FORS = HORS = RÉEL : l’origine de la fêlure… De la vie et de la mort, du plein et du vide, du visible et de l’invisible… De la réalité spectrale… [FORS, livre à paraître en mai 2015, avec des dessins de Frédéric Dupré – dont un figure ici en arrière-plan] [Lire la première partie]
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Du fond du corps prend un contemporain plus récent, plus soudain que l’actuel – nous goûtons quelque chose d’aimable, que nous ignorons encore
Faire exulter le temps, nos poussées s’agradent :
engrais (non synthétiques) et fantômes (non analytiques)
Eau, ombre, matières, ensoleillement
Les années d’hiver ont fait glace : cela conserve
Nos vies appelées – des dehors : cela fera lignes, fêlures qui grondent
Respires, révolutions
Epreuves amont qui viennent pousser, qui amplifient, font rondes
Un présent intense comme bonnes relations avec (à nous de dé-finir ce que « bonne » peut dire)
Il n’y a pas que l’eau gelée
Ou alors : la méta(qua)physique est mise en relations : elle l’est de fait
A ses dépends, même Narcisse le sait
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C’est un problème : promontoire qui s’avance sur la mer
Ce qui reste de ce qui passe est comme l’entre monde du monde
A même le monde
Extase qui enjoint l’exil – le ek comme heteros et alter
Jouissance et mobilité spatiale vont ensemble : hétéro(chronie)et(chtonie)
Liaisons des lieux comme des autres, tout le contraire d’un « retour à la Terre » ou « aux sources »
On ne revient jamais – un plan de consistance, des lieux qui résonnent entre eux
Leurs mémoires sont des puissance vivantes, capable d’inspirer de l’effroi, mais aussi de l’émoi
Des souvenirs plus forts que les horreurs évidentes, des appeaux fabriqués,
personnant les saillies
ses fibres,
son aura
située
Ces là ‘ d’aura ‘ liens –
ces entre’là vibrants
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Un présent intense comme bonnes relations avec.
(à nous de définir ce que « bonne » – brisée, feuilletée- peut dire)
Con-sistance créant du relief (qui vient, qui est déjà là)
Du relier
Nous sommes hétérochtones. choir, lapsi, élan –
déchirure emportée, chance, lignes de vie dans la paume
Synchronie qui se perd-
vie comme l’aval
un soupçon sur la nature du jour
Trouver alors des lieux
qui nous trouvent en marchant,
parcourus de passé
qui verse
le passant
Un hiver qui avale
et le revenir
d’un petit matin
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Mémoires concrètes, rituels,
promenades et méditations,
délicatesses et attentions,
générosité pré-humaine,
curiosité d’avant langue
Le voyage concerne l’espace réel –
ce qu’il y a de vivant.
La terre et le ciel, leurs entre’là, l’âme des animaux
Un faire-venir à explorer : cris d’oiseaux, de chats, d’enfants !
Il y a un passé sans commencement – les oiseaux réveillent les morts et endorment les vivants
momentanément
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Lignes, involutions qui foudroient
non pas découvertes : inventées
Griffures de l’ours
Galop du cheval
Lignes de soleil qui se couche, et qui revient.
Lignes dans la main qui chante
Lignes d’écriture, dans la terre, sur les feuilles, sur les pierres
Lignes d’oiseau dans l’arbre
Lignes d’érection, d’insurrection
Lignes du couteau dans le tranchant nécessaire à certains gestes
Lignes des corps qui ne savent plus de quoi ils sont faits
Lignes d’amants qui se caressent
Lignes des fils d’un projectile qui se prépare
Lignes furtives des spectres qui virevoltent
Tracer le perdu bouleversant
Recueils, coffres, bois, collectes, airs, tombes, greniers, fioles, herbiers, pierres, cartes, crânes, …
Dessins tourbillonnants
qui signent le là
*
Ils ne s’opposent pas, les spectres qui viennent, ils ne répètent pas, il se faufilent au travers des plis et des replis de la répétition
Ils secouent le temps, ils font foisonner les vestiges.
« Avant » (par) le temps, pour les morts, « avant » (par) l’espace, pour les vivants.
Nous en sommes là
Du « nous sommes » dogmatique, un réveil
Ouvrir le déni,
inouï
Ils disent, entre autres : chaque bourgeon de pommier est visité par tous les pommiers vécus antérieurement
Chaque feuille nouvelle renouvelle tout, chaque folio nouveau au sein des livres recommence
Il disent surtout : oui, mais…
cela peut disparaître,
à même
le déni,
inouï
De l’écriture.
De la Terre.
De notre écriture.
*
Le ciel est une lueur ancienne, le temps ne paraissait pas longs à ce moment-là
Revigorer
des forces désertées, ces voix, ces mélopées – lignes écliptiques sur la surface du ciel nocturne
Danses qui reviennent dans nos gestes le soir, le matin parfois – au grand midi ? Presque jamais
Comment ce qui passe, le passage de ce qui passe peut-il être une bonne demeure ?
La question est éc(h)ologique. dépourvue de sens, la question est rêvée, elle répare de la naissance
Elle retrouve la passion sonore, dépourvue de visible
Et surmène, la tempête (tempus), à nos coups de foudre… ressurgis
Et ceci : ne faudrait-il pas casser une vieille baraque plutôt que de prétendre la rafistoler sans cesse (en pure perte ?) ou la repeindre en vert – … pour permettre
Et: qu’est-ce que ce là peut dire?
Peut-être ceci : désidérer le désir – qu’il soit retraversé, entendu, jouis par les lieux habités
Re-co-naissants
*
Au nord de ce monde, nous disons : les bols sont d’anciens crânes
A l’occident nous disons : tu portes en toi ta propre tombe
Au sud : prends soins des lieux qui s’ombrent
A l’orient : n’oublie jamais la vie comme aval
Nous sommes faits de quelques vents – et de leur déclinaisons infinies
De celles qui n’ont pas encore fini de surgir
De celles qui vont faire frémir la forêt de pierre,
les oiseaux de fer, les quadrupèdes à roue et les hommes en tôle ondulée
S’il y a un peuple qui manque,
il y a aussi un passé qui manque
chaque jour, en chaque lieu
dans ce qui ne s’épanche pas dans le toujours, partout
ce qui vit
ici
Nous ne sommes pas la source – il y a des étreintes invisibles
Couleurs
Un panier en osier, une irradiation très faible, un tilleul planté,
une lumière liquide et franche qui baigne
Un jardin, des aïeux
Humeurs
Le monde après le bosquet
Des yeux ronds
Matières
Rouges, des glaïeuls.
Blancs, des oeillets
Une éponge
le passé comme jouissance
Odeurs
Une ruine dans le fossé, une pierre
aux yeux contradictoires
Sur la rive, une tombe, une grotte, des broussailles et des petits chênes,
Sangs
une amphore, un vieux chant
un rossignol sur le muret