La revue que publient les éditions le Quartanier est dirigée par Eric de la Rochellière et Guillaume Fayard, entre Montréal et Marseille, elle tisse des liens entre des auteurs du continent européen et du continent américains, quasiment tous nés dans les années 1970, et nous donne d’intéressantes découvertes. De la poésie assez classique à la prose, en passant par de la fiction, de la narration poétique ou par des poésies plus expérimentales, les travaux sont divers, trans-genres, et assemblée dans la revue, cette variété des formes contribue à brouiller encore plus les définitions que l’on pourrait tenter de faire de la poésie de tous ces jeunes auteurs.
[Chaque numéro contient aussi des notices bibliographiques sur les auteurs et un cahier critique assez épais, qui donne à lire de petites chroniques de poésie, mais aussi de romans, de cinéma et de revue, les rédacteurs sont Guillaume Fayard, Hélène Frédérick, Daniel Canty, Alban Lefranc, Xavier Person, Anne Malaprade, tous ayant une activité critique importante par ailleurs…]
On peut cependant remarquer à la lecture de ces deux numéros, qu’au-delà de la diversité formelle, c’est plutôt à une poésie du sujet que l’on a affaire, que celui-ci se débatte avec un réel absurde, insaisissable, problématique, ou qu’il cherche dans la langue une matière pour le construire et l’agencer afin de pouvoir s’y positionner, les textes sont nombreux à être de petits ateliers subjectifs. Ligne moderne donc dans cette revue, mais sans la dimension politique, et posture assez classique, même si quelques textes proposent des positionnements dans la langue plus complexes et novateurs, dans une logique plus active et ludique, la revue Le Quartanier est-t-elle une revue qui rejoue et creuse la modernité ou ouvre-t-elle de nouvelles perspectives ?
Le n°6, paru en automne 2006, est une livraison diversifiée, bien montée, finement agencée, dense, il y a de quoi lire, de jeunes auteurs essentiellement (et tant mieux), donc allons voir de plus prés.
Il y a, du côté de la narration, une histoire de dépucelage et d’errance nostalgico-nihiliste par Antoine Bréa, chronique anecdotique et désabusée d’une teinte un peu adolescente. Teinte que l’on retrouve aussi dans le texte de Julien de Kerviler « éloge de la solitude après la pluie » (quel titre ! il faut oser…), qui décrit, en 49 paragraphes, sur un mode journal intime, dans une prose épurée, martelant un « tu » qui ne fait pourtant que souligner un « je » qui s’épanche avec beaucoup de pathos, les affres de sentiments (surtout amoureux) en Chine.
Par contre, le périple narratif de Samuel Lequette, entre Les fleurs bleues et Jacques le Fataliste version canine, est vraiment très drôle et enthousiasmant, c’est une petite épopée poétique absurde au rythme enlevé et trépidant, dans lequel le narrateur s’amuse à embarquer et à malmener un lecteur de papier, dommage que cela soit si court …
Même enthousiasme pour le texte Matthieu Larnaudie, « Placebo Consortium » qui se détache du peloton, avec là aussi une incursion/excursion effrénée dans le langage mais celui du monde actuel ; road-movie objectiviste dans le réel contemporain et ses codes langagiers, qui se déroule tel un décor derrière les vitres d’une voiture lancée sur les autoroutes de l’information, processus de fabrication d’une fiction qui recycle sur un mode samplé les multiples énoncés qui constituent le système communicationnel actuel auxquels se mêlent les hypothèses d’une histoire d’amour ainsi que la grammaire de l’informatique, le voyage est haletant.
Enfin, Ludovic Bablon nous donne à lire un extrait d’un roman en chantier, texte à la narration fragmentée par divers prismes de vision, récit étrange et délirant autour d’un personnage maladif et schizophrénique, entre solitude sexuelle et parano microbienne, qui s’agite dans des visions pas toujours très compréhensibles. Si les pistes proposées sont intéressantes, cela reste encore peu abouti au niveau de la langue, et pourrait être poussé plus loin, à suivre donc …
Du côté poésie, Benoit Caudoux donne une suite, pas très cohérente et inégale, de bribes et fragments de pensées ; subjectivité qui se débat avec ses situations et perceptions, poésie du sujet en prise, face, contre, toujours en difficulté avec le réel, et ses impératifs, avec le temps et ses espaces enfermant ou précipitant dans le vide, des propositions intéressantes (les murs qui nous traversent, l’explosion de soi, «il faut se ramasser, décroître, se réduire : descendre et reculer de partout, au même rythme, pour arriver au Centre. » « Il faut que la conscience se place, comme la voix, à l’aplomb de son vide. Sans quoi elle étouffe » __ on pense notamment à Michaux __ mais des poses et des lourdeurs aussi…
Dans le texte d’André Gache, « Cosmogonie », le corps et les éléments du monde se mêlent dans une inter-pénétration amoureuse, de la peau aux pieds, en passant par les oreilles, la bouche, la poitrine, la matière-langage se fait corps de façon musicale et métaphorique.
