Jean-Pierre Chambon, Je ne vois pas l’oiseau, encres de Carmelo Zagari, Al Manar, printemps 2022, 64 pages, 16 €, ISBN : 978-2-36426-298-0.
Trop de terminaisons en ent ou ant, sans qu’il l’ait fait exprès (« les tendres duvets de l’abdomen, qui tenaient à la fois du sarment de vigne et du tégument de serpent », ou en quatrième de couverture « ils étaient (les oiseaux) si nombreux que c’en était oppressant. Battant des ailes dans un même ondoiement, unis dans un silence impressionnant, les oiseaux noirs se dirigeaient vers la colline »). Laisser-aller de l’écrivain public qui écrit trop, prose ou poésie, et n’a pas assez lu Flaubert.
C’est en prose un peu de poésie jeunesse, de celle qui se vend. Tout consacré à l’oiseau, auquel un adulte initie des enfants, ici en commençant par sauver une kobleute blessée, dont on apprend ainsi qu’elle est un rapace (son ant ou ent m’imprime en end). À la fois instructif, nourricier sinon nutritif, reposant. Une poésie jeunesse qui ne dit pas son nom, déployée par un vieil enfant (je repique au truc, cette littérature est nocive).
Après La kobleute, s’inscrivent Le sommeil du perroquet, Une science naturelle qui débute par « Nous étions nés presque le même jour, Toni et moi, un hasard qui, probablement, avait affermi notre lien d’amitié » – tentation effleurée de faire roman (aviaire) en exploitant des coïncidences, vieil écho. Puis Les deux tourtereaux turcs (le poète aux allitérations insolites n’est jamais loin) et en conclusion un Portrait du poète en oiseau.
Les encres de Carmelo Zagari ponctuent d’espèces volantes à l’arrêt sur image cette littérature naturellement illustrée.
Jean-Pierre Chambon est cependant un relatif solitaire, dont la marche en montagne a scandé la vie (La Montagne lumineuse, 2022). Il a bien le droit de se délasser. Il vit à Grenoble.