Voici la quatrième livraison (lire la troisième) de l’hommage que Stéphane Rouzé a souhaité rendre à son ami Raymond Federman pour ses 81 ans. Avant que ne soient (ré)édités chez Léo Scheer, le 9 septembre exactement, Les Carcasses et La Fourrure de ma tante Rachel, celui qui a traduit À la queue leu leu et anime le site Lelem nous offre ce "récit qui avance tant bien que mal", dans lequel on retrouve les caractéristiques formelles (oralité, désinvolture narrative, art de la digression, phrasé syncopé) et thématiques (blagues, histoires de nouilles, de mouches, de culs) de l’incomparable écrivain…
en fait cette sale blague — cette histoire témoigne d’ailleurs plutôt pas mal de l’importance d’une des occupations des résidents de l’Arche de Moinous – peut-être la plus importante – la baise – le sexe – le baisage comme disent les GI’S — ah oui la baise — les résidents de l’Arche de Moinous feraient l’amour à une vache — pour connaître l’amour — ah ça oui ce que l’on donnerait sur l’Arche pour une bonne partie de sexe — du genre de celle retranscrite ci-dessous dans THE HOLLOW OF THE HELIX–
— tourner la page pour lire The HofH–
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hum/yeah/take/aaah/yeah
take/hum/yeah/my helix/
yeah/hum/yes/on his/
hum/aaah/yeah/virile limb/
when/yes/!!!iiiiiii!!!/hum/she
wave/yes/hum/between/
whaouh/ hollow
hum/yeah/take/aaah/yeah
take/hum/yeah/my hollow helix/
Bang/Bang/ me up from behind/
aahh/yes/we can’t see/yeah/aaah/
yes/yeah/we only see/
hum/yes/the girl/aaah/yeah/
up and down/yes/aaah/yeah/
and it’s so much better/yes/
hum/yeah/take/aaah/yeah/
take/hum/yeah/my hollow helix/
Bang/Bang/ me up hard from behind/
she said/yes/yeah/to me/ more more/
she looks/hum/yes/ whaouh it’s good/
in my eyes/!!>>whaouh<
I know/yes/i know/yeah/
hum/I can go/hum/yes/ on/
aaah/yes/I can tease/yes/hum/
yes/aaah/to her black/hum/yeah/
hollow helix/hum/yeah/I caress/
hum/yeah/her widening/aaah/yes/
obscure/wrinkled/aaah/yeah/
and wet/aah/yeah/ purple/
hum/yeah/carnation/aah/yes/
I jump slowly to her birdy sun/
il faudrait pour ce faire inviter Judith à embarquer sur L’arche de Moinous — JudiTH — là faut bien prononcer le TH — Car Judith est américaine — Pour ce faire Put your tongue under your upper teeth firmly and blow air — In french ça donne Fais gaffe de ne pas te pincer la langue très fort — mais revenons-en à Judith — vendeuse de chaussures de son état — et d’après ce qui a été dit dans La Fourrure de ma Tante Rachel — on sait que judith est une sacrée baiseuse — on peut même dire une marathonienne du cul — une championne du blow-job — ça promet de magnifiques scènes de cul sur l’Arche de Moinous — le chanceux — oui le chanceux ou le sportif — qui lui tombera dessus pourra s’isoler avec Judith dans une cabine pour baiser — pendant tout un week-end — baiser — boire — bouffer — fumer — boire — bouffer — baiser — vivre une des parties de jambes en l’air les plus ébouriffantes délirantes de sa vie — qui le mettra dans tous les états — et ce dans toutes les positions — et en divers endroits — baiser sous la douche ou au-dessus des chiottes dans la minuscule salle d’eau — sur le lit — ou sur le tapis de sol près du lit — mais aussi dans la paisible soute à bagages — dans la salle humide et chaude des machines bourdonnantes — ou sur le pont à admirer dans un même temps le cul du soleil qui se couche sur la mer — le chanceux devra pour sûr avoir du souffle — être un athlète — un champion même — s’il veut tenir la route pendant tout un week-end de baise —
Mais tu déconnes Rouzé — Rouzé c’est mon nom — et non pas Rouze comme rouge mais bien Rouzé avec un é — c’est comme cela que le raconteur s’adresse à lui-même à moins que ce soit Moinous ou RF Himself qui s’adresse au raconteur — oui tu déconnes Rouzé — tu craques le sac comme on dit — tu spécules trop — ne laisse pas croire au lecteur que l’Arche de Moinous est un paquebot destiné aux croisières de luxe — avec tout le confort non nécessaire à la vie moderne — ce n’est pas non plus un yacht privé — ni un navire de plaisance — c’est tout au plus un radeau comme le radeau de la Méduse — vétuste — tout au plus quelques pauvres troncs d’arbres chétifs attachés les uns aux autres à la hâte par quelques bouts de ficelle narratifs récupérés ici ou là dans les livres de Federman — dont les trames narratives forment d’une certaine manière un même et seul corps mis en miettes (au moins 9 ou 11 parties) par l’Impardonnable énormité — L’Arche de Moinous est en quelque sorte un radeau fictionnel — ou surfictionnel — de telle sorte que le veinard — le baiseur ne pourra pas s’isoler avec Judith dans une cabine — tout au mieux on pourra envisager de mettre en place sur la scène de l’Arche une installation de fortune — par exemple tendre une corde entre les deux hypothétiques mâts de l’Arche et y installer un rideau opaque (qui pourra aussi faire office de voile ) afin d’isoler Judith et le chanceux des autres membres du furieux équipage — mais d’ailleurs qui peut bien être ce chanceux — quel autre que Moinous pourrait légitiment être ce veinard — quel autre que lui mériterait d’être ce veinard — ou ne le mériterait pas — soit dit en passant le mérite n’a rien à voir avec la chance — le nouillard peut-être — Boris — ou bien Ernest — pourquoi pas Gugusse ou Teddy — ou ce fainéant de Loulou — ou bien l’Hombre de la pluma — ou bien Namredef ou un de ces fucking G.I’s de l’Airbone Division — ou le pigeon uni-jambiste — et pourquoi pas Charlot le taureau baiseur — rien d’impossible sur l’Arche de Moinous — ce veinard pourrait aussi être un Jazzman — un saxophoniste — voire Charlie Parker lui-même — ou sa carcasse — oui les carcasses ont droit d’asile sur l’Arche de Moinous — il n’y a d’ailleurs sur l’Arche de Moinous que des Carcasses — l’Arche de Moinous est en quelque sorte l’antichambre de la Zone des Carcasses — le refuge des Carcasses en transit — le refuge des Carcasses en état transitoire — des carcasses dont la vie fictionnelle a encore un minuscule rapport avec le temps — l’Arche de Moinous est un peu le rendez-vous incontournable des Carcasses qui ne sont pas complètement parvenues dans la Zone des Carcasses — ce veinard pourrait être Godot lui-même — l’innommable — ou même Sam — ah elle serait longue la liste des prétendants à la baise — ils formeraient une longue file d’attente — — les uns derrière les autres — à attendre à la queue-leu-leu leur tour pour forniquer — certains tenteraient peut-être de passer devant leur voisin dans cette belle et longue queue — mais il s’agit là d’une toute autre histoire —