« le corps s’impose epi d’erm’ ite na pas cours il court autour de lui-même mouvement vrillique et vers l’autre de partout corps »
« marcher sous le ciel qui soutient les pas en les courbant vers la nuit »
Cette prose qui, à première vue, peut sembler assez moderne et déconstruite révèle en fait rapidement une poésie lyrique assez classique, où émotions et images prennent le dessus ; il en ait de même pour la poésie condensée et presque versifiée de Gilles Toog. Il y aussi une « Musique New-Yorkaise » de Christan Zorka, poésie polyphonique où s’égrènent en éclatement des bribes d’une ville, et un « Onratorio » d’Hervé Bouchard, prose au lyrisme épique et un peu ampoulé et incantatoire, qui raconte l’errance onirique en auto-stop de drôles de damnés …
Enfin, on ne parlera de Arno Calleja que pour dire (il le faut bien quand même) qu’il continue à faire du sous-Tarkos et du sous-Pennequin (soupir) au niveau de la forme, et que dans le fond, il ne fait que défendre une posture classique de l’écrivain maudit notamment à travers la dichotomie stupide qu’il fait entre « légen » riches et ceux qui sont pauvres, dont l’écriture est plus pure que celles des gens riches, qui sont méchants par ce que ce sont de sales bourgeois, ah lalala …
À la fin de la lecture de ce numéro, on peut être dubitatif, les propositions d’écritures sont intéressantes, les textes plutôt bons, le travail honnête et sérieux, c’est bien et puis ? On se dit que tout cela est en fait trop lisse, trop propre, que la légèreté et l’humour manquent, ainsi qu’une certaine radicalité ou affirmation dans les partis pris. Tout se tient trop bien, c’est fin, intelligent, parfois charmant, mais un peu figé, mou, et finalement, et c’est dommage, presque ennuyeux.
Les écritures de cette jeune génération de poètes (et de prosateurs ou romanciers, on ne sait pas bien et tant mieux pour les genres) sont assez maniéristes, très tournées vers la subjectivité et ses émois, l’expression des émotions y trouve une place importante, dimension plutôt absente et même combattu en poésie contemporaine, et un rapport politique semble assez absent. De nombreux textes (Gache, Toog, Caudoux, Bablon, Kerviler, Calleja, Bouchard …), malgré des effets d’expérimentations plus que de véritable expériences poétiques de la langue, traduisent des modalités poétiques assez classiques, même si elles sont singulières.
On retiendra donc essentiellement Lequette et Larnaudie pour leur prose narrative trépidante qui intègre des expérimentations poétiques à l’intérieur de leur fiction, ou qui parviennent à développer une véritable architecture narrative avec des éléments poétiques, au lieu d’en rester à de simples exercices expérimentaux …
Bientôt la chronique du n°7 de la revue Le Quartanier …
« Enfin, on ne parlera de Arno Calleja que pour dire (il le faut bien quand même) qu’il continue à faire du sous-Tarkos et du sous-Pennequin (soupir) au niveau de la forme, et que dans le fond, il ne fait que défendre une posture classique de l’écrivain maudit notamment à travers la dichotomie stupide qu’il fait entre « légen » riches et ceux qui sont pauvres, dont l’écriture est plus pure que celles des gens riches, qui sont méchants par ce que ce sont de sales bourgeois, ah lalala … »
C’est toujours ainsi, l’abscons bénéficie d’un doute favorable, tandis qu’il ne vient pas au critique l’idée que ce qui est apparemment limpide et univoque devrait être lu avec un recul comparable.
Je ne peux pas imaginer que la seule chose que vous ayez trouvée séduisante chez Tarkos ou Pennequin, quand vous les avez découverts, eut été leur « nouveauté » ou leur « modernité ». C’est un critère pour vieux rats d’université, pas pour la jeunesse critique dynamique que vous incarnez.
Alors… en quoi le défaut de nouveauté, même s’il était avéré, serait déterminant au point que Calleja ne puisse rien mériter d’autre qu’un revers de main dédaigneux ?
Vous avez visiblement sur Arno Calleja un a priori, vous le considérez d’entrée comme un (mauvais) plagiaire : comment voulez-vous vous laisser une chance d’entendre ce qui se joue dans son/ses texte(s) ?
alors d’abord je voudrais dire que les commentaires que certains auteurs concernés par cette recension (qu’on est plusieurs à trouver plutôt contestable) avaient postés ici, ont été supprimés, et je me demande pourquoi : la “libre critique” n’accepte pas la libre critique ? Cohérence : soit vous permettez qu’on poste, soit vous ne le permettez pas.
Ensuite, je trouve pas mal de jugements de cet article puérils, hâtifs, scolaires, dénués de finesse et de jugeotte.
Brea, vous portez un jugement sur le contenu narratif, et pas un mot sur le style ; personnellement j’ai trouvé ce style remarquable : ces sauts d’idée, cette instabilité du cours de la pensée, ce mic-mac combattant de couples d’opposés, et la mise à distance, grâce à des périphrases (”l’intéressée”… qui intéresse le narrateur), du contenu émotionnel qui affleure pourtant sans cesse, dessinent un portrait fin et sensible des acteurs et de leur relation (trentenaire et pas adolescente, d’ailleurs).
Par exemple:
“Quand il y avait but, de toutes ses forces elle frappait mon épaule, de ravissement, d’agitation, enveloppée d’une fine couche de démence”. Ce genre de chocs sémantiques condensant trivial/noble concret/abstrait fort/faible, ça méritait plus qu’une phrase de recension.
Le beau titre de de Kerviler, qu’avez-vous contre ?
Sur le texte de Calleja, votre aveuglement est complet. Il écrit naïf, vous vous jetez dans le piège, nigaude qui s’ignore. Vous avez donc effectivement compris que le texte propose une dichotomie entre “légen riche” et “légen pauvre”. Par contre, la “posture de l’écrivain maudit”, vous tirez ça de votre vieux chapeau, Hortense ; peut-être vous n’avez même pas capté que c’était une FILLE qui parlait ??? Et à part ça : Et la critique de la critique ? Et le refus de la forme ? Et la manière CRISIQUE de penser ? Et la boulette de criture que le petit nenfant commet en embrouillant la ligne ? Vous ne sentez rien d’autre que le peu de choses que vous semblez penser, là-dedans ?
Egalement, mon texte : vous écrivez par exemple que le
“personnage maladif et schizophrénique, entre solitude sexuelle et parano microbienne, (…) s’agite dans des visions pas toujours très compréhensibles”.
Alors, vous proposez peut-être qu’un dingue témoigne d’un comportement relax et posé et exprime des visions parfaitement claires ? Cela vous semblerait un bon parti-pris esthétique, que de représenter la confusion mentale… d’une manière ordonnée ? Vous voyez le problème ou j’appelle un chien pour vous épauler dans votre quête ?
De plus, toujours rien que sur cette phrase, un détail : “solitude sexuelle”, vous dites ? Soit vous ne savez pas lire, soit vous ne savez pas décrire. Car il y a une femme dans chaque paragraphe à peu près, pas souvent la même (mais c’est un peu confus si vous voyez ce que je veux vous faire taire), ce qu’on ne peut pas proprement désigner sous le nom de “solitude”. Vous vouliez dire que la profusion des femmes nommées (deux minimum) et anonymes laisse persister une impression de solitude ? Bon, alors, corrigez, et la prochaine fois, attendez un peu avant de bouffer le tapis.
Dans l’ensemble, je voudrais savoir : proposez-vous en exemple votre sabir simpliste et sans caractère ? Ces S qui manquent plus souvent qu’à leur tour, ces lourdeurs empêtrées, ces redondances ennuyeuses et ces fumisteries conceptuelles ?
Si l’on examine une de vos phrases, prenons :
“De nombreux textes (Gache, Toog, Caudoux, Bablon, Kerviler, Calleja, Bouchard …), malgré des effets d’expérimentations plus que de véritable expériences poétiques de la langue, traduisent des modalités poétiques assez classiques, même si elles sont singulières.”
Doit-on faire l’effort de comprendre que :
de NOMBREUX textes (certains, mais pas tous), MALGRE [telle caractérisation vaguasse] PLUS QUE [la reformulation tout aussi subjective et vaguasse et au demeurant mal conjuguée de la précédente caractérisation] TRADUISENT (des textes qui traduisent ça a un côté cocasse!!) [telle caractérisation vaguasse] ASSEZ [adjectif vaguasse], MEME SI [caractérisation vaguasse],
ou doit-on comprendre que vous aimez faire du surplace ?
Franchement, vous appelez ça écrire ?
Perso, je trouve plutôt que
NOMBRE de vos phrases à la con MALGRE votre application scolaire PLUS QUE votre absence de finesse TRAHISSENT une faiblesse de pensée ASSEZ affligeante MEME SI je n’ai rien à priori contre LA PUREE, SURTOUT quand elle reste bien tranquille dans sa casserole, mais SAUF QUAND elle se déguise en texte et prétend faire la leçon à des écrivains CAR ce n’est peut-être pas le rôle de LA PUREE de la ramener.
Et finissons là-dessus : je constate que, sur les 1252 mots que compte votre article, vous en consacrez 82 (dont 0 du côté des “narratifs”) à des citations des textes que vous faites semblant de recenser.
Grosso modo, vous consacrez donc entre 6 et 7 % de VOTRE texte, aux DOUZE textes de DOUZE auteurs.
Hé, je crois qu’on attend donc tous avec impatience un Hortense par Hortense, dédicacé par elle-même à elle-même !!!
Sans rire, quand vous chroniquez autrui, ne faites plus comme si vous écriviez, collez votre nom 230 fois de suite et postez, ça sera plus clair et plus juste pour tout le monde.
Pas cordialement,
Ludovic Bablon.
Ne souhaitant pas répondre pour Hortense Gauthier, qui le fera parfaitement. Je souligne, pour la cohérence de ce que dit Ludovic Bablon, que j’ai laissé le commentaire de Antoine Hummel, et que je n’ai supprimé qu’un seul commentaire, qui était tout simplemet injurieux et sans aucun intérêt.
Je crois que cela ne fait rien avancer l’insulte ou bien le dénigrement, alors que l’article incriminé ni ne moque ni ne dénigre les auteurs.
Mais cela ne signifie pas qu’il n’y ait pas des questions à poser à un tel article.
Antoine, ma réponse se trouve ici
http://www.t-pas-net.com/libr-critique/?p=527
j’espère qu’elle répondra à ta question
bien à toi
hg
Cher Ludovic Bablon,
je ne m’attarderai pas à répondre à vos petites injures, préférerant vous laisser à votre hargne et à votre petit jeu de critique de la critique, pour garder mon énergie à faire des choses bien plus intéressantes
en tout cas, merci beaucoup pour votre petite leçon de critique , elle m’a fait bien rire !
je vois que vous êtes un as en orthographe et en grammaire, et que vous excellez en analyse grammaticale et syntaxique, bravo !! vous savez aussi trés bien compter les mots, et faire des pourcentages, je suis sûr qu’avec ça vous devriez un grand critique, à défaut d’être un bon écrivain
mais bon quand on lit les petites critiques que vous faites dans le Matricule, il y a encore du travail, et vous êtes mal placé pour me donner des leçons d’écriture, même si mon article est court, rapide, et faiblement argumenté, ce qui en fait plus une note de lecture qu’un article de fond, et même s’il est criticable, il est loin d’être aussi puéril que certains de vos écrits.
Mon article peut effectivement être discuté, mais votre commentaire étant tout sauf une ouverture au dialogue, je ne vois pas pourquoi je discuterais avec vous.
à propos du texte de Calleja, vous pourrez lire cet article http://www.t-pas-net.com/libr-critique/?p=527
qui témoigne effectivement de mon aveuglement
par rapport à votre texte dans la revue, je suis désolé de ne pas consacrer un article entier à l’écrivain de génie que vous êtes, mais vous comprendrez qu’une toute petite plume critique comme moi ne peut evidemment pas être de taille face au travail si complexe et profond qu’est le vôtre.
bien cordialement
hg