Après nous avoir livré plusieurs chroniques, Bruno Fern nous propose un poème dont le titre indique la contrainte formelle (125 mots). Il sera lu, entre autres, lors d’une manifestation d’ampleur en République tchèque (juillet 2010).
le silence est si lent
en revanche on peut calculer
la vitesse de la parole
c’est une préoccupation connue :
ne pas geler sur place
dépasser le pathétique (1) en accélérant
ou bien le laisser doubler
foncer dans tous les murs
avec son lexique surgonflé il
n’a qu’une idée
en tête il s’ennuie
vite croyant à l’arrêt
définitif un week-end sans télé
l’effraie l’espace infini
n’est pas son truc
la conception cinétique des corps
offre pourtant bien des opportunités :
l’affect bondit hors du
rang le concept s’assure
teste la solidité des prises
les mots font de même
aucun n’est vraiment arrêté
ne claquant plus de carburant
vous comptez 1, 2, 3
soleil il a forcément bougé
(1) Olivier Cadiot.
jamais à l’arrêt le
mot mais toujours dans son
envahie comme on dit chez
Balzac & on the verge
of this momentum is poetry