Freak wave, la Vague scélérate, N° 2 ; revue.freakwave@yahoo.fr ; 18 €.
Avec Freak wave, la vague scélérate, on quitte résolument le "poétiquement correct", la revue "revue et corrigée" qui se range sur l’étagère étiquetée "poésie" sans dépasser d’un poil ses congénères. L’objet, certes, n’a rien d’un "alien", tout au moins dans sa forme.
C’est même un très bel objet sur papier glacé scintillant de mille couleurs. Mais c’est son contenu qui d’entrée frappe l’œil. Images et textes s’y enchevêtrent, participant d’un même esprit dénommé "punk" ou "underground", à défaut d’analyse plus développée quant à ces appellations hâtives. Les acteurs de Freak wave appartiennent aux générations des 30/40 ans et on plutôt un profil "d’artistes prolétaires", ainsi que le décrit Andy Vérol dans un texte sans concession venu boucler cette livraison à la façon d’un post-éditorial décliné en autocritique désabusée. Car si l’unité d’ensemble de cette publication saute littéralement à l’œil, elle n’est guère sous-tendue par un esprit de manifeste collectif, chacun y allant de ses créations plastiques ou littéraires. RIEN / voici le but à at / teindre la terre en rouge / le sergent à sonnette aboie ses ordres en héb / retour à la case extermi / nation du monde baisez / vous êtes une bande de cadavres…C’est Jérôme Bertin qui plante ainsi un décor d’une noirceur prononcée, renforcée encore par les textes de Charles Pennequin, Théophile de Giraud, Jean-Louis Costes, Antoine Bréa, Christophe Siébert, Cécile Richard, René Belbenoît, Eve Dequidt, sans citer quelques auteurs s’exprimant en anglais. Freak wave joint à ces embardées écrites une abondante galerie de dessins et de quelques photos, comme une exposition aux tons post expressionnistes, tendance "punk". Anne Van der Linden, coordinatrice avec Olivier Allemane de cette publication, y va de ses dessins dénudés un rien pornographiques. Au rang des illustrateurs, on citera également David Sandlin, Mina Anguelova, Kiki Picasso, Laurie Lipton, Olivier Allemane, Sue Coe, Agata Siecinska, Steve Somers, Clovis Trouille, Olivia Clavel, Yoko d’Holbachie, Nicolas Müller, Bruno Baloup, Muzo, Hou Jumming, Jean-René Hissard. La vague scélérate ne provoquera sans doute aucun raz-de-marée dans le monde poétique et artistique, ni ne révolutionnera la société en général. Mais cette "compilation" ponctuelle marque, avec bien d’autres initiatives similaires, notamment sur des scènes publiques, le désir de rassemblement de créateurs qui, pour en revenir à Andy Vérol, n’expriment pas seulement leurs "tiraillements pathétiques intérieurs" mais une façon de réagir à un monde réduisant de plus en plus les espaces de liberté.
Content que l’on parle de mon pote Jérôme Bertin. Il le mérite.
Ca a l’air sympa mais c’est cher !
Oui, très belle livraison, chère – mais c’est toujours le problème dès lors que l’on ne produit pas en grande quantité et qu’on fait dans le beau papier hypercoloré…