[CHRONIQUE] Carole Darricarrère, Une lecture tactile en immersion sol-air de tête-à-queue (sur deux fascicules parus chez Arapesh)

[CHRONIQUE] Carole Darricarrère, Une lecture tactile en immersion sol-air de tête-à-queue (sur deux fascicules parus chez Arapesh)

octobre 9, 2024
in Category: chronique, UNE
0 447 9
[CHRONIQUE] Carole Darricarrère, Une lecture tactile en immersion sol-air de tête-à-queue (sur deux fascicules parus chez Arapesh)

Ascèses de Frédéric Riera, précédé d’une composition collective Le Trou à lait, Arapesh, 2024, 37 & 12 pages, 2 €.

 

« Qu’un fil roule mon gland de couturier / J’outre baise où l’hors des salives / Billes sur un monde qui prend sa vulve à deux mains » ;

Étant entendu que tout texte qui n’a pas froid aux yeux se savoure de préférence saignant,

Et que la Tentation est ici un tremplin dont le potentiel transformateur réconcilie à terme l’ombre, la lumière & l’anatomie,

Adeptes de haute-couture connaissez-vous les confidentielles éditions Arapesh, génération crypto-poésie transmutant l’or en jetons ? Elles vous feront franchir les obstacles qui barrent encore l’accès à l’excellence, passer disert par toutes les nuances de l’audace, du blanc le plus intuitif au jais le plus infligeant façon Soulages, des trois couleurs primaires à leurs ecchymoses façon Schiele, de l’expressionisme le plus assumé à l’abstraction façon Bacon, transitionner du passé au futur non sans piment ;

Dans la lignée des OLNI quasi mallarméens qui « arrachent » et qu’Arapesh commet sans sourciller à l’adresse des initiés qui se reconnaissent, voici donc deux tirages originaux qui, réunis sous une même jaquette, émettent des éclairs de sens à l’avant-garde de la lisibilité grâce auxquels les affres de la chair croisent les gemmes d’un au-delà génital de la Recherche, le plomb s’alchimise en or, la violence tutoie le sacré, Éros et Thanatos dans un tantra d’extrêmes cohabitent, soufflant le chaud & le froid, poussant loin l’exigence le style & le projet, brisant borderline so Sade les conventions : le premier – en apéritif le téton en prime la sardine, « À charge de mot l’anus » -, « Le trou à lait », une performance pluridisciplinaire cousue de clins d’œil vidéo-cryptés – sorte de tournante subliminale des états d’âme du corps régurgitant le vécu – annonce sans ambages la couleur,

Suivi, « dans un dédale de beaux branlés » chorégraphiques fourmillant de références explicitement insinuantes, des « Ascèses » athlétiques torchées à 4 épingles de Frédéric Riera poursuivant victoire son Magnum Opus à l’ampoule noire ; soit autant d’exercices salutaires s’incarnant en eaux profondes qui explosent diable au corps les frontières des sens comme celles de l’expérience de la lecture, invitent la lettre aux vertiges, s’emparent de la transe comme discipline engendrant stupeur de puissants remous – paraphilie, effroi, volupté, extase, instase -,

Comme sacre feuille à feuille tombé pénombre du seuil « au large du sens », l’ivoire musqué de sable fin du grain sulfureux de la lettre, l’esprit baroque de quelque objet de foutre implosant sur papier vierge l’inouï,

Renfort de la rescousse, ma glande pinéale à poil en string prenant le relai déchiffre ce qu’une lecture musculaire à sec dénonce ; sous la lettre des carapaces à pinces urticantes se débouclent, les frontières fondent entre les espèces, les dieux et les hommes se cherchent, les hémisphères se retournent, lire est une expérience transcendantale, une initiation, un baptême

J’infuse comme brûlure un cocktail hardcore de phrases détachées sous carré blanc, un gaspacho sans joie de sauce tomate, je gicle d’un think-tank remixable à l’intelligence artificielle, œuvre au noir du carreau de la matière sacrificielle ; mes certitudes décapitées, j’exit d’un élan commun, ovule un fragment de ma propre chair que j’autel aux patères des toriis : toute tentative bien léchée de synthétiser ce corps de lettres conduisant l’échec au bûcher aller de l’œil à l’anus chut et patatras,

Mat le késako extra-utérin surgissant du pot à lait de ses bourses en goret, cauchemarde & s’écrevisse, don du dessin aux voyants ; lire comme buter, poursuivre comme communier, ils & malgré moi, lire un texte ou le médiumniser – sans quoi un livre reste seul – ;

Femmhomme ou bête, à cornes ou à dada, prépuce ou cyclamen, tant bien que mal décodés le ring de foudre d’un combat ne volant mot à mot rien à la lettre, rampe de lancement de l’Un de la chair ou descente fœtale comme fête sous hyp(g)nose des damnés explorant le big bang à quatre pattes, mansarder à tâtons d’eux tétons sans osciller, d’ivresse surfer par procuration hors sentiers battus – l’aura chair à chair des oracles telle une épine au pied, sésame ouvre-toi !

Tour à tour art d’aimer, études de corps, kâmasûtra de mots, subtilités de bondage du shibari, lancers de dés du tir à l’arc, Frédéric Riera, qui a toujours quelques longueurs d’avance sur le génie de la syntaxe, fait passer le gras de la musique dans son toucher charismatique comme Deschamps l’Art au défi de l’urinoir ou Schiele porte la nudité aux crues ; bande à part, il trempe la mèche châtiée de son stylet dans le marc confidentiel du rut des astéroïdes, pour stratégie la clarté du chaos, son sublime kairos – & go qui peut goguette, de l’Inconnu oser du corps à l’âme tant qu’à durer jouir !

, , , , , ,
librCritique

Autres articles

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *