Temenuzhka Dimova, Limitrophie, éditions Rougerie, juin 2021, 64 pages, 12 €, ISBN : 978-2-85668-414-6.
Ces poèmes m’appartiennent pas à l’auteure : ils la possèdent entièrement. Les masques que porte parfois l’amour tombent sans que l’éprise implore le pardon. Bien au contraire. De l’amant il s’agit de « comprendre les secrets anatomiques / et triompher de son langage muet ».
Dès lors les mots de l’auteure tombent du coeur et du ciel pour ramener la mort et son silence à la vie et à ses battements d’un poème à l’autre. Dérobant les vocables coincés dans le labyrinthe de l’être, une vérité de l’amour affronte le néant et s’épanouit sur le toucher loin de la fausse splendeur des larmes et de la sécheresse de l’herbe de l’oubli.
Le livre devient un trésor caché dans les rides comblées de la nausée et de la peur. En ses circonvolutions surgit l’écho d’une grandeur mystérieuse habitée de beauté. Restent un « toi et moi » comme deux bords du ciel rêvant d’embrasser la même bonne étoile. Et le rêve de l’autre se dévêt du manteau du temps pour entrer avec la poétesse dans tout le cortège de résurrections.
Elle songe à explorer l’homme comme s’il était une forêt afin d’aller cueillir la fraise de son coeur et de son corps. Il est aussi un phare du bout du monde et une couleur à la poitrine des nuits blanches. Bref l’amour est un feu qui rêve de brûler au foyer du feu de l’autre pour faire élever un oiseau de ses cendres dont chacun est une aile. Sur chaque page il s’incarne en paroles rares.