[Chronique] Christophe Stolowicki, Résistance

[Chronique] Christophe Stolowicki, Résistance

septembre 16, 2021
in Category: chronique, UNE
0 1126 30
[Chronique] Christophe Stolowicki, Résistance

Quand sur le tard son éditeur lui demande de lire un choix de ses poèmes pour un enregistrement, René Char élit de préférence ceux des Feuillets d’Hypnos – Hypnos son nom de code de chef d’un groupe de partisans. Poète et guerrier se conjuguent en lui dans un rôle d’éducateur moral – cela comme doit être et ne peut être la morale qu’en temps de guerre. Quand un battement de paupières sépare la vie de la mort, la morale est décisive : Char élimine de son groupe un voleur proxénète qui s’y est introduit parce que par son cynisme il risque de démoraliser les combattants – « Je ferai la chose moi-même. »

Char héros de la Résistance et de la poésie. « Ensoleiller l’imagination de ceux qui bégaient. » « Veille et sommeil comme une épée dans son fourreau. » Résistant de langue comme n’a pas su cet autre héros écrivain, Romain Gary, que trop de souffrance ancestrale faisait grasseyer – à l’écrit.

Char relevant le drapeau que ses amis surréalistes – mais pas Apollinaire – avaient mis en berne lors de la der des der.

Char grâce à qui, même en ces temps mêlés, on ne rougit pas d’être déclaré poète.

Il a rarement été aussi actuel. Notre lucidité, trempée dans son soleil ?

 

Trois quarts de siècle de paix inglorieuse – les pandémies qu’on n’a pas su voir venir.

Sévèrement dégradé, l’homme a perdu une bataille, il n’a pas perdu la guerre. Des forces immenses vont donner, de résilience, de sagacité.

Ces trois quarts de siècle ont pris du dos en ville quand on relit la belle guerre de Char. Il commandait en poète son groupe de partisans, à en laisser coi un officier de passage. Portant haut son nom de code Hypnos.

« Nous sommes des malades sidéraux incurables » sur lesquels des psychiatres pratiquent leur médiocre besogne, des économistes leur charlatanisme.

Il bas-cu-la, en trois pieds. Dans une nuit d’univers. Rêve, pas une Char / ade.

Tel Olivier Domerg à présent, « prêt à passer, avec ou sans vous, de l’autre côté de la montagne ». Mais sans vous eût été inimaginable pour Char : sang voue.

Il faut avoir été ce résistant pour que « les mots qui vont surgir [sachent] de nous des choses que nous ignorons d’eux ».

, , , ,
librCritique

Autres articles

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *