[Chronique] Jean-Guy Coulange, Tout commence par un bruit, par CHRISTOPHE STOLOWICKI

[Chronique] Jean-Guy Coulange, Tout commence par un bruit, par CHRISTOPHE STOLOWICKI

septembre 27, 2024
in Category: chronique, UNE
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[Chronique] Jean-Guy Coulange, Tout commence par un bruit, par CHRISTOPHE STOLOWICKI

Jean-Guy Coulange, Tout commence par un bruit, Les Presses du réel, été 2024, 82 pages, 12 €, ISBN : 978-2-9581609-3-7.

 

De Sillon (2022), dont ressortent des photographies par soleil couchant de la plage du Sillon à Saint-Malo et de ses promeneurs ou marcheurs, sur lesquels avait vue tous les jours Jean-Guy Coulange, il m’était resté une exhaustion du silence, tant visuel qu’écrit. Chargées par alchimie d’un tel silence d’ombres longues qu’on y lit l’envers intime de clichés. Rien ne suggérait qu’il soit d’abord compositeur de pièces sonores radiophoniques, où tout commence par un bruit ; que son art principal consiste à capter en divers lieux, parfois agités, la plupart solitaires (une préférence pour les îles) des « feuillets » transformables en « carnets » de sons, à monter avec les photogrammes du film d’une vie enregistreuse. Tout une gageure à l’œuvre.

« Le micro ne perçoit pas, il capte. »

En voyage à Cuba, il s’abstient de happer « la carte postale sonore ». De ses voyages il rapporte des montages de sons qui rachètent ce que les touristes rapportent d’images.

Sur une île bretonne son « écriture intime, solitaire, farouche, insulaire, oui je crois, insulaire, comme cette empreinte que l’on devine dans les regards, les inflexions, les gestes. » Tout commence par un bruit déploie une écriture du silence, celle d’un soi insulaire, d’un je échoué sur son îlot rocheux.

Pièce radiophonique devant chez lui, au Sillon, où son regard, « en se calant sur le tempo du paysage, imprimait à chaque image une durée, un espace-temps ». Oui, le secret de sa poésie toute matérielle, non verbale, est qu’il réside dans un espace-temps.

Peut-on enregistrer la solitude ?

Je n’ai pas de radio, dont le grésillement matinal chez un voisin (en revenant de longues années en arrière) ne me disaitt que promiscuité urbaine et inculture de qui n’entend pas le meilleur silence, propice aux matines. Ce sera une occasion : www.jgcoulange.com

Les bruits de Jean-Yves Coulange sont à la radio des plages de silence.

En couverture le pastel à l’huile, sur fond noir, des torsions lumineuses, dans tous leurs effets de perspective, de ce qui pourrait être la pellicule d’une bande-son. Tigrée, surexposée, piquetée de noir. Une peinture extraite plutôt qu’abstraite.

 

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