Avec « Gwerz garnie », Typhaine Garnier renoue avec le carnavalesque façon Prigent et TXT, dont elle a repris le flambeau avec Bruno Fern et Yoann Thommerel.
À matein dame ! au bas du lit
une mini boule eud poils sangui
nolente avec bouts d’os collés
merci matou m’a rapoplé
les mochtés neires qu’on m’a contées
entre l’casse-croûte et la ventrée
en quantité pour concocter
cette petite gwerz entrelardée :
« pas d’bouche-tripe avant la mangerie
ce soir c’est light because régi
me la mère Lise tu sais cette co
naissance folle è quête des colo
cataires c’est d’puis qu’elle a bouté
mes madleines è zont pas doré
bon tant pis son bonhomme d’une droite
aux soins palliatifs que des tarte
lettes pommé boudin en tapas
et basta mais chôme pas dans l’sas
t’as l’droit de tirer l’affubla
tote seule dans c’manoir a peut pas
l’aute fois sa fille avec un verre
tu m’fais des ronds et son éner
gumène d’mari y sont passés
mais sieute teu don et tu les mets
au fond du jardin un intrus
dans l’moule silicone disparu
illico une cuillère petite
d’pommé sur chaque gare ça cuit vite !
Pour ceusses fine bouche qui raffolraient
pas du boudin ils lui ont fait
des makis frais d’à matein : « vends ! »
petits rouleaux eud riz collant
mais la baraque est pas vendable
un bout cru eud saumon une algue
neire autour des pièces en tous sens
faudrait casser bonjour dépenses
manque de bol Nicole son aute fille
c’est qu’une soupe après mes lentilles
j’les pèse un jour son homme y lave
la carotte merci le gnard bave
comme savonnette et splach la pulpe
sur le carrlage le juge inculpe
la babysitteuse (entre amis)
l’gluant handéquipé à vie
sauf rebelote le lait d’coco
dans l’escayer ciré l’cerveau
tout en teurgoule qui dégouline
et mon curry d’épicerie fine
il est où ? zont r’pondu fissa
trois d’un coup la cata plus qu’à
plucher l’oignon et tout mixer
m’étonnrait que ça va rentrer
faut croire que l’chin teu trop taiseux
qu’les cris manquaient sors-moi les que
nelles de brochet beurre lait m’dis pas
qu’t’as jamais fait eud sauce nantua ?
D’abord on préchauffe comme Blandine
la concierge en pluie la farine
qui s’est ruinée pour des implants
et un benêt de vingt-cinq ans
pis tu délaies toujours en thèse
sans cesser d’remuer les prothèses
ont pas tenu l’gars y s’en fout
que ça épaississe à feux doux
y quitte pas l’pieu tandis que l’aute
l’italo sel poivre et biscot
tos macho s’languit à la porte
gominé fond de teint feuille morte
tout à la fin le cognac même
qu’y dort dis dans son Audi crème
fraîche mais un soir bisque de homard
gros cafard basta au rasoir
chte raconte pas trois jours après
l’santimant d’pont-l’évêque fermier
le vrai emballé dans l’ouesteu
France page obsèques que d’mander d’mieux
pour finir fais bouillir le lait
sur cette pauv madame qui s’croyait
bout des ennuis un jour sa fille
avec la gousse dedans d’vanille
tombe nez à nez avec la chienne
fendue en deux pendue vilaine
cravate de son mari au cou
et lui tout raide pendu itou
détail sordide avec la laisse
chfouette jaunes et suc s’il monte tu baisses
personne pige il teu avocat
pas un mot zéro maïzena
femme et gamins tous en HP
comme l’père Yvon qu’j’ai invité
cht’avais pas dit ? lui qu’est-ce qui boit !
la galette j’ai pris qu’une pour trois
lui faut ses deux lites (ou quinze verres)
infect il est pas nécessaire
de réchauffer y d’vient gaga
paraît qu’ça donne un goût de gras
mais ça l’sort un peu du sordide
tête à tête avec fauteuil vide
j’ai r’monté les stocks de mouchoirs
quilles au cas où dans mon placard
les nuits y s’cogne à ses fantômes
une vraie madeleine à hématomes
à côté l’est craquant l’Ankou
et si on s’buvait un petit coup ? »