guyotat : « Vous hommes libres, vous aimez boire le sang, et recevoir la semence des esclaves; alors pénétrés jusqu’au fond de l’âme, par un feu ancien : la liberté par soumission aux forces du ciel. » Et pour finir avec les articles théoriques, mentionnons le très bel essai de Philippe di Folco, qui à partir d’une réflexion sur notre hypermodernité et ces processus de fictionalisation de l’existence, pose les affects, inquantifiables, en tant que vectorialités performatives qui se jouent en rapport avec la Memory-box. Derrière son texte, au style assez percutant, outre une analyse de Brazil de T. Gilliam, se dessine une réflexion sr la boîte-carnet magique telle qu’elle a été pensée dans les derniers textes de Freud : cet espace où cela s’écrit et s’efface simultanément. Au niveau des fictions, outre le texte très critique de Lucien Suel, qui entre en écho avec ces derniers livres publiés, il faut aussi découvrir pour ceux qui ne le connaissent pas, l’un des nouvellistes qui nous semblent parmi les plus importants actuellement : Jean-Marc Agrati, don nous reparlerons en mars pour la sortie de son troisième recueil de nouvelles aux éditions Hermaphrodite : Ils m’ont mis une nouvelle bouche. Son petit texte une nouvelle fois avoisine l’hallucination éveillée : avec une écriture à la Bukowski, il décrit une scène sacrificielle selon une trajectoire totalement fantastique et absurde.
Au vue de la qualité de l’ensemble et du prix de la revue, nous ne pouvons que recommander celle-ci, en attendant son numéro 2 portant sur le thème de la « fin »

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rédaction

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