lecture & écriture simultanées — en duplex — dans un espace courbe : roue carrée pour excès de langage — milieu d’échanges renversants & de réversibilités où nous sommes enfin du même côté que notre langage intérieur — je prends toutes les tangentes qui à moi s’offrent
toute œuvre réussie est un carré
tous les plans basculent
now strike a line like Laurence Sterne in his Tristram Shandy—repose you now lecturer
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me revoici ! hommage au lecteur ! révérence !
ce n’est pas une petite affaire mes lecteurs que de s’élancer devant un cercle comme le vôtre — accoutumés à tout ce que les belles lettres produisent de plus fin & de plus délicat comment pourriez-vous supporter le récit informe de la vie & des opinions de Guillaume L. Basquin gentilhomme si je n’y mettais pas le plus grand piquant ?
je prétends ma foi à vos éloges & poursuis en toute humilité :
j’écris ce poème tel un Skardanelli & non dupe je le signe ainsi : Ich heisse Skardanelli
le lendemain je suis l’Aleph : soit l’un des points qui contient tous les points — raison pour laquelle je me passerai dans ce volume de tout point — final ou pas — car le point en se dérobant met le volume textuel en marche vers l’infini : j’ai un faible pour les gros livres qui abondent
le surlendemain je suis un pédagogue de lycée
palimpseste de citations & d’images : ici : 666 Fifth Avenue de Robert Rauschenberg
à partir d’une certaine accumulation la citation devient abstraction — écheveau de strates
plongée séculaire dans les archives littéraires du passé qui n’est même pas passé
lancer céleste
chant inusité
parole saoule
trille du vent
toucher au vol
grain de sénévé
tracés aléatoires
joyeux tropisme
poésie simultanéiste
cantate de mots camés
labyrintoile avec une tarentoile au milieu
delldale
babelivre (tous les mots du dictionnaire s’y trouvent — j’ai multiplié les mots comme le sable de la mer)
tournelivre
globe hiéroglyphique
textevoyage vers la Voie Lactée
texte en expansion comme l’espace lui-même
les lignes commencent à s’agiter — elles sortent de la page
mertexte
scène de naufrage
rouleau du Temps — megalogue
polyhedron of scripture
mandala-texte
charade antiphonique
combinaisons phoniques
poésie parallélogrammatique — multifacétée — rimes des choses & du temps — instant traversé traversant — enjambements métamorphoses & glissements circulaires pour circumnavigation sur l’externet
adages de Guillaume L. fils de Marc :
se hâter de vivre se hâter de sentir & laisser derrière soi toute la littéordure — quoi d’autre ?
vitesse spermatique — ah ! voler dans la poussière des chevaux de poste ! piquer droit dans l’Verbe ! la syllabe ! néoplasticisme !
instant novel!
c’est le reversement des pesanteurs — chaque chose se change aucune ne s’anéantit
ce volume s’adresse à l’intelligence du lecteur qui met les choses en rythme elle-même
j’ai vu une terre nouvelle : dans les années 60-70 le cinéaste allemand Werner Nekes invente la notion de kinème : un kinème — équivalent du phonème en linguistique — est une addition de photogrammes — 3 ou 4 — dont la friction ou l’addition forme un film dont le sens résidera toujours entre cette suite de kinèmes — il illustre superbement cette hypothèse théorique dans son film de 38’ tourné en 16mm couleur de 1974 : Makimono — par ma construction syntaxique en incises j’applique sa méthode pour ce livre à propos de toutrien qui est bien parti pour être un worstseller (j’en distille un sang d’encre)
Guillaume BASQUIN,
extrait du premier chapitre de L’Histoire splendide, « Au commencement »
Ce bout d’incipit respire la ferveur et l’expansion d’une galaxie personnelle. Je ne maîtriserai jamais toutes les références mais, à première ouïe, un grand vent souffle entre les feuillèmes de cet opus-somme, animal littéraire peu connu.
C’est un coup de dé en route pour abolir le hasard. Vivement le tout !
Cela me fait furieusement penser à l’écriture cinématographique de Guy Maddin dans My Winnipeg ou Careful… Histoire splendide, dénoyautage… Chaque chose se change, aucune ne s’anéantit, Guillaume Basquin for ever avec son pote Joyce.
Ah ! cette franchise enjouée qui dégrafe et fait retomber le drapé de la robe de toute Languedocienne ! _________et qui, quoi qui puisse se cacher dessous, rappelle tant l’antique simplicité de cet âge d’or chanté par les poètes_________ que je veux bercer mon imagination de la douce illusion, et croire que c’est là la vérité vraie _________ Nous étions sur la route entre Nîmes et Lunel, là où l’on produit le meilleur vin muscat de toute la France, dont les vignes, soit dit par parenthèse, appartiennent aux honnêtes chanoines de MONTPELLIER ________ et sacristi ! que la peste étouffe qui, ayant bu à leur table, leur en reprocherait le plaisir d’une seule goutte !