COMPARUTIONS EXPÉDITIVES
Audience n° 1
1 / J’essaie d’y comprendre. Vous avez déclaré vous appeler Dick Zayde. C’est consigné au procès-verbal, là : Dick Zayde. Maintenant, vous dîtes qu’il y a erreur sur la personne ; méprise, quiproquo, etc. Baratin, tout ça ! Faut qu’il assume. Ça suffit de jouer à être un autre. Pour la dernière fois, M. Zayde, quel est son nom ? Parlez plus fort. Ah, Zayde ! Nous y voilà : c’est son nom ou un pseudo ? Oui, renseignez-vous. Et revenez me voir.
2 / La vie est une beuverie sans ressac, ou dont le ressac est l’écriture. Je dis pas non. Ça m’intéresse. Ah, c’est de Panero ! Connais pas. Un poète espagnol ! Formidable. Il faut des poètes. Surtout espagnols. Au fait : son permis de conduire, espagnol lui aussi ? Un permis volé. Je m’en doutais. Volé donc valable, dites-vous. Quel culot ! Rarement raisonnement a été plus spécieux, ou subtil. Allez, ça ira pour cette fois. Et régime sec, hein !
3 / Je sais : la médecine vous a proposé une amputation des deux jambes au-dessous du genou (opération somme toute bénigne) qui vous a défrisé. Faudrait savoir : il se plaint d’être trop grand mais refuse de raccourcir ! Et le problème reste entier. La tête ? Non : la décollation est douloureuse, et il y a des complications neurologiques. Revenez à la raison : sacrifiez vos jambes. Disons les pieds, au-dessus de la cheville. Au moins un pied.
4 / Vous êtes organisatrice d’événements, avez-vous dit ; c’est vague. Vus de plus près, il appert que ces événements sont des stages combinés jeûne et lâcher-prise. Pas gratuits, les stages ! Très bien ; sauf que je ne vois pas ce qu’ils ont d’événementiel. Ah si. Ça, peut-être : deux de vos clients ont tellement lâché prise, hier, qu’ils sont morts de faim. Vieux, veufs, pleins aux as : seriez-vous par hasard la légataire universelle de ces messieurs ?