[Chronique] Christophe Esnault, Préambule à une chronique refusée par la rédaction

[Chronique] Christophe Esnault, Préambule à une chronique refusée par la rédaction

juin 13, 2021
in Category: chronique, UNE
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[Chronique] Christophe Esnault, Préambule à une chronique refusée par la rédaction

Une ombre qui marche – Tiphaine Le Gall par Christophe Esnault

Préambule à une chronique refusée par la rédaction

 

Chez Libr-critique, nous fûmes assez déroutés en lisant la proposition de note de lecture de Christophe Esnault, l’un de nos chroniqueurs réguliers. Sa chronique était vide de mots et ne comportait que les références de titre, d’auteure, d’éditeur, de pagination et de prix. Nous écartâmes poliment la publication de cette « note », arguant une lubie d’auteur, une facilité.

Tombereau d’insultes, d’invectives et autres volées de bois vert nous accablèrent alors par voie électronique. Esnault nous envoya manger nos morts et menaça d’aller chroniquer chez Télé Matin, RTL et Diacritik. Nous étions selon ses dires d’indigents lecteurs fermés à toute proposition moderne, et affligés d’une accablante paresse intellectuelle. En visio, un échange eut lieu pour apaiser les esprits. Esnault déroula avec fièvre la défense de sa « chronique » de Une ombre qui marche, le texte pour lequel il souhaitait trouver quarante (mille) lecteurs de plus. L’échange, long monologue rageur mêlant réception d’une œuvre trop en avance sur son temps et assassinat du lecteur avide de son ronron, dura quatre heures et quarante-trois minutes. Toute la rédaction se relaya pour supporter l’épreuve, et nous finîmes par éteindre l’ordinateur à minuit.

Avant l’échange sur Zoom, notre brillant chroniqueur avait exigé que nous commandions le livre. Nous avons, depuis, lu Tiphaine Le Gall et découvert l’œuvre de Timothy Grall. C’est un livre exceptionnel. Esnault avait raison. Comme toujours. Mais trop tard pour nous excuser platement. Notre chroniqueur enflammé ne répond plus. Une recherche sur Google nous informe qu’il est interné en hôpital psychiatrique, le même que celui ou fut accueilli Timothy Grall, héros mythique de Une ombre qui marche. Résultat d’une altercation avec François Busnel, dont le plastron s’orna pour l’occasion de salive postillonnée. Une pluie d’ADN offerte au nom des éditeurs et écrivains qui font la littérature, et pour lesquels l’animateur ne fait jamais rien.

La note de lecture d’Esnault restera inédite. Nous sommes passés à côté d’un grand texte. Ça arrive à Gallimard, à Allia, à Verdier, il serait malvenu de ressortir une chronique que nous n’avons pas su lire au moment opportun. Nous en sommes les premiers punis.

Lors de son monologue de feu, Esnault nous avait signalé pour défendre son intention le blog de Fabien Ribery. Un vrai geste de chroniqueur, et l’impossibilité ontologique de produire une chronique de plus sur Une ombre qui marche. Il avait cité ceux et celles – Florence Trocmé (Poezibao), Véronique Bergen, l’éditeur Thierry Marchaisse, Héros-Limite, la presque totalité des éditeurs de photographie de l’univers, jusqu’à Aethalidès, Fario, Tinbad et mille autres encore – qui savent (comme nous aurions dû le savoir) que Fabien Ribery, avec son blog L’Intervalle, est le meilleur chroniqueur de la planète.

Le plus réjouissant : Ribery a écrit trois notes de lecture magnifiques sur Tiphaine Le Gall. Articles délicieux après lesquels Esnault sait se taire. Jugez : « Imaginez un universitaire vivant dans les années 2040, Maxime Desvaux, maître de conférence émérite à l’université Sorbonne Paris IV, spécialiste de littérature contemporaine, évoquant sur près de deux cents pages la figure extraordinaire de son maître, Timothy Grall, écrivain inouï, auteur d’un ouvrage ayant bouleversé l’humanité et redéfini son rapport à la vie au-delà du matérialisme, le dénommé L’œuvre absente, dont la particularité saisissante est de n’être composé que de pages blanches, et, dans son édition originale, d’une absence de titre. »

 

(Notre texte a été remixé par Lionel Fondeville, auteur de La péremption qui depuis toujours réécrit les textes (assez lamentables dans leur version initiale) d’Esnault.

https://lintervalle.blog/2020/08/20/le-vide-et-les-vacations-farcesques-un-premier-livre-eblouissant-de-tiphaine-le-gall-1/

Une ombre qui marche – Tiphaine Le Gall – éditions de L’Arbre vengeur, 2020, 14 €

 

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