[Texte] Stéphane KORVIN, Parker bord de mer [<em>vaste, wasted</em>, VI]

[Texte] Stéphane KORVIN, Parker bord de mer [vaste, wasted, VI]

mars 18, 2010
in Category: créations, UNE
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Stéphane Korvin est né en 1981. Il vit et travaille à Paris. Avec le geste photographique, il saisit les intersections entre espaces réels et imaginaires. Il a travaillé notamment sur des textes d’Aimé Césaire et de Marguerite Duras. Avec les mots il approche, questionne le contour et le lien. Ses travaux sont publiés dans des revues (A verse, ARPA, Pyro, N4728, etc.).
Voici le sixième extrait de vaste, wasted (lire le cinquième). On appréciera la façon dont il évoque ces figures mythiques du jazz que sont Charlie Parker et Elvin Jones, transposant poétiquement leur univers et leur polyrythmie.

 Parker bord de mer

Le jour se lève sur Parker, le cœur en speed, pétarade de bleus, recommencer à neuf, non, le matin fait jour, fait toujours mentir le passeur trop pressé d’en découdre avec le nouveau jour, lu dans tes yeux ; trop de notes chez Parker, be-bop vertical, et que penses-tu de la qualité de l’air, de l’entassement des bleus, ce soir je t’en extrairai des mètres cube de somnifères, je t’en ferai voir des paysages fondus de noir, puis je t’épuiserai en tapant du pied.

Parker est là, parler veut dire combler le vide du regard, le silence aussi c’est bien pour derrière les yeux bleus – voir comment ils dansent sur le be-bop clinique.

Le matin avance, machine bleue, le matin sans retard avec bois et cuivres réglés par le chef ès locomotive Elvin Jones, le matin s’avance.

C’est bien, cela n’angoisse personne ces va-et-vient audio vidéo avec personnel chromatique insouciant du temps qui passe (anachronisme and staff).

Dans vie, il y a vis dans la gueule qui ne finit jamais de tourner, le e c’est pour démerde-toi et en avant la musica.

À la réflexion
miracle de respirer là, moins fraîchement, miracle de réussir à se ressaisir et commencer à respirer là.

Quoi les bleus, quoi les somnifères, encore épuisent la langue et veulent condamner la musique, tu es impeccable dans le rôle du ciseau-casto-premier-administrateur, femme drama.

Les clés ont été volées pour ouvrir plus de portes
(fellation avec sortie cadenas, sans ardeur) tu te soucies du qu’en-dira-t-on,

mais aujourd’hui ce n’est pas toi qui décide.

Mort du territoire, dissolution dans les eaux bleues du matin, la musique monte, la cohorte du jour se fait plus précise ; les doigts n’appuient pas plus fort, tout se passe au niveau du souffle et des machines qui enregistrent (micro-organismes) pour une fois RVG est aux manettes : l’enregistrement saxo est fidèle aux hauteurs
l’image vire dans les bleus, belle équation, au signal =
Parker retentit un tantinet excité par l’ambiance électrique.

Une baffe dans la gueule à chaque saute d’humeur voilà ce que je mérite oui mais
la musique adoucit les mœurs
tu récites à la lampe loop électronique

aussi (par cœur)
la vie change si facilement de place, là elle glisse de la musique vers tes deux mains et un cylindre en plastique (à vocation warm-up, l’essuie-glace joue, sans moyen, le rôle de l’archet en pilon contre la contrebasse) la musique aussi change si facilement de place ; je regarde voler les écouteurs

du sable se verse dans mes oreilles, dans le sax pareillement on casse des cailloux, tu m’entailles à chaque virage, je reste poli, des bouts de verre plein les mains (l’alcool aiguise le chagrin) quoi rien le matin bleu tire jaune un boulet de toutes les couleurs, j’aime bien entendre ta respiration quand tu décroches
ophone

mise en bière du lieu, du lien qui nous sert aussi d’ombilic à musique (homme/femme, couplet/refrain) on pourrait encore se coller les oreilles et entendre les coquillages jouer à faire résonner la mer
mais toute la nacre a été pliée, juillet

ton regard ténu brise-glace roule des perles chaudes (tu fais les frais d’un entassement lacrymale mal écopé) nous deux écartelés écartons la thèse de la bavure.

Volontaires, on finit sur quelques notes, les pieds dans le sable, j’ai mal partout où ça cogne,

résonne :
ce matin on était deux, et il y avait combien de musiciens ?

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rédaction

